Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







vendredi 27 avril 2012

Le Nord Chili - 2ème partie




de Pabellon de Pica au Paso del Cristo Redentor (du 9 au 17 Avril 2012)


Nous quittons notre petit séjour «balnéaire» pour reprendre notre descente vers le sud ; nous longeons toujours la côte : petits villages où maisons isolées dans un décor rocheux avec de toutes petites anses où les gens viennent ramasser des algues, la vie ne doit pas y être facile tous les jours.

En quittant Pabellon de Pica

cabanes le long de la côte

Nous y voyons aussi beaucoup d'oiseaux, de mer bien sûr mais également des «jotes» ou urubus à tête rouge et des sortes de pélicans, oiseaux à long becs que nous avions pu observer également à Pabellon de Pica …et ainsi jusqu'à Antofagasta, la grande ville du nord Chili et un port important. Nous hésitons à nous y arrêter pour la nuit et finalement continuons notre chemin.

Un petit arrêt au bord du Pacifique

village entre océan et désert
Arrivée sur Antofagasta
A partir de là, la route s'enfonce dans les terres …où plutôt toujours dans le désert mais pas de village où s'arrêter ; tout est nu hormis quelques pistes qui mènent à des mines. Nous finissons par échouer sur un parking d'une station-service à la nuit tombante : nous sommes épuisés et las du désert !

Etrange sculpture en plein désert !
Le lendemain nous reprenons notre route qui nous ramène une nouvelle fois vers l'océan ; nous nous arrêtons dans un petit village pour manger - on se croirait un peu au Far West : le ruban bitumé de la Pan Am qui coupe le village, de petites maisons basses avec des rues en terre et la montagne qui domine le tout - puis nous continuons notre chemin jusqu'à Caldera.

Une sierra noire

mine perdue dans le désert

Nous pensions nous reposer un peu dans un camping en bord de mer mais les prix sont prohibitifs : 10.000 pesos (soit près de 18 euros) par personne et par nuit, alors même qu'ils sont vides !!! Nous continuons notre chemin jusqu'à Copiapo où nous trouvons à remplir notre bouteille de gaz et nous retournons sur une aire de station-service ; nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls : cette fois, c'est un jeune allemand avec son Westfalia, arrivé lui aussi par Grimaldi en novembre dernier et nous causons un peu en anglo-espagnol !!

La sierra colorada

Le lendemain, route vers la Serena ; on retrouve un peu de verdure, bien maigre encore mais finies les grandes étendues désertiques ; la Serena est une ville agréable et aérée, au fond d'une grande baie ; là encore, nous ne trouvons pas de camping et nous nous arrêtons sur le parking d'une station-service, comme d'habitude ! Celle-ci surplombe la mer : nous pourrions être plus mal installés !!!

En arrivant sur la Serena

Pour changer un peu de la côte, nous partons faire un petit tour en direction de Vicuna ; la route s'enfonce entre les montagnes en suivant le petit fleuve Elqui que borde une vallée verdoyante, ce qui nous change un peu ! Mais le temps est orageux et frais et nous recevons quelques gouttes lorsque nous nous arrêtons au barrage ; nous poursuivons néanmoins jusqu'à Vicuna - où est née Gabriella Mistral, poétesse chilienne, prix nobel de littérature entre les deux guerres : en réalité, nous n'en avions jamais entendu parler avant de venir au Chili, contrairement à Pablo Neruda !

Vallée de l'Elqui
la place

la tour en bois


et une rue
de Vicuna dans la vallée de l'Elqui
Nous déjeunons dans la petite ville mais les nuages s'amoncèlent sur les sommets et nous renonçons à pousser jusqu'au village de Pisco Elqui d'où viendrait le fameux Pisco, apéritif national car il est à plus de 2000 mètres d'altitude et nous craignons un orage ; comme beaucoup de vallées au Chili, elle est sans issue, hormis une piste qui part dans la montagne ; nous rebroussons donc chemin vers la mer et nous arrêtons sur le petit port du village de Tongoy ...
 …
la flotille de pêche
et le retour des pêcheurs
Où nous sommes accueillis, à peine sortis du camping-car par des conchyliculteurs du bassin de Thau venus rencontrer leurs homologues chiliens ! Nous faisons un peu causette, mais ils ont un emploi du temps très chargé et nous les laissons à leurs occupations ; nous allons de notre côté faire un tour sur le petit port et nous promener sur la plage avant de faire une promenade dans la ville.

Pégase et moi entre port et plage

Après une matinée bien tranquille à regarder les oiseaux de mer venir manger sur la grève, nous allons nous offrir quelques fruits de mer arrosés d'un pisco sour dans un petit restaurant au bord de la plage ; nous allons bientôt quitter le Chili et si nous avons déjà mangé du poisson, nous n'avons pas encore savouré quelques fruits de mer ; c'est donc chose faite et les parts sont très copieuses !

enfin une photo d'un urubu à tête rouge !

Nous repartons vers la frontière par le chemin des écoliers : nous allons faire un tour par Ovalle - région viticole également - et de nombreuses petites vallées, tantôt bien verdoyantes, tantôt sèches et uniquement couvertes de cactus : ce ne sont pas les cactus candélabres du nord de l'Argentine ; ceux-ci sont plus petits avec de belles fleurs rouges …mais avec de nombreux piquants !
vallée fertile

et vallée sèche dans la région d'Ovalle

et un superbe cactus en fleur !

Nous voulions camper à Los Vilos mais le camping est trop difficile d'accès pour Pégase ; nous finissons une nouvelle fois la journée sur un parking de station-service et là encore, nous ne sommes pas les seuls ! Le lendemain, c'est la route vers Los Molles où nous déjeunons face à la mer ; nous voilà près de la frontière et le lendemain nous nous dirigeons vers Los Andes : avant de franchir le col nous faisons intervertir les pneus avants un peu fatigués avec ceux du train arrière, puis quelques courses, et nous revoilà au pied du col où nous passons la nuit, comme la dernière fois.

il commence à y avoir de la neige sur les sommets  

Enfin, le 17 au matin, nous attaquons la grimpée ; de la neige est tombée sur les sommets depuis notre précédent passage, et le temps est plus frais en altitude, mais Pégase refait le chemin sans problème et à l'issue des 30 «curvas» nous arrivons à l'entrée du tunnel, on voit qu'il y a eu une chute de neige assez récemment, même s'il n'en reste presque rien.

et encore plus à l'entrée du tunnel

Voilà notre périple au Chili, qui s'est déroulé en trois parties pour une durée totale d'un mois, maintenant définitivement terminé. Dans chacun de nos passages, il y a eu des sites que nous avons aimé : Valparaiso tout d'abord, qui nous a enchanté, mais également le Paso de Jama et San Pedro de Atacama au nord, sans oublier Puerto Natales et le Parc des Torres del Paine dans l'extrême sud. Le temps n'a pas toujours été de la partie, en particulier dans la région des lacs, mais nous sommes globalement satisfait de notre séjour, même si nous ne pensons pas avoir l'occasion d'y revenir.
Adios Chile !

lundi 16 avril 2012

Le Nord Chili - 1ère partie




du col de Jama à Pabellon de Pica (du 2 au 9 Avril 2012)

Après le passage du col, nous restons encore longtemps sur le haut plateau ; de ce côté-ci de la frontière, il y a de moins en moins de végétation et pour finir le décor devient essentiellement minéral avec, en toile de fond, les hauts sommets enneigés : c'est un paysage âpre mais de toute beauté.


Nous passons non loin du salar de Tara, dépression lunaire, puis croisons les Monjes de la Pacana, roches étranges taillées par le vent ;



on a l'impression d'être dans un autre univers : quasiment pas de voitures sur la route, pas un animal et lorsque l'on s'arrête, pas un bruit, pas un chant d'oiseau ni un bruit d'insecte : c'est assez incroyable ! Et, à un détour de la route, c'est le volcan Licancabur en forme de cône parfait qui nous domine de ses 5.916 mètres.
 …

Enfin, c'est la grande descente sur San Pedro de Atacama : la route est quasiment en ligne droite et descend par des sortes de paliers ; ils ont prévu de nombreuses «salida de emergencia» et heureusement car si les freins lâchent.. … Le bureau des douanes est à l'entrée de San Pedro, soit environ 150 km de la frontière ! Il y a du monde pour un si petit poste mais cela va relativement vite et il ne nous reste plus qu'à trouver le camping ; après quelques tours et détours dans la petite ville, sur des rues en terre où nous soulevons, comme les autres, un nuage de poussière, nous arrivons enfin à destination.
 …
Inutile de dire que cette étape de près de 400 km avec des changements d'altitude de près de 2000 mètres nous a mis KO ! Dès le lendemain, pendant qu'Alain bricole encore sur le frigo - il faut absolument le remettre en marche, au moins avec le gaz ! - je pars à la recherche d'un distributeur car nous avons très peu d'argent chilien, puis faire quelques courses ; eureka ! le frigo refonctionne avec le gaz : avec les tonnes de poussières avalées depuis notre arrivée en Argentine, et malgré quelques précédents nettoyages, le brûleur avait besoin d'un traitement plus approfondi ! C'est vraiment un soulagement !!


L'après-midi nous partons nous promener dans San Pedro, petite ville de près de 5000 habitants posée dans une sorte d'oasis au milieu du désert. C'est peu dire qu'elle est touristique ! Dans chaque rue boutiques de souvenirs, restaurants, cafés et agences de tourisme se succèdent ; les passants, jeunes routards ou visiteurs en voyages organisés emplissent les rues de la petite ville.


Berceau de la culture atacamène, du nom de la tribu indienne qui vivait ici bien avant l'arrivée des Espagnols, c'est vrai qu'elle dégage un certain charme, même s'il est un peu dommage que nous, touristes, y soyons si nombreux. … Avec sa petite église et sa mignonne petite place ombragée, ses petites rues en terre bordées de maisons en pisé, elle a su garder une certaine personnalité. Heureusement, les rues centrales sont piétonnières sinon elle serait irrespirable !!!
Nous sommes à 2440 mètres d'altitude et si les journées sont chaudes - bien qu'un peu voilées, ce qui n'est pas plus mal - les nuits sont agréablement fraîches ; nous y restons le lendemain pour en profiter encore un peu tranquillement puis le 5, nous reprenons la route pour le salar que nous longeons depuis une route à peu-près goudronnée. Après cette promenade, nous grimpons dans la montagne jusqu'au petit village de Socaire où nous déjeunons.

Vue sur le Salar


la petite église de Socaire
Pour partir vers le nord nous devons repasser par San Pedro et nous préférons y faire le plein ; malheureusement, il y a une seule pompe et elle est en réparation ; nous sommes donc toute une file de voitures, minibus etc.. à faire la queue pendant près d'une heure ! Enfin, nous prenons la route pour Calama : elle s'étire dans le désert ; pas un buisson, pas un oiseau, des cailloux où une sorte de terre parfois très blanche …un paysage …dont on se lasse vite. Les quelques agglomérations que nous voyons sont des sortes d'oasis et nous voilà à Calama ; on ne peut pas dire que la ville soit très attrayante ; elle jouxte la fameuse mine de cuivre de Chuquicamata, la plus importante au monde. Et c'est d'ailleurs dans la petite agglomération de Chuquicamata que nous passons la nuit.

En roulant vers Calama
Difficile de dire, au milieu de ces collines, celles qui sont naturelles et celles qui sont du au travail de la mine mais le paysage n'est guère folichon. Nous reprenons la route vers Iquique le lendemain et c'est toujours le désert.



Nous sommes bien descendus en altitude : nous sommes dans la plaine entre les Andes et la cordillère qui suit l'océan et nous remontons vers le nord : nous avons retrouvé la PanAm, mais par endroits elle est bien abîmée, il faut même faire des portions de «pista» !

même la PanAm est fatiguée !
une oasis sur la route d'Iquique

Après des heures et des heures de désert, sans le plus petit buisson à l'horizon, nous arrivons dans une zone où on été planté des arbres de la famille des tamaris sur une terre blanche : on se demande vraiment comment ils survivent ; nous nous arrêtons là pour la journée car il fait très chaud et nous y trouvons un peu d'ombre.

Une halte dans la nature
Un petit voisin de 30 cm de long !
Nous sommes maintenant dans la 1ère région du Chili, celle qui est à plus au nord et qui jouxte le Pérou et la Bolivie - les régions sont classées par numéro en commençant par le nord - celle-ci ainsi que la 2ème n'ont pas toujours été chiliennes mais en grande partie boliviennes jusqu'à une guerre de la fin du XIXème, gagnée par le Chili qui s'est donc emparé de l'accès à la mer de la Bolivie et du même coup des richesses du sous-sol dont le cuivre et, surtout à l'époque, le salpêtre.

En effet, le désert d'Atacama couvre globalement les 3 régions nord du Chili et c'est vrai que c'est bien long quand on les traverse ! Après notre petit bivouac dans la nature, nous continuons jusqu'à Iquique ; mais juste avant d'y arriver, nous allons visiter la ville morte d'Humberstone : construite à partir de 1860 autour d'un gisement de salpêtre, elle doit son nom à l'ingénieur britannique James Humberstone «père du salpêtre». Elle a compté jusqu'à 7000 habitants et a connu de nombreuses modifications au cours de son histoire - en particulier de nombreuses améliorations pour la vie de ses ouvriers en 1936, lors du «front populaire» chilien : marché, magasins, piscine, théâtre, hôpital …puis elle a définitivement été abandonné vers 1960.

le marché avec sa fontaine et son horloge

la place centrale et son hôtel

Heureusement, le désert a ralenti son anéantissement et elle fait maintenant l'objet de mesures de conservation au titre du Patrimoine ; c'est assez émouvant de se promener dans cette ville morte cernée par le désert ; elle est d'ailleurs loin d'être la seule dans le désert d'Atacama.

les maisons des ouvriers


Ce qui reste de l'usine ...

une vue de la ville

Nous en profitons pour goûter notre premier «mote de huesillo» car nous avons le gosier un peu sec en sortant ! Il s'agit d'une «boisson» typique chilienne : dans un grand verre, une louchée de grains de blé germés, sur lesquels sont versées des pêches confites, le tout copieusement arrosé de sirop de pêches ! Il y a donc à boire et à manger, et ce n'est pas mauvais ...… bien qu'un peu sucré tout de même !

Nous continuons ensuite notre route sur Iquique, au bord du Pacifique, où nous voulons faire quelques courses car demain c'est dimanche et jour de Pâques. Quelle ville étonnante ! Nous pensions être dans la ville quand nous n'étions que dans les hauts faubourgs ! Ensuite, on descend le long d'une pente qui longe la falaise sablonneuse qui domine la ville. C'est une langue de terre coincée entre l'océan et la montagne, le tout dans le sable du désert ; quand nous arrivons, certains montent et d'autres redescendent la falaise sableuse à pied : ils suivent un chemin de croix et il est drôlement ardu, sans compter la chaleur ! Heureusement, avec l'océan un petit air frais souffle. Impossible de les prendre en photo car il faudrait être beaucoup plus loin pour avoir la totalité de la falaise dans l'objectif mais on ne les verrait pas plus que des fourmis !

Iquique
que surplombe ses falaises
Nous sommes arrivés à notre point le plus au nord du Chili : Arica, la ville frontière avec le Pérou est encore à plus de 200 km mais nous sommes un peu las du désert. …Nous prenons donc la route de la côte qui descend sur Antofagasta ; çà change un peu de l'intérieur : ici, il y a l'océan, la route et la montagne et bien sûr, aucune végétation ! C'est même parfois un peu oppressant cette montagne qui nous surplombe. Quelques petits villages, parfois quelques cahutes seulement le long de la route coincés entre les rochers. Nous nous arrêtons à un endroit un peu plus «large» : une petite baie avec un petit port : Pabellon de Pica ; nous nous installons sur la grève, comme d'autres sont installés là avec leurs tentes pour le week-end de Pâques ; pas de sable, mais c'est tranquille, avec les montagnes qui forment une énorme barrière au-dessus de nous et nous y restons deux jours pour se reposer un peu et prendre le soleil avec l'air frais de l'océan.

Pabellon de Pica