du col de Jama à Pabellon de Pica (du 2 au 9 Avril 2012)
Après le passage du col, nous restons encore longtemps sur le haut plateau ; de ce côté-ci de la frontière, il y a de moins en moins de végétation et pour finir le décor devient essentiellement minéral avec, en toile de fond, les hauts sommets enneigés : c'est un paysage âpre mais de toute beauté.
Nous passons non loin du salar de Tara, dépression lunaire, puis croisons les Monjes de la Pacana, roches étranges taillées par le vent ;
on a l'impression d'être dans un autre univers : quasiment pas de voitures sur la route, pas un animal et lorsque l'on s'arrête, pas un bruit, pas un chant d'oiseau ni un bruit d'insecte : c'est assez incroyable ! Et, à un détour de la route, c'est le volcan Licancabur en forme de cône parfait qui nous domine de ses 5.916 mètres.
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Enfin, c'est la grande descente sur San Pedro de Atacama : la route est quasiment en ligne droite et descend par des sortes de paliers ; ils ont prévu de nombreuses «salida de emergencia» et heureusement car si les freins lâchent.. … Le bureau des douanes est à l'entrée de San Pedro, soit environ 150 km de la frontière ! Il y a du monde pour un si petit poste mais cela va relativement vite et il ne nous reste plus qu'à trouver le camping ; après quelques tours et détours dans la petite ville, sur des rues en terre où nous soulevons, comme les autres, un nuage de poussière, nous arrivons enfin à destination.
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Inutile de dire que cette étape de près de 400 km avec des changements d'altitude de près de 2000 mètres nous a mis KO ! Dès le lendemain, pendant qu'Alain bricole encore sur le frigo - il faut absolument le remettre en marche, au moins avec le gaz ! - je pars à la recherche d'un distributeur car nous avons très peu d'argent chilien, puis faire quelques courses ; eureka ! le frigo refonctionne avec le gaz : avec les tonnes de poussières avalées depuis notre arrivée en Argentine, et malgré quelques précédents nettoyages, le brûleur avait besoin d'un traitement plus approfondi ! C'est vraiment un soulagement !!

L'après-midi nous partons nous promener dans San Pedro, petite ville de près de 5000 habitants posée dans une sorte d'oasis au milieu du désert. C'est peu dire qu'elle est touristique ! Dans chaque rue boutiques de souvenirs, restaurants, cafés et agences de tourisme se succèdent ; les passants, jeunes routards ou visiteurs en voyages organisés emplissent les rues de la petite ville.
Berceau de la culture atacamène, du nom de la tribu indienne qui vivait ici bien avant l'arrivée des Espagnols, c'est vrai qu'elle dégage un certain charme, même s'il est un peu dommage que nous, touristes, y soyons si nombreux. … Avec sa petite église et sa mignonne petite place ombragée, ses petites rues en terre bordées de maisons en pisé, elle a su garder une certaine personnalité. Heureusement, les rues centrales sont piétonnières sinon elle serait irrespirable !!!
Nous sommes à 2440 mètres d'altitude et si les journées sont chaudes - bien qu'un peu voilées, ce qui n'est pas plus mal - les nuits sont agréablement fraîches ; nous y restons le lendemain pour en profiter encore un peu tranquillement puis le 5, nous reprenons la route pour le salar que nous longeons depuis une route à peu-près goudronnée. Après cette promenade, nous grimpons dans la montagne jusqu'au petit village de Socaire où nous déjeunons.
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Vue sur le Salar |
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la petite église de Socaire |
Pour partir vers le nord nous devons repasser par San Pedro et nous préférons y faire le plein ; malheureusement, il y a une seule pompe et elle est en réparation ; nous sommes donc toute une file de voitures, minibus etc.. à faire la queue pendant près d'une heure ! Enfin, nous prenons la route pour Calama : elle s'étire dans le désert ; pas un buisson, pas un oiseau, des cailloux où une sorte de terre parfois très blanche …un paysage …dont on se lasse vite. Les quelques agglomérations que nous voyons sont des sortes d'oasis et nous voilà à Calama ; on ne peut pas dire que la ville soit très attrayante ; elle jouxte la fameuse mine de cuivre de Chuquicamata, la plus importante au monde. Et c'est d'ailleurs dans la petite agglomération de Chuquicamata que nous passons la nuit.
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En roulant vers Calama |
Difficile de dire, au milieu de ces collines, celles qui sont naturelles et celles qui sont du au travail de la mine mais le paysage n'est guère folichon. Nous reprenons la route vers Iquique le lendemain et c'est toujours le désert.
Nous sommes bien descendus en altitude : nous sommes dans la plaine entre les Andes et la cordillère qui suit l'océan et nous remontons vers le nord : nous avons retrouvé la PanAm, mais par endroits elle est bien abîmée, il faut même faire des portions de «pista» !
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même la PanAm est fatiguée ! |
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une oasis sur la route d'Iquique |
Après des heures et des heures de désert, sans le plus petit buisson à l'horizon, nous arrivons dans une zone où on été planté des arbres de la famille des tamaris sur une terre blanche : on se demande vraiment comment ils survivent ; nous nous arrêtons là pour la journée car il fait très chaud et nous y trouvons un peu d'ombre.
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Une halte dans la nature |
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Un petit voisin de 30 cm de long ! |
Nous sommes maintenant dans la 1ère région du Chili, celle qui est à plus au nord et qui jouxte le Pérou et la Bolivie - les régions sont classées par numéro en commençant par le nord - celle-ci ainsi que la 2ème n'ont pas toujours été chiliennes mais en grande partie boliviennes jusqu'à une guerre de la fin du XIXème, gagnée par le Chili qui s'est donc emparé de l'accès à la mer de la Bolivie et du même coup des richesses du sous-sol dont le cuivre et, surtout à l'époque, le salpêtre.
En effet, le désert d'Atacama couvre globalement les 3 régions nord du Chili et c'est vrai que c'est bien long quand on les traverse ! Après notre petit bivouac dans la nature, nous continuons jusqu'à Iquique ; mais juste avant d'y arriver, nous allons visiter la ville morte d'Humberstone : construite à partir de 1860 autour d'un gisement de salpêtre, elle doit son nom à l'ingénieur britannique James Humberstone «père du salpêtre». Elle a compté jusqu'à 7000 habitants et a connu de nombreuses modifications au cours de son histoire - en particulier de nombreuses améliorations pour la vie de ses ouvriers en 1936, lors du «front populaire» chilien : marché, magasins, piscine, théâtre, hôpital …puis elle a définitivement été abandonné vers 1960.

Nous continuons ensuite notre route sur Iquique, au bord du Pacifique, où nous voulons faire quelques courses car demain c'est dimanche et jour de Pâques. Quelle ville étonnante ! Nous pensions être dans la ville quand nous n'étions que dans les hauts faubourgs ! Ensuite, on descend le long d'une pente qui longe la falaise sablonneuse qui domine la ville. C'est une langue de terre coincée entre l'océan et la montagne, le tout dans le sable du désert ; quand nous arrivons, certains montent et d'autres redescendent la falaise sableuse à pied : ils suivent un chemin de croix et il est drôlement ardu, sans compter la chaleur ! Heureusement, avec l'océan un petit air frais souffle. Impossible de les prendre en photo car il faudrait être beaucoup plus loin pour avoir la totalité de la falaise dans l'objectif mais on ne les verrait pas plus que des fourmis !
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Iquique |
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que surplombe ses falaises |
Nous sommes arrivés à notre point le plus au nord du Chili : Arica, la ville frontière avec le Pérou est encore à plus de 200 km mais nous sommes un peu las du désert. …Nous prenons donc la route de la côte qui descend sur Antofagasta ; çà change un peu de l'intérieur : ici, il y a l'océan, la route et la montagne et bien sûr, aucune végétation ! C'est même parfois un peu oppressant cette montagne qui nous surplombe. Quelques petits villages, parfois quelques cahutes seulement le long de la route coincés entre les rochers. Nous nous arrêtons à un endroit un peu plus «large» : une petite baie avec un petit port : Pabellon de Pica ; nous nous installons sur la grève, comme d'autres sont installés là avec leurs tentes pour le week-end de Pâques ; pas de sable, mais c'est tranquille, avec les montagnes qui forment une énorme barrière au-dessus de nous et nous y restons deux jours pour se reposer un peu et prendre le soleil avec l'air frais de l'océan.
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Pabellon de Pica |