Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







dimanche 17 mars 2013

Du Chimborazo à Puerto Misahualli dans la forêt amazonienne


du 5 au 11 Mars 2013


Nous rejoignons la Panam par une route au milieu des bananeraies, puis c’est la montée dans la verdure et les nuages, mais la route est bonne ;


étal de fruits le long de la route 

nous nous arrêtons à Riobamba pour manger et prenons la route vers le parc national du Chimborazo : nous traversons de nombreux petits villages où les habitants gardent le costume traditionnel : beaucoup portent le poncho, ce que nous n’avions pas vu en Bolivie ou au Pérou ; les champs sont cultivés à flanc de montagne jusqu’aux environs de 4.000 mètres d’altitude, certains paraissent quasiment à la verticale !



Nous nous arrêtons pour la nuit à San Juan à plus de 3.000 mètres : finie la chaleur et la couette est la bienvenue ! Le lendemain, nous continuons la grimpette : le Chimborazo apparait et disparait derrière les nuages et nous retrouvons sur l’altiplano les vicuñas toujours aussi gracieuses … Nous voilà à l’entrée du parc : il fait un froid ! Puis c’est le vent et la pluie … Pégase est couvert d’une poussière blanche : certainement les cendres du volcan Tungurahua apportées par le vent …

premier aperçu du Chimborazo

départ des vaches pour les paturages

Pégase au repos sur la place de l'église

Tout compte fait, nous n’avons pas trop envie de dormir là et préférons redescendre, d’autant que le Chimborazo a totalement disparu ! Il culmine à 6.310 mètres et c’est le plus haut sommet du pays ; ancien volcan, endormi depuis plus de 10.000 ans, il a son sommet constamment enneigé et domine les alentours de sa masse imposante.

en montant au Chimborazo

Il se découvre presque ...

Nous continuons la Panam jusqu’à Ambato, puis tournons vers l’est, en direction de Baños où nous faisons halte. Petite ville très touristique à 1.800 mètres d’altitude, elle est réputée pour ses eaux thermales. Installée au creux d‘une vallée et entourée de montagnes verdoyantes, c’est une halte plaisante vers la forêt amazonienne. Et il y fait bon !!! Par contre, nous n’aimerions pas y habiter, car elle est vraiment proche du volcan Tungurahua ; en 1999, celui-ci s’est réveillé et la ville a du être évacuée et en 2006 également son activité a repris ; lorsqu’on arrive, la route est en travaux car ils reconstruisent des ponts aux endroits des coulées de lave … Nous allons essayer de ne pas nous attarder, on ne sait jamais …

paysage verdoyant (nous sommes à plus de 2500 m d'altitude !)

dégâts causés par une éruption

Nous allons voir les bassins où l’on peut se baigner : les eaux, réchauffées par le volcans sont réputées mais je n’ose pas me mettre en maillot, avec toutes mes piqûres de moustiques !!! Nous croisons un jeune couple de français en vacances en Equateur avec leur petite fille avec qui nous bavardons un moment, puis allons nous promener en ville où nous visitons un petit atelier de tagua : c’est une sorte de noix très dure, fruit d’une variété de palmiers, qui a longtemps été utilisée pour la fabrication des boutons ; elle peut être travaillée comme l’ivoire, pour faire des bijoux notamment, et on croirait d’ailleurs qu’il s’agit véritablement d’ivoire ! 


sur la place de l'église 

les noix de tagua

la cascade et les bains aux vertus curatives

Nous sommes décidés à faire une petite incursion dans la forêt amazonienne qui couvre une bonne partie est du pays ; on y a trouvé du pétrole, ce qui explique qu’aujourd’hui des routes s’enfoncent de plus en plus avant dans cette partie du territoire ; un grand aéroport a même été construit, malgré l’opposition des autochtones qui voudraient préserver leur environnement … Nous prenons donc la route qui mène à Puyo en longeant le rio Pastaza. Le long de la route, il y a par endroits des nacelles ou tarabitas suspendues à un câble qui permettent de traverser le rio pour rejoindre l’autre rive : inutile de dire qu’il ne faut pas avoir le vertige !!! 

la route le long du rio Pastaza

Nous descendons vers la forêt et arrivons bientôt à la ville de Puyo où nous déjeunons, puis c’est Tena où nous envisagions de dormir ; ces deux villes n’ont rien de particulièrement attrayant et nous poursuivons jusqu’à Puerto Misahualli, petit village installé à la jonction des fleuves Napo et Misahualli : çà y est, nous sommes dans la forêt amazonienne !!! Ne sachant trop où aller, nous nous garons sur la petite place où des singes capucins vont et viennent, n’hésitant pas à "chiper" ce qui les intéresse : glaces, chips et tout ce qui se mange, et pourquoi pas des objets qui attirent leur convoitise ! 


Arrivée dans la plaine amazonienne

la ville de Puyo à l'orée de la plaine

première vue de la forêt

Comme nous arrivons, nous sommes interpellés … en français ! Ce sont Nicolas et Fanny avec leurs enfants, camping-caristes que nous avions brièvement croisés près de Nazca, qui reviennent d’une escapade de deux jours en forêt ! C’est la fin d’après-midi : nous allons boire une bière ensemble et parler du coin et de nos périples respectifs.

singe capucin sur la place du village

Pégase installé sur la place

sur la place

Le lendemain, nous allons à l’agence Teorumi tenu par Teodoro Ravadeneyra et sa femme Amélie qui est française, ce qui simplifie la discussion ! Amélie est également une personne absolument charmante et nous propose, pour une petite découverte de la forêt amazoniene, une promenade de 2 jours et nous trouve un endroit où stationner Pégase pendant ce temps. 

Comme nous le programmons pour le lendemain, nous partons faire un petit tour dans la village et alentours mais la pluie nous rattrape bien vite ! Nous allons déjeuner avec Fanny, Nicolas et leurs enfants puis allons à la plage le long du fleuve. Ils reprennent la route le lendemain vers le nord, tandis que nous nous "enfoncerons" dans la forêt !

pont sur le rio Misahualli

Pirogue sur la plage devant le rio Napo

maison en bois au milieu de la forêt

Départ vers 8 h 30 en pirogue sur le fleuve Napo (inutile de dire que les pirogues sont maintenant à moteur !) avec notre jeune guide Théo, une jeune fille qui fera la cuisine (!) et le pilote du bateau ; le fleuve est boueux et tout autour, c’est la forêt ; nous dépassons des orpailleurs qui cherchent ... le précieux métal : non pas avec un simple tamis, mais une sorte de tapis roulant monté sur une barque, sur lequel sont aspirées avec un moteur les pierres du fond et l’or trié ; nous n’avons pas vu de près le mécanisme mais il parait qu’ils arrivent à remonter quelques grammes par jour. 

départ en pirogue pour les explorateurs !

orpailleurs en famille

le rio Napo en quittant Puerto Misahualli

Nous faisons un arrêt pour aller découvrir les pièges qui étaient utilisés pour la chasse et la pêche par les indiens : ici, nous sommes en territoire Kichwa (ou Quichua) et c’est un indien de cette communauté qui nous montre les différents outils ou engins élaborés avec les matériaux du cru avant l’arrivée de l’arme à feu : nous essayons en particulier la sarbacane et Alain a un certain talent !

inutile d'expliquer le principe du piège ...



poste d'observation et pour tirer à la sarbacane

piège pour la pêche

la sarbacane avec les flèches, mais sans curare !

Nous reprenons notre embarcation et suivons les méandres du fleuve ; Théo nous montre beaucoup d’essences d’arbres, des oiseaux, et mêmes quelques singes se balançant aux branches, mais nous n’avons retenu aucun nom !!! Et mis à part les bosquets de bambous facilement reconnaissables, impossible de se souvenir de tous les végétaux - parfois avec de très belles fleurs - que nous avons pu admirer !

enfants au bord du rio

et sur une pirogue sans moteur !

Nous arrivons vers midi à un lodge perdu dans la verdure et pendant que le repas se préparent, nous admirons le paysage ; après le repas, départ en bottes et k-way … et il le faut car la pluie s’en mêle !



le fleuve vu du lodge


et maintenant les explorateurs prêts pour la découverte de la forêt !

Malgré les grands arbres, nous dégoulinons bientôt ! Pendant près de 2 h et demie, nous crapahutons dans les sentiers tandis que Théo nous montre diverses plantes : la liane du curare : poison mais également médicament et beaucoup d’autres, ainsi qu’une foule d’insectes, depuis les fourmis de toutes tailles, dangereuses ou aux vertus médicinales, des araignées (il y en a pour tous les goûts !) ; mais ce sont les arbres qui sont fascinants : certains sont immenses, d’autres énormes ; il y a même l’arbre "qui marche" : pour obtenir plus de lumière, il se "déplace" en projetant de nouvelles racines dans la direction voulue : il peut ainsi bouger de plusieurs centimètres dans sa vie ! Théo nous parle en espagnol bien entendu, mais nous arrivons à bien comprendre maintenant ; il nous montre également comment sont confectionnés les sacs avec une variété de feuilles de palmier, bref, malgré le temps et quelques glissades dans la gadoue, nous ne voyons pas le temps passer !



la liane d'où l'on extrait le curare

fabrication d'un panier

perdus dans la forêt !


l'arbre qui marche ...

un des géants de la forêt


Au retour au lodge et après une bonne douche, nous discutons un peu de l’évolution de leur vie avec l’arrivée de la "civilisation" qui gagne peu à peu du terrain : exploitation du pétrole, routes, et surtout le grand aéroport qui vient d’être construit pas loin de là ; c’est évidemment une situation complexe qui ne va pas sans poser certains problèmes mais ils essaient néanmoins de conserver certaines de leurs traditions ou tout au moins de ne pas les perdre …

décoration au lodge

vue depuis le lodge

Mais à la nuit, plus de lumière : le gardien du lodge n’a pas approvisionné le groupe électrogène ! C’est donc à la bougie que nous mangeons et allons nous coucher dans nos lits à moustiquaire : j’ai surtout peur des tarentules !!! La nuit est très noire et il y a beaucoup de bruits de toutes sortes mais au final nous dormons bien !

nos lits à moustiquaire

Nous reprenons le lendemain notre pirogue et remontons le fleuve jusqu’à une sorte de réserve/zoo pour animaux blessés ou incapables de se débrouiller seuls : anaconda, caïmans, différentes variétés de singes, tortues, ocelots, et toutes sortes d’oiseaux avec les magnifiques aras ; le guide nous apprend qu’il s’agit avec le condor … et un autre que j‘ai oublié, du seul oiseau qui vit en couple toute sa vie ; à la disparition de son "conjoint", il se laisse mourir de faim ! 



ocelot dormant au sommet d'un arbre

Maintenant c’est le retour vers le village de la communauté kichwa Shiripuno où nous allons déjeuner et faire un peu connaissance ; le fleuve a un débit rapide et passe au milieu de galets ; le pilote a raté le chenal : nous voilà coincés ! Théo et lui sautent à l’eau et nous nous groupons vers l’avant pour dégager l’arrière et le moteur ; après plusieurs tentatives, nous repartons et c’est tant mieux car le coin est plutôt sauvage ! (mais il y a le portable partout maintenant !)

le fleuve est par endroit bien agité


le pilote aux commandes

singe en liberté aperçu le long du fleuve

Au menu de midi, du tilapia, un poisson du fleuve cuit dans une feuille, à l’étouffée, et l’inévitable riz (nous commençons a en avoir une indigestion !) puis nous regardons comment on fait le chocolat à partir du fruit du cacaotier : je pensais qu’il s’agissait d’un arbuste comme le caféier mais non, c’est vraiment un arbre ! La variété originaire de l’Amazonie n’est pas utilisé pour le chocolat, uniquement celui amené d’Afrique de couleur rouge et qui s’est apparemment bien acclimaté ; en fait le cacao qui est extrait des noyaux du fruit est très amer et, dès le départ, on l’adoucit avec du lait et du sucre.

le cacaotier et ses fruits

l'intérieur du fruit

Nous pouvons aussi voir un boa et une tarentule qui font partie des attractions du village puis nous apprenons (!) à faire des bracelets en pita (cordelette végétale), mais nos talents mériteraient du perfectionnement ! Puis c’est la démonstration de danse ancienne par les femmes du village : au total un bon après-midi que nous partageons avec d’autres touristes.

un boa juste à nos pieds !


Alain et sa nouvelle amie, la tarentule !

préparation de la chicha, boisson festive alcoolisée

Ce n’est vraiment qu’une toute petite escapade amazonienne, mais passionnante : nous avons vraiment apprécié ces 2 jours même si nous aurions du mal à vivre ici ! Le temps a été agréable, beaucoup moins étouffant qu’à Guayaquil, surtout la nuit, et nous avons appris beaucoup de choses tant sur la forêt que sur ses habitants ; certaines tribus, un peu plus à l’est, continuent à vivre comme auparavant et refusent le contact : pour combien de temps ? 
   
village au bord du rio Napo

on retrouve les singes sur la place

Nous rentrons à Puerto Misahualli retrouver Pégase : il est déjà tard et nous passons une dernière nuit sur la petite place du village. Nous retournerons ensuite sur Baños puis irons retrouver la Panam pour continuer notre montée vers le nord.



    





   


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