Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







mercredi 24 avril 2013

Cartagena de Indias


du 30 Mars au 17 Avril 2013


Voilà un nom qui fait rêver !!! C’est d’ailleurs une des villes les plus touristiques de Colombie et elle le mérite bien. Fondée en 1533 par Pedro de Heredia, d’abord sur la presque’île de Bocagrande, elle se développa ensuite sur son site actuel et prospéra au rythme des conquêtes espagnoles : les richesses pillées au Pérou, en Bolivie, en Equateur étaient amenées par bateau à l’isthme de Panama, puis acheminées jusqu’à la ville à dos de mules. De là, les galions partaient vers l’Espagne …

pas tout à fait d'époque mais ...

Une autre source d’enrichissement fut le commerce des esclaves : Carthagène reçut du roi d’Espagne au XVIIème siècle le monopole de la traite (avec Veracruz au Mexique) ; la ville drainait ainsi de telles richesses qu’elle attira bien sur les convoitises tant des pirates que des corsaires hollandais, français ou anglais. C’est ainsi qu’elle fut pillée à plusieurs reprises et que d’importants travaux de fortifications furent entrepris : non seulement la ville fut entourée de remparts, mais plusieurs forts furent construits, tant pour bloquer l’entrée dans la baie que la seule voie d’accès terrestre. Enfin, l’imposante forteresse de San Felipe de Barajas fut érigée sur une colline dominant la ville.

Au début du XIXème siècle, elle fut une des premières villes de Colombie a secouer le joug espagnol et Bolivar lui donna le nom de « Ciudad heroica » et déclara aux habitants « si Caracas me dio vida, vosotros me desteis gloria » (Si Caracas m’a donné la vie, vous m’avez donné la gloire). Aujourd’hui classée par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’Humanité, Carthagène est sans conteste l’une des plus belles villes coloniales espagnoles de toute l’Amérique du Sud. 

Etant arrivés le vendredi à midi, qui plus est pendant la Semana santa, il ne nous resta plus qu’à profiter du week-end pour flâner dans la vieille ville : c’est ce que nous fîmes pendant ces trois jours, car de toute façon il était impossible de rester la journée dans Pégase : un vrai four !!! Nous y revenions vers 17 h 30, peu avant le coucher du soleil, pour tout ouvrir car le vent se lève en soirée et nous restions au bord de l’eau en attendant d’aller se coucher.

Pégase sur son parqueadero face à la baie


les grattes-ciels sur Bocagrande

la marina et le port dans le quartier Manga

La vieille ville de Carthagène a gardé sa ceinture de rempart et de belles demeures coloniales ; beaucoup sont reconverties en hôtels de luxe, boutiques et restaurants mais ont gardés leurs belles façades colorées, ornées de balcons de bois et les portes cochères laissent souvent entrevoir de magnifiques patios. Nous faisons la promenade le long des remparts, allons visiter le modeste Musée de l’or et flânons au hasard des ruelles … 

l'entrée de la vieille ville



la ceinture de rempart face à l'océan



vieille maison coloniale 

travail de l'or des Indiens Sinu


Beaucoup de navires de croisières des Caraïbes font escale à Carthagène et la ville fourmille de marchands ambulants : boissons, glaces, fruits, panamas, lunettes, etc …  de nombreux bars dont le Donde Fidel avec musique caraïbe à fond … sans compter les calèches qui proposent une balade dans le centro. Ce week-end est particulièrement animé car les Colombiens sont en congé ; d’anciens bus transformés pour faire des "tours" dans la ville, déversent la musique à fond et les boîtes de nuit sont nombreuses et fonctionnent à plein …

vendeur de glace


calèches dans la vieille ville

vendeuse de fruits


anciens bus reconvertis pour les touristes

Nous pensions le lundi de Pâques férié comme chez nous, mais en réalité la Semana Santa se termine le Dimanche ; nous partons donc dès le matin jusqu’au garage Ford voir un peu ce qu’ils peuvent faire. Le mécano essaie le camping-car avec Alain et nous propose un réalésage du disque d’embrayage ce qui devrait nous permettre de continuer notre route sans être obligé de le changer. 

Comme ils peuvent prendre le véhicule dès le soir même, nous retournons sur notre parqueadero monter la cloison entre la cabine et la cellule prévue pour la traversée en cargo (en plein soleil, c’est une vraie partie de plaisir !) puis nous préparons notre sac et allons amener Pégase au garage vers 17 h avant de partir pour l’hôtel. Nous logeons dans le quartier Gethsémani : les prix y sont encore abordables et nous restons proches de la vieille ville. Une bonne douche après la suée de l’après-midi et nous récupérons sous l’air conditionné : un régal !

dans le patio de l'hôtel

Le lendemain, nous rencontrons Monsieur LA ROTA pour avoir des informations pour le transfert maritime de Pégase jusqu’au Panama : pour 1 journée de mer, les prix sont salés (voir le détail dans « les 500 km les plus chers d’Amérique » dans la rubrique "page pratique Amérique Centrale") mais nous n’avons pas le choix. Nous profitons de ces quelques jours pour continuer à découvrir la ville et le 4 Avril, nous allons récupérer Pégase. 

les beaux balcons de bois


Nous partons faire un tour dans les environs pour tester la mécanique et poussons jusqu’au volcan Totumo : c’est un volcan de quelques mètres de haut seulement, au bord de l’océan ; dans son cratère, on peut prendre un bain de boue puis aller se rincer dans l’océan mais Alain n’est pas tenté par l’expérience ! Nous rentrons confirmer à Mr LA ROTA notre prochain départ pour le 14 et décidons, en attendant, d’aller faire un tour à Playa Blanca, sur la presque’île de Baru.

le mini-volcan

et le rinçage dans la lagune

C’est une île en fait car les Espagnols avaient creusé un canal à l’époque coloniale et il faut le franchir en bac et les débarcadères ont vraiment une drôle de mine … Nous arrivons au parking et allons voir la plage ; le sable est blanc et les eaux turquoise : une vrai plage des caraïbes ! Nous en profitons immédiatement … et pendant les 3 jours suivants, même si, pendant le week-end, beaucoup de monde vient profiter, en bateaux et en bus de ce site agréable ; heureusement, les nuits sur le parking sont calmes.

la barge ... un peu fatiguée







ciel bleu, sable blanc, cocotiers et l'océan ...

c'est vraiment agréable !

non, ce n'est pas son bateau !



débarquement des touristes par barge jusqu'à la plage



notre voisin de parking


Nous rentrons enfin sur Carthagene avec quelques beaux coups de soleil et attendons la date du départ. Ayant enfin pu réunir la somme en pesos, nous confirmons notre départ à Mr LA ROTA chez qui nous avons rencontré un autre couple de français qui voyagent depuis 1 an et demi en Amérique du Sud avec leurs 2 enfants et qui souhaitent également passer au Panama.

Muelle de Pegasus !

Le lendemain, nous prenons notre courage à deux mains pour aller jusqu’à la forteresse de San Felipe de Bajaras : il fait une chaleur torride et même sur les remparts, il n’y a pas beaucoup d’air ! C’est en tout cas une sacrée construction qui n’a jamais été conquise ; elle a en particulier résisté à une terrible attaque anglaise en 1741. 

en grimpant vers la forteresse

vue sur la ville


c'est une masse imposante !

Enfin, le 12 Avril, Pégase part pour le port et nous à nouveau pour l’hôtel ; il va falloir y attendre le 17 au matin pour qu’ait lieu la fouille anti-narcotique où Alain et Xavier se rendent ensemble, pendant que Karine et les enfants viennent déjeuner avec moi au Titoté, un agréable petit restaurant que nous avons trouvé dans la vieille ville. Les hommes nous y rejoignent, épuisés …

Le lendemain matin, enfin, départ pour l’aéroport ! Voilà notre séjour en Colombie terminé … il n’a pas pris la tournure que nous aurions souhaité car, mis à part Cartagena que nous connaissons bien maintenant, notre problème d’embrayage nous a empêché de profiter de certains sites après Bogota, mais il aurait fallu prendre encore des routes de montagne, alors … 

enfin le départ !


C'est aussi un adieu à l'Amérique du Sud que nous aurons parcouru pendant 1 an : nous sommes loin d'avoir tout vu mais nous garderons un souvenir inoubliable de cette balade : des paysages magnifiques, quelques sites historiques de toute beauté et bien sur, la gentillesse de ses habitants ; nous y aurons connu quelques galères, mais rien de trop grave en définitive et surtout bien en deçà du plaisir que nous aura procuré la découverte de ce demi-continent. 

Bye, bye Cartagena !

                                     


                                           Hasta luego y suerte ! 

  

   



     


lundi 15 avril 2013

De Salento à Cartagena de Indias


du 24 au 30 Mars 2013

Nous descendons de Salento dans la brume pour rejoindre la grande route qui, d’Armenia nous amènera à Bogota mais il faut traverser une chaine de montagnes dont, grâce à notre carte très précise, nous ne connaissons pas l’altitude. Comme d’habitude, beaucoup de camions, souvent très gros et très lents et donc difficiles à doubler … et Pégase n’aime pas du tout piétiner derrière ! 

Armenia et les plantations de caféiers

Puis c’est le bouchon, on ne sait pourquoi : on ne voit descendre personne et nous n’avançons plus : il est aux environs de 10 heures du matin. Au bout d’un moment, tout le monde arrête le moteur et attend … plus d’une heure ! J’essaie de me renseigner, mais personne ne sait autour de nous ; enfin, çà redémarre, mais n’importe comment, pour rattraper le temps perdu ! Comme à certains endroits, la voie est double puis redevient simple, c’est très vite un vrai bazar !!! En une heure, nous devons faire une dizaine de kilomètres et c’est à nouveau l’arrêt complet pendant que ceux d’en face descendent … 

le ballet permanent des camions ...

auxquels s'accrochent les cyclistes

Nous nous rangeons sur le bord pour permettre au moteur de refroidir et pour manger ; tout le monde n’a pas la chance comme nous d’avoir à boire et à manger … ainsi que des WC !!! Nous laissons passer notre tour en se disant que çà finira bien par se débloquer mais à 2 heures de l’après-midi, nous nous remettons dans le flot ; nous sommes maintenant à près de 3000 mètres et on aimerait être redescendus à la nuit.

le "bouchon" s'allonge


Pégase prend l'air ... et moi aussi !


Hélas, Pégase en a assez : tout d’un coup on sent de la fumée sous le capot : vite on se gare sur le bas côté, on arrête tout et on regarde : c’est l’embrayage !! Ce que nous confirme un routier puis des «mécanos» à mobylette qui viennent ausculter les véhicules en panne … car nous ne sommes pas les seuls ! Et là, l’arrêt est de plus de 2 heures et nous ne sommes toujours pas au sommet de la «linea» comme l’appellent les Colombiens, et nous ne savons que faire : repartir ou appeler une dépanneuse (et comment arriverait-elle jusqu’à nous dans ces kms de bouchons ?)

Je profite de notre arrêt forcé pour aller voir « el problema » situé un peu plus haut : c’est un gros semi-remorque qui est tombé en panne dans un virage en épingle à cheveux et y a déversé toute son huile : résultat, la grue - qui a tout de même réussi à grimper jusque-là - a un mal fou à le sortir de là ! "Bienvenidos en Colombia "  me dit un chauffeur de car !!!

Le chauffeur de camion avec qui nous passons le temps conseille à Alain de ne pas faire patiner l’embrayage, mais de s’arrêter puis de repartir quand la route devant nous est dégagée : nous verrons bien ! Il est maintenant près de 17 heures et la nuit ne va pas tarder à tomber ; il fait déjà froid à cette altitude. Enfin, c’est à nous de passer : le chauffeur nous ouvre la route et nous grimpons, petit à petit ; le camion accidenté a été enfin dégagé, mais la voie reste fermée à cause de l’huile sur le sol ; il doit y avoir au bas mot 50 km de queue de chaque côté !

une file impressionnante

Respectant les instructions concernant l’embrayage, il fait presque nuit quand enfin nous parvenons au sommet ; maintenant c’est la descente : nous sommes toujours inquiets, mais tout de même soulagés d’avoir pu franchir le col, car d’autres sont restés sur place … C’est donc à la première petite ville Cajamarca que nous nous arrêtons à une station-service, épuisés après … 68 km parcourus dans la journée : un record !!!

Inutile de dire que le lendemain nous filons en direction de Bogota ; l’embrayage est déficient mais la route est quasiment tout le temps à double-voie et la circulation enfin fluide (c’est quasiment plat !) : nous nous  "échouons", c’est le cas de le dire, sur le parking du garage Ford Montovalle à Bogota : il est fermé car c’est un jour férié, mais le vigile nous autorise à passer la nuit là. Prêts à l’ouverture du garage, ils confirment le diagnostic : c’est bien le disque d’embrayage et il faut le changer. Nous avons bien sur réfléchi aux choix que nous avions et ce qui ne nous plait pas, c’est qu’ils ne font aucun essai, car si parfois, à l’accélération, la vitesse se "désenclenche" , en revanche, la pédale fonctionne normalement. Et le changement de disque signifie au moins 3 semaines sur place pour le faire venir de France …

Finalement, nous faisons faire la vidange d'huile plus filtre et changer le liquide de freins/boîte d'embrayage (ce dernier travail qu’ils nous facturerons mais ne ferons pas - nous n’en serons sûr qu’à Cartagena) et décidons de poursuivre jusqu’à l'atlantique : si une réparation n’est pas possible là-bas, nous aurons le choix de rentrer sur la France ou d'aller au Mexique par bateau …. 

Nous choisissons l’itinéraire le plus plat et le moins tortueux car il y a plus de 1000 km à parcourir et dès midi nous sommes en route.
Nous n’aurons vu de Bogota que sa circulation très sportive (la veille étant fériée, c’était plus calme !) et en chemin, pas d’arrêt visite car nous n’avons qu’une pensée : que Pégase arrive sur ses 4 roues à Cartagena !!! Il reste encore une chaîne de montagnes à traverser mais moins élevée avant d’arriver à Honda, et... nous trouvons le moyen d’y être à nouveau bloqués par un accident pendant près de 3 heures : là c’est grave car 2 camions se sont heurtés et l’un a dévalé la pente …



la montagne s'adoucit


nouveau bouchon !

Nous nous arrêtons à Guaduas juste avant la dernière montée, sur un immense parqueadero boueux : cette petite ville semble vivre des camions tant il y en a partout. Le lendemain, avant de partir, nous décidons de faire nettoyer Pégase : il est poussiéreux et couvert de boue : c’est une renaissance ! Cette fois, nous parvenons à Honda sans encombre ; nous sommes dans la plaine maintenant, jusqu’à Cartagena … mais quelle chaleur !!!

Enfin la plaine à Honda !

nos compagnons de voyage et de bivouac !


Cette traversée de la plaine n’a rien de très plaisant : c’est une alternance de pâturages où paissent les «vacas sagradas», de paysages de savane et d’immenses palmeraies ; la température grimpe à plus de 40° et il n’y a pas un brin d’air ; quand on roule, çà va à peu près et on met la climatisation de temps en temps, mais la nuit … très difficile d’arriver à fermer l’œil ! Par contre, la route est plate et relativement droite et il y a un peu moins de camions car ils ont des restrictions pour les fêtes de Pâques.

alternance de pâturages ...

de "savane" 

et d'immenses palmeraies

Enfin, nous voilà sur la côte : en fait, entre Santa Marta et Cartagena, elle n’a rien de très folichon ; et le 29 Mars à midi, nous nous garons enfin sur un parqueadero de Cartagena de Indias : nous sommes arrivés à bon port !!! Mais c’est la Semana Santa et il nous faut attendre la semaine prochaine pour aller au garage Ford. Dommage d’avoir du "dévaler" ainsi jusqu’à la côte, mais la santé de Pégase est pour nous primordiale puisqu’elle conditionne la suite du voyage …

nos retrouvailles avec l'Atlantique

Heureusement, le problème d’embrayage ne s’est pas aggravé et à part quelques «dérapages» des vitesses, nous avons pu rouler normalement. Maintenant, nous allons essayer de profiter un peu de la ville - il y a un peu d’air le soir avec l’océan ! - en attendant le verdict …