Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







jeudi 3 octobre 2013

Derniers jours à Veracruz et Mexico

du 30 Août au 6 Septembre 2013

Après avoir amené Pégase au port, nous devons attendre toute la journée pour savoir à quel moment aura lieu le contrôle des douanes : finalement, c’est le soir même ; on nous amène au port - immense - et Pégase est "visité" par les douaniers et le chien, après être passé aux rayons. C’est avec un petit coup au cœur que nous l’abandonnons au port : nous ne le reverrons pas avant près d’un mois maintenant !


Vue depuis notre chambre d'hôtel

Il fait toujours très chaud, mais cette fois, nous avons la climatisation à l’hôtel ce qui est fort agréable pour les nuits ! Nous profitons de ces quelques jours pour visiter Veracruz et surtout son centre historique. C’est tout près d’ici que les conquistadors abordèrent pour la première fois le continent américain … mais il ne reste rien de cette époque, même si Veracruz est toujours resté un grand port maritime vers le vieux continent.

Une bonne partie de la ville a d’ailleurs été gagnée sur la mer et le port actuel date du début du XXème siècle et il est presque totalement artificiel. Le centre ville est agréable avec sa place centrale ombragée - mais en travaux pour la Fête Nationale qui approche ! - où trônent le «Palacio Municipal» et la cathédrale ; sous les arcades de nombreuses terrasses de café-restaurants se remplissent très vite. Veracruz est aussi une ville commerçante, très animée jusque tard le soir car après les chaleurs étouffantes de la journée, c’est enfin pour tout le monde, le moment de prendre l’air …  


Le zocalo avec ses terrasses et son Palacio Municipal

la Cathédrale



rue piétonne dans le centre

Notre lieu de promenade préféré, au coucher du soleil, c’est le malecon aménagé le long des bassins du port ; nous ne sommes pas seuls à apprécier cette vaste esplanade avec ses nombreux marchands ambulants et ses mini-spectacles : clowns, danseurs, acrobates, etc … Nous partons un soir faire une balade dans le bus touristique à impériale … même si nous avons droit à une belle averse !


le malecon en fin de journée


spectacle de rue

Nous faisons aussi une sortie en bateau dans le port, jusqu’au fort de San Juan de Ulua, dernier vestige datant de 1692 des anciennes fortifications du port qui connut de nombreuses tentatives d’invasions étrangères lorsqu’il était un des seuls débouchés du Mexique vers l’Espagne. Enfin, nous allons visiter l’aquarium de la ville : c’est le plus grand d’Amérique latine et nous pouvons y découvrir toutes sortes d’animaux marins, le clou du spectacle étant le vaste bassin où s’ébattent des dauphins.


le malecon depuis le pont du bateau


le vieux fort d'Ulua


Toucan et tortues à l'aquarium




Comme dans beaucoup de villes - grandes ou petites - du pays, de nombreux véhicules de police patrouillent sans cesse dans les rues : on s’y est habitué maintenant et les mexicains ne semblent pas s’en plaindre car, nous disent-ils, depuis quelques années, la sécurité s’est bien améliorée : beaucoup moins de règlements de compte en pleine rue et on peut sortir le soir sans craindre une fusillade.


présence policière permanente

C’est le 2 septembre que nous prenons le bus pour Mexico : le trajet dure environ 5 heures et n’est pas désagréable, bien que nous nous gelions consciencieusement avec une climatisation à fond ! Mais quand nous arrivons à Mexico, la situation se complique car des manifestants bloquent certaines rues. Depuis déjà plusieurs jours les enseignants sont dans la rue pour protester contre une vaste réforme de l’éducation nationale qui doit se voter dans les prochains jours. 


manifestants au Paseo de la Reforma

Finalement, nous prenons un taxi qui nous amène vers le centre où nous trouvons enfin un hôtel pas trop cher … mais pas terrible non plus ! Heureusement, nous ne sommes là que pour quelques jours. Par contre, il fait nettement plus frais qu’à Veracruz mais ce n’est pas désagréable pour se promener. Dès le lendemain, nous partons vers le Bosque de Chapultepec visiter le Musée d’Anthropologie … et nous y restons près de 4 heures : c’est un des plus beaux que nous ayons vu en Amérique Latine et qui réunit la somme des connaissances actuelles sur les civilisations précolombiennes du pays avec une telle abondance de chefs-d’œuvres à contempler que l’on a du mal à tout voir ! 


au bosque de Chapultepec

le Musée d'Anthropologie

Chaque salle retrace l’histoire d’une région où s’est développée une cité-état : c’est donc un voyage dans l’espace et dans le temps que nous effectuons : Olmèques, Toltèques, Mayas, Téotihuacan, Aztèques … avec des explications détaillées et claires et une incroyable quantité de sculptures et d’œuvres de toutes sortes. Enfin l’étage est consacré aux diverses ethnies vivant dans le Mexique actuel : nous sommes sous le charme …


mur peint de Cacaxtla

masque toltèque

la salle aztèque et la piedra del sol

maquette et peinture de Tenochtitlan


salle toltèque avec un des atlantes de Tula


maquette du marché de Tenochtitlan


salle olmèque 



masque funéraire en jade

Mais en sortant de ce magnifique musée la météo nous rattrape : nous devons rester près d’une heure sous un abribus pendant qu’un déluge d’eau recouvre les chaussées et les trottoirs : impossible d’avoir un bus car le Paseo de la Reforma est bloqué par la police en raison des manifestations : c’est donc à pied que nous regagnons l’hôtel à la faveur d’une accalmie mais ... complètement trempés !!

Nous décidons de nous promener le lendemain en direction du centre ville : plus on approche du Zocalo et plus la foule augmente ; et la place elle-même a totalement disparue sous les tentes où campent les grévistes : de grandes bâches bleues sont tendues au-dessus pour les protéger tant bien que mal de la pluie. Comme cette occupation dure depuis plusieurs jours maintenant, le maire a fait installer des sanitaires pour que cela ne dégénère pas en une sorte de bidonville, mais les commerçants alentour commencent à perdre patience car la place est difficile d’accès : nous montons déjeuner en terrasse d’où nous avons une vue plongeante sur le Zocalo, le Palais National et la cathédrale.


le Musée des Beaux Arts et la tour latinoaméricaine



dans une rue piétonnière du centre


"chamanisme" sur le Zocalo

le Zocalo sous les bâches

Vue du Zocalo et du Palais Présidentiel depuis une terrasse

le parvis de la cathédrale échappe à l'envahissement ...

Nous repartons vers le Musée des Beaux-Arts qui lui aussi, où plutôt l’esplanade qui le précède, est le théâtre d’une manifestation … originale : tout un groupe d’hommes en slips ou maillots de bain, avec la photo d’un homme politique (peut-être leur député?) en guise de "feuille de vigne" dansent au son d’une musique : des affiches expliquent qu’il s’agit de paysans des « 400 pueblos » qui essayent de cette façon de se faire entendre ! Et ils réussissent car beaucoup de monde s’arrête un moment !!! Nous repartons vers le Paseo de la Reforma : fermé aux voitures, et c’est un vrai plaisir de s’y promener tranquillement.  



Le lendemain, nous partons en visite dans les quartiers de San Angel et Coyoacan : il s’agissait autrefois de deux bourgades distinctes, à quelques distances de Mexico qui les a aujourd’hui complètement "englobés" mais qui ont gardé malgré tout un côté "petite ville" pas désagréable ; à San Angel s’étaient installés des couvents dominicains et carmélites après la conquête : le quartier en a gardé le calme et plusieurs églises. Coyoacan a plutôt accueilli au fil du temps une population d’artistes.


rue tranquille du quartier San Angel


place centrale du quartier de Coyoacan

Ce sont en tout cas deux quartiers où il est agréable de se promener, malgré les voitures toujours omniprésentes ; petites places ombragées, façades coloniales, nous déambulons de la Plaza San Jacinto jusqu’au Jardin Centenario au centre de Coyoacan. Puis nous allons visiter le Musée de l’artiste peintre Frida Kahlo (1907-1954) installé dans la maison où elle vécut une bonne partie de sa vie avec son mari Diego Rivera, lui aussi peintre et célèbre en son temps (nous n’en avions jamais entendu parler !)


maison/musée de Frida Kahlo


C’est une des plus célèbres artistes du pays et quelques unes de ses œuvres sont exposées. De sensibilité de "gauche" les deux époux ont souvent accueilli de nombreux artistes étrangers mais Frida Kahlo est aussi une femme qui a beaucoup souffert des séquelles d’une poliomyélite et surtout d’un terrible accident de la route : c’est durant les longs mois qu’elle dut passer allongée qu’elle se lança dans la peinture : elle avait un style bien à elle et ses auto-portraits sont particulièrement impressionnants.

Le couple a accueilli Trotsky à son arrivée au Mexique avant qu’il n’achète une maison dans le même quartier. Nous allons jusque là visiter sa demeure où il ne vécut que quelques mois : simple petite maison, elle devint une sorte de «camp retranché» avec grands murs, fenêtres bouchées et maison de garde après plusieurs tentatives d’assassinat sur l’ancien chef de l’Armée Rouge. Mais c’est finalement par une personne infiltrée dans son cercle d’intimes qu’il devait être tué … Lui et plus tard sa femme sont enterrés là, dans le jardin, bien loin de leur pays …


maison de Trotsky

et sa tombe dans le jardin

Et nous voilà au terme de notre séjour au Mexique mais nous sommes bien inquiets pour parvenir à l’aéroport car les manifestations semblent s’intensifier et des blocages de grandes artères de la capitale ont lieu chaque jour. C’est donc à 6 heures du matin que nous prenons un taxi pour finalement parvenir sans encombre à l’aéroport où il ne nous reste plus qu’à patienter jusqu’à 10 heures … 


en attendant, dans l'aéroport ...

Arrivés à Cancun, nous y faisons halte pendant quelques heures avant de quitter définitivement - pour cette fois ! - le sol mexicain …  mais nous sommes loin d’avoir fini notre périple, même si nous devons l’arrêter là pour quelques mois ; c’est donc, nous l’espérons, un simple "au revoir America"  …

Comment résumer un séjour d’un an et demi en Amérique Latine : impossible ! Nous avons d’abord eu la chance de ne pas avoir de pépins sérieux, tant nous-mêmes que pour le camping-car, ce qui nous a permis d'en profiter un maximum, même si nous sommes loin d’avoir tout vu ! Nous avons découvert tous ces pays, à la fois proches entre eux - en tout cas par la colonisation espagnole - et pourtant si différents, tant géographiquement que par leurs traditions … et çà a été pour nous une formidable aventure !

Impossible également de répondre à la question «qu’est-ce qui vous a plu le plus ?» Hormis les chutes d’Iguaçu (à voir impérativement du Brésil et de l'Argentine) et le Machu Picchu qui sont absolument magnifiques, nos souvenirs sont remplis de multiples détails ou anecdotes qui ont donnés à ce voyage toute sa saveur : nous n’avons qu’une hâte, c’est, dès que possible, repartir sur les routes …

A bientôt !