Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







lundi 28 mai 2012

Les Chutes d'Iguaçu côté brésilien



Les 18 et 19 Mai 2012


Une fois passé le "Puente de la Amistad" nous voilà donc au Brésil ! C'est un flot continue de voitures, de motos-taxis et de bus qui déversent une foule de gens ayant fait leurs achats à Ciudad del Este et qui reviennent !
Nous devons attendre plus de 2 heures pour avoir le papier d'entrée pour Pégase : la seule personne - apparemment - qui s'en occupe est en réunion. Enfin, nous pouvons passer et nous nous dirigeons immédiatement vers le site des "Cataractas" : heureusement c'est bien indiqué mais à l'arrivé, impossible de se garer pour la nuit.

On nous indique un camping dans les faubourgs de Foz do Iguaçu où nous nous installons. Le matin, nous partons en bus et quand nous arrivons à l'entrée du parc il y a déjà beaucoup de monde, mais çà va assez vite et nous montons dans un autre bus qui nous dépose près des chutes.

la file à l'entrée du Parc
Le rio Iguaçu coule sur un plateau qui prend fin brusquement peu avant qu'il rejoigne le rio Parana. Il chute alors de 80 mètres de haut en d'innombrables cascades séparées par des rochers et des îlots sur une largeur de plus de 2 km, le tout dans un cadre naturel magnifique : de part et d'autre du fleuve, c'est la forêt tropicale qui forme comme un écrin à ce spectacle époustouflant !



Du côté brésilien, on peut admirer le panorama global : c'est somptueux !










Alain sympathise avec un coati


on distingue dans le fond l'endroit des chutes avec l'écume 


Je crois que nous nous sommes un peu "lâchés" sur le nombre de photos, mais c'est tellement beau ! 

Au moment de partir, nous rencontrons une jeune compatriote et partons avec elle au "Parque de los Aves" tout proche qui renferme de multiples espèces d'oiseaux, de papillons et même quelques serpents - anacondas, boas - tarentules (!) et crocodiles.


On peut même rentrer dans certaines volières : dans celle des papillons et des oiseaux-mouches, c'est magique (et presque impossible à prendre en photos tellement çà volette en tout sens), mais chez les perroquets, quel boucan !

Sagui de tufo peto

les flamants roses


un superbe toucan

Iguane

et sa tête préhistorique !


Grou coroado à superbe aigrette




Vraiment une journée où on s'en est mis plein les yeux !



et deux superbes papagayos

dimanche 27 mai 2012

Derniers jours au Paraguay : Itaipu




17 et 18 Mai 2012

Nous quittons Trinidad et prenons la direction de Ciudad del Este. Très rapidement nous entrons dans la partie du Paraguay dédiée à la culture intensive : canne à sucre, soja, tournesol : ce sont de grands champs qui se succèdent à perte de vue ; la forêt a disparu ainsi que les petites maisons au bord de la route, pour faire place à de grandes exploitations. Encore 100 km et nous voilà dans les faubourg de la grande ville de l'est.

Nous sommes happés par une circulation intense et nous manquons de rater l'embranchement qui mène au barrage d'Itaipu et de nous retrouver au poste frontière ! Nous réussissons à nous extraire du flot de camions, voitures, motos et à obliquer sur Hernanderias et nous arrivons sur le site de visite d'Itaipu binacional que nous voudrions voir avant de quitter le pays.

Il est trop tard pour la visite, mais nous sommes autorisés à passer la nuit sur le parking. Le barrage hydroélectrique d'Itaipu était le plus grand du monde jusqu'à la mise en service de celui des Trois Gorges en Chine en 2006. Construit sur le rio Parana entre 1978 et 1984 conjointement avec le Brésil, il mesure 7,2 km de long et sa hauteur correspond à un immeuble de 75 étages. Il fournit 90 % de la consommation du Paraguay et 25 % de celle du Brésil.
Vue des rampes de déversement du trop-plein (le lac est au-dessus)
En fait, sa visite est un peu décevante (mais elle est gratuite !) : on part en bus jusqu'à un mirador qui permet d'avoir un point de vue global sur le barrage, puis on continue en passant au Brésil, puis sur le barrage lui-même mais sans aucun autre arrêt ! C'est un peu dommage et les photos prises dans le bus ne sont pas terribles (vitres sales!) !

le barrage proprement dit (vue prise du bus)


2 des 18 turbines

le barrage et le lac de retenue

la "forêt" électrique !

Toujours sur le site, un musée intitulé "Musée de la terre guarani" a été ouvert et nous pensions qu'il contenait des œuvres guaranis et retraçait leur histoire mais en fait, il relate l'histoire du Paraguay - en incluant la période pré-hispanique certes, mais bien brièvement. Nous sommes assez déçus ... …
l'entrée du Musée

l'intérieur est ultra moderne


Vue aérienne du barrage (photo exposée au Musée)

Nous n'avons pas trop envie de rester sur Ciudad del Este - nous n'avons rien à acheter (principal intérêt de cette citée) ! - et nous préférons finalement passer la frontière Brésilienne le jour même. Il suffit pour cela de revenir sur la grande avenue qui mène au «Pont de l'Amitié» qui traverse le rio Parana. C'est une véritable foule de véhicules et plus on approche du pont, plus le traffic s'intensifie et tout le long, ce ne sont que changeurs de devises et vendeurs à la sauvette qui interpellent les automobilistes !

sur l'avenue vers la frontière


Avec tout çà, nous avons failli louper la douane paraguayenne : nous nous arrêtons in extremis à l'entrée du pont pour aller faire tamponner les passeports et les documents du véhicule ! Cà y est, le Paraguay c'est fini !


Taxi à cheval dans une rue d'Encarnacion

Nous avons beaucoup aimé ce pays et c'est avec un petit pincement au cœur que nous le quittons ; c'est dommage que beaucoup passe à côté sans le voir car il s'en dégage un grand charme : impossible d'oublier sa terre rouge qui semble donner à la végétation un vert plus intense, les petites maisons de long des routes avec leur cour de terre battue soigneusement balayée, à l'ombre des arbres, où les Paraguayens s'installent pour bavarder en sirotant un téréré …et bien sûr, la grande gentillesse de ses habitants qui nous a beaucoup touchée.

De Villarica aux Missions Jésuites



du 12 Mai au 17 Mai 2012
Nous voulions nous arrêter à Villa Florida sur une plage au bord de la rivière, mais ce n'est pas fait pour Pégase ! Nous continuons donc jusqu'à San Juan Bautista, petite capitale de la province de Misiones ; c'est une petite ville agréable car très aérée avec ses grandes places plantées d'arbres ;

Entrée de la ville

dans une rue

nous nous y promenons et visitons la maison natale d'un guitariste célèbre du début du XXème siècle - que nous ne connaissions pas ! - Agustin Pio Barros Mangoré ; c'est un artiste peintre qui a entrepris la restauration avec beaucoup de cœur et les visites lui permettent de poursuivre ce long labeur !

le fameux guitariste

son portrait par l'artiste propriétaire

Après deux jours sur place, nous poursuivons notre route jusqu'à Santa Maria de Fe à quelques kilomètres. Alors là, le village et surtout sa place centrale sont vraiment adorables ! Comme nous sommes le 14 Mai, jour de la fête nationale au Paraguay - jour de son indépendance vis-à-vis de l'Espagne - nous ne pensions pas pouvoir visiter le petit musée Jésuite et faisons tranquillement le tour du village quand nous rencontrons la guide qui s'empresse de nous ouvrir le Musée ! En fait, en ce jour férié, toutes les petites boutiques sont ouvertes, ce n'est que l'après-midi qu'auront lieu les festivités.

maisons au bord de la grand place

Le Musée a été installé dans une "casa de indios" rénovée sur un des côtés de la place. C'était l'une des plus importantes réductions jésuites fondée en 1630 par un père jésuite français Jacques Ransonnier, mais sur un autre site et installé ici en 1669. Il ne reste plus de cette époque que le bâtiment du musée.

le Musée, une ancienne casa de indios rénovée


Il contient une collection de sculptures qui étaient exposées dans l'ancienne église. Les jésuites enseignaient aux artistes guaranis à reproduire des œuvres européennes ; on peut voir dans ce musée quelques exemples et çà ne manque pas de charme !

statue par un artiste guarani
une crèche


un Christ pour la procession des Rameaux

Nous restons au village pour assister à la célébration de la fête. C'est sympathique car, après les discours des «officiels», ce sont les enfants des écoles qui sont à l'honneur comme «avenir» du pays.

le discours des officiels

les jeunes défilent

et les plus jeunes


les futurs gauchos !

Un tiers de la population a moins de 14 ans !

Par contre, la nuit, ce ne sont pas les singes hurleurs nichés dans les grands arbres qui nous réveillent mais des jeunes venus boire un dernier verre avec musique à fond et grands éclats de rire !

Nous découvrons qu'un botaniste français célèbre a vécu là quelques années, en "résidence surveillée" : il était soupçonné d'espionner au profit de l'Argentine mais a pu continuer son oeuvre avant d'être finalement expulsé.

en souvenir de son séjour ...


Nous faisons une halte le lendemain à Santa Rosa de Lima qui garde également quelques restes de l'ancienne mission jésuite - en particulier, une "casa de indios" sur la grand place -

ancien clocher

la casa de indios toujours habitée sur la grand place

l'hippodrome de Santa Rosa

puis nous poursuivons notre chemin jusqu'à Encarnacion, la grande ville du sud qui fait face à Posadas, de l'autre côté du rio Parana. Du fait de travaux effectués à la centrale hydroélectrique de Yacyreta en amont, le niveau des eaux du lac réservoir a été élevé et la ville basse tout simplement rasée ; une très belle Costanera a été aménagée le long du fleuve et nous sommes autorisés à nous installer là pour la nuit.
 
vue sur Posadas

la nouvelle plage d'Encarnacion

Nous allons faire un tour dans la ville : elle est agréable mais rien d'extraordinaire ; par contre la vue sur Posadas et le fleuve, la petite plage aménagée donne à la ville un petit air moderne. Pour l'instant, il n'y a rien d'autre, mais d'ici quelques années, des cafés, restaurants, hôtels devraient s'y installer.

quartier moderne près de la Costanera

sur la Plaza de Armas

Le lendemain, nous réussissons à nous perdre dans les faubourgs d'Encarnacion ! Finalement, nous finissons par trouver notre chemin et partons en direction des principales missions jésuites du Paraguay : Trinidad et Jésus de Tavarangue où nous en apprenons un peu plus sur leur origine.

Après la conquête, les colons espagnols reçoivent des terres et est instauré le régime de l'encomienda : les indiens travaillent pour le propriétaire qui lui, en échange, les nourrit et les christianise, ce qui s'apparente peu ou prou à un esclavage qui ne dit pas son nom. Ce système ne fonctionnant pas - et pour cause car les indiens s'y soustraient en s'enfuyant dans la forêt qui couvre alors une grande partie du pays - le roi d'Espagne demande aux Jésuites d'intervenir en créant des "Missions" destinées à évangéliser et sédentariser les indiens ; ceux-ci y ont de nombreux avantages : sécurité, nourriture, prospérité.

En règle générale, il n'y a que deux jésuites par missions, les indiens se gouvernant eux-mêmes.  Ils pratiquent l'agriculture et chaque communauté est autosuffisante. Certains aspects culturels tels que la polygamie sont évidemment interdits. Chaque famille reçoit une maison et les enfants sont scolarisés. Une telle situation faite aux Indiens ne pouvait que déchaîner les convoitises : celle des colons espagnols privés de main d'œuvre et celle des marchands d'esclaves brésiliens. Les Missions furent donc fréquemment attaquées et beaucoup durent changer d'emplacement pour vivre en paix. Finalement, une trentaine réussit à s'implanter durablement "les 30 pueblos" qui regroupèrent à leur apogée jusqu'à plus de 100.000 indiens guaranis. Cette "utopie" prit fin lors de la dissolution de la Compagnie de Jésus par le roi d'Espagne en 1767.

Chaque "reduccion" était établie sur le même modèle : une vaste place centrale dominée par l'église, à côté le logement des prêtres et divers ateliers et entrepôts, puis, disposées en rangées, les "casas de indios". Ce sont donc deux parmi les plus importantes et les mieux conservées que nous allons voir.

le clocher de l'ancienne église

Nous commençons par Trinidad, installée sur le site actuel en 1712 : sa grande place centrale avec l'église, le cloitre et les ateliers, les casas de indios disposées en ligne ainsi que l'ancienne église avec son clocher. Autour étaient disposés le cimetière, les jardins et le verger. Les restes de l'église en particulier sont assez impressionnants et permettent de se rendre compte de ce que pouvait être une mission à son apogée.

le choeur de l'église

détail de la façade

et d'une porte

Après une petite pause déjeuner, nous allons jusqu'à Jésus de Tavarangue, tout proche.

l'ancien cloître

l'imposante église

Lorsque les Jésuites ont été chassés en 1767, l'église était en pleine construction : ils avaient prévus un édifice très vaste (70 m de long pour 24 m de large) et ce, pour une communauté qui regroupait environ 3000 guaranis.

les ateliers et entrepôts

restes des "casas de indios"

détail de la façade de l'église

Après une promenade sur le site, nous revenons sur Trinidad où nous passons la nuit, à côté des ruines.

ruines de Trinidad à la nuit tombante

Les deux sites ont été inscrits au Patrimoine Mondial par l'Unesco et tant la restauration que l'entretien sont très soignés.