Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







mercredi 17 décembre 2014

La Nouvelle Orléans et le pays cajun

du 27 Novembre au 5 Décembre 2014

Et nous voici en Louisiane, le seul état américain qui garde, par son nom, un petit air de France …

C’est Cuvelier de la Salle qui explore cette partie du continent et qui lui donne ce nom en l’honneur du roi Louis XIV en 1682 ; en 1699, Pierre LeMoyne d’Iberville fonde Biloxi (actuellement sur la côte de l’état du Mississippi) qui devient la 1ère capitale de la Louisiane : à cet époque, celle-ci va de la région des Grands Lacs au nord jusqu’au golfe du Mexique !

En 1718, c’est la fondation, par LeMoyne de Bienville, de la Nouvelle Orléans qui devient capitale en 1722 ; à la suite de la guerre de Sept Ans, la France cède le Canada aux Anglais et la Louisiane aux Espagnols, mais ceux-ci la lui restituent en 1800 et en 1803, Napoléon la vend aux Etats-Unis.

En réalité, à cette époque, il y a peu de colons français en Louisiane mais en 1806, une forte immigration de créoles d’origine française et espagnole en provenance d’Haïti et de Cuba s’y installent avec leurs esclaves et créent de grandes plantations, en particulier de cannes à sucre. 

Et en 1812, la Louisiane devient officiellement le 18ème état américain.

Après le passage de la frontière, nous partons rapidement vers la Nouvelle Orléans. Surnommée "Big Easy" c’est une ville aux multiples racines : amérindienne, créole, haïtienne, africaine, espagnole … c’est aussi le berceau du jazz (Louis Armstrong et Sydney Bechet y sont nés) et sa situation géographique au cœur du delta du Mississippi en font une ville un peu à part  …


Arrivée sur la Nouvelle Orléans

En réalité, nous avons surtout l’intention de faire un tour au French Quarter, berceau de la ville et zone relativement préservée par l’ouragan Katrina. Du quartier Algiers où nous sommes garés, nous y arrivons presque directement par un ferry qui traverse le Mississippi ; il fait frais et c’est Thanksgiving : c’est un peu dommage car certains magasins sont fermés, mais d’un autre côté, il y a moins de monde …


en arrivant avec le ferry

le long de la berge du Mississippi

Toulouse Street !

Autour du Jackson Square où s’élève la cathédrale flanquée du Cabildo et du Presbytère qui abritent maintenant des musées, c’est un ensemble de petites rues en damier où domine une architecture délicate, de type créole : petits immeubles aux balcons de fer forgé supportés par de fines colonnes et jardinets luxuriants.


le Jackson Square et la cathédrale

Joueurs de Jazz




au long des rues du French Quarter


Nous nous promenons au hasard des petites rues qui s’animent peu à peu : des chanteurs de rues, des diseurs de bonne aventure, quelques clochards et bien sûr des touristes déambulent dans Bourbon St, la rue Royale ou Toulouse St ! Nous allons bien sûr contempler le Mississippi et poussons jusqu’au quartier Marigny aux jolies petites maisons pastel. 


maisons aux couleurs pastel et balcons ouvragés



 En ce jour de Thanksgiving, nous avons l’intention de goûter la cuisine louisianaise, elle aussi un mélange de différentes influences : amérindienne, caribéenne, française, espagnole, africaine qui lui donne sa spécificité par rapport au reste du pays.

Nous nous attablons devant un jumbalaya et un gumbo de crevettes fort appétissants … le premier est un plat à base de riz "à la créole" agrémenté de jambon et saucisses avec les éléments de la Sainte Trinité  : céleri, poivrons et oignons, le tout fortement épicé ! Le second est lui aussi servi avec du riz, les crevettes étant cuites dans une sauce épaisse aromatisée des mêmes éléments avec prédominance cette fois de la tomate !

Ce n’est pas mauvais du tout mais c’est hot !!! Heureusement que nous avions demandé "medium" pour les épices car nous ne sommes pas tellement habitués, malgré notre séjour au Mexique  ! Mais c’était tout de même très bon … sans comparaison avec le hamburger de toute façon !

Nous ne savons pas si Bourbon St doit son nom à l’alcool bien connu ou au nom de nos rois, mais les bars y proposent une palette de boissons et de cocktails assez impressionnante : c’est d’ailleurs là que se niche le plus vieux bar des Etats-Unis ! Nous préférons ne pas nous laisser tenter car il faut tout de même rentrer ! 


en remontant Bourbon Street


orchestre de rue


Il serait le plus vieux bar des Etats-Unis !

Après une promenade digestive et tranquille au quartier Marigny, nous retournons au ferry : les journées sont courtes à cette période de l’année et à 17 h 00 il fait déjà sombre. Nous passons une bonne nuit sur notre parking mais préférons en rester là concernant la Nouvelle Orléans : il y a sûrement beaucoup d’autres choses à voir et surtout à entendre, mais les villes américaines sont tellement "étalées" que nous nous contentons une fois encore d’en visiter le cœur historique.


dans une rue du quartier Marigny


Parade de Thanksgiving




Pont sur le Mississippi

Nous allons maintenant faire connaissance avec le pays cajun et ses bayous et nous dirigeons vers Thibodaux : c’est amusant de retrouver ces noms qui fleurent bon le français en plein cœur des USA ! La petite ville est installée à côté du bayou Lafourche  et possède un petit musée de l’histoire cadienne qui nous permet faire connaissance avec ses particularités.


Au Musée cadien : carte des tribulations acadiennes suite au Grand Dérangement

Le bayou Lafourche à Thibodaux

maisons acadiennes à Thibodaux

Le mot bayou, qui vient du dialecte indien choctaw "bayuk" signifiant serpent, sinuosité, est une étendue d’eau formée par les anciens bras et méandres du Mississippi, au courant très lent. Lorsque les Acadiens de Nouvelle Ecosse au Canada furent chassés par les Anglais en 1755 lors du Grand Dérangement, une partie d’entre eux, après beaucoup de péripéties et surtout de souffrances, s’installèrent dans cette partie de la Louisiane, plutôt pauvre et délaissée par les créoles. Au fil du temps, acadien devient cadien et cajun en anglais. 

Leur présence est surtout perceptible dans la toponymie, les noms de famille et de villages car le français ayant été interdit dans les écoles au début du XXème siècle, très peu aujourd’hui le parlent, sinon les personnes âgées l’ayant appris avec leurs grands-parents ! Maintenant, les enfants peuvent l’apprendre à l’ école mais comme n’importe quelle langue étrangère et c’est bien dommage que se perde cet accent et ce vocabulaire un peu particulier … 


Paysages le long du bayou

champs de canne à sucre

et usine de transformation


Nous remontons vers Lafayette : champs de canne à sucre et petits villages : Charenton, Sorel, Jeannerette … et allons au camping de l’Acadiana State Park ; beaucoup de monde pour ce long week-end de Thanksgiving mais installation agréable dans la forêt. 

Nous y faisons la connaissance d’Allen et Monica : lui parle le français cadien et nous comprenons bien malgré l’accent ! Très gentiment, ils nous offrent du gumbo "fait maison" et un dessert à base d‘ananas : c’est vraiment très bon, même si le gumbo est un peu épicé ! 


Avec Monica et Allen au camping de Lafayette

Le lendemain, nous allons nous promener le long du bayou : toujours beaucoup d’oiseaux mais aucun crocodile ne montre son museau ! Nous rencontrons également un couple de québécois partant vers le sud car il commence à faire bien froid maintenant au Canada : ils ont eu du gel à plusieurs reprises en descendant !


en promenade le long du bayou 


Nous prenons ensuite la route vers Breaux Bridge et allons jusqu’au lac Martin : toujours ces cyprès coiffés de mousse espagnole qui poussent dans l’eau : au coucher du soleil, cela donne un tableau un peu spécial … Nous y restons pour la nuit et sommes réveillés à l’aube par les pêcheurs venant mettre leurs bateaux à l’eau : même les embarcations sont camouflées …


Vue du Lac Martin


coucher de soleil au bord du Lac Martin

pêcheur et barque en tenue camouflée !

Nous revenons sur Breaux Bridge et son "pont levant" et faisons un petit tour dans la ville : la dame du Visitor Center parle le français et c’est vrai que pour nous c’est très agréable ; après cette petite promenade, direction Opelousas et Ville Platte et nous nous arrêtons au Chicot State Park pour la nuit.


Le bayou Teche à Breaux Bridge

le pont se lève quand l'écrevisse serre ses pinces !!!


un peu de français sur les panneaux !

Il y a peu de monde et on se sent un peu oppressé par cette forêt au bord du lac Chicot : ces eaux presque stagnantes, aux rives recouvertes de mousses et de nénuphars, avec ces arbres aux racines immergées,  ont quelque chose d'un peu inquiétant : on n’aimerait guère y tomber dedans ! 


sur les berges du lac de Chicot 

vision furtive au crépuscule

et bain de soleil sur le lac !

le photographe a lâché son appareil !

Mais il commence à faire frais et nous redescendons par Mamou (mais le Fred Lounge est fermé !) et Eunice où nous allons visiter un petit musée de la musique cadienne où une mamie adorable nous raconte en français les "Mardi Gras" (fête très importante en pays cajun) et les bals de sa jeunesse : nous lui achetons un CD en souvenir de cette petite escale !





le petit Musée d'Eunice


En redescendant, nous passons par Rayne qui s’est proclamée Capitale Mondiale de la Grenouille ! Effectivement, presque chaque maison a devant sa porte une petite statue de grenouille, avec chacune un habillement et une posture différente : c’est assez humoristique, mais nous n’avons pas pensé à leur demander s’ils en mangent …



Et nous voilà de retour à LaFayette où nous voulons visiter le village acadien de Vermilionville : une reconstitution d’un ancien village cadien avec d’anciennes maisons qui ont été sauvegardées et regroupées là et des figurants qui travaillent « à l’ancienne » le coton, le bois, le patchwork … Nous allons voir le film retraçant l’épopée des Acadiens depuis leur installation en Nouvelle Ecosse, leur déportation et la réinstallation d’un certain nombre d’entre eux en Louisiane : de très belles images, mais peut-être un peu mélodramatique …


les trois "racines" de cette région de Louisiane

ancienne maison acadienne

vieux métier à tisser

ancienne salle de classe et son musicien ...

interdiction du français pendant près d'un siècle !



maison acadienne avec la chambre des garçons (ou des invités) accessible par l'échelle extérieure


Nous terminons notre séjour en Louisiane par une découverte de sa côte ouest : les sédiments apportés par le Mississippi ont créés toute une zone encore très marécageuse, peu habitée - sauf des maisons sur grands pilotis où nous n’aimerions guère subir les caprices de la météo sur cette partie du Golfe du Mexique ! 


le long de la côte de Louisiane


et toujours de nombreux bayoux ...

maison sur pilotis 


Nous y passons une nuit, environnés par le brouillard et cernés par les moustiques, mais très au calme. 


toujours des maisons sur pilotis, face au golfe du Mexique


réparation au petit matin, dans le brouillard ...

Et maintenant, en route vers l’ouest : le Texas est à deux pas !