Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







jeudi 24 février 2011

Des Gorges du Ziz à Marrakech


Nous quittons de bonne heure le petit camping de Tissirt pour nous diriger vers les Gorges du Ziz qui s'étirent sur une cinquantaine de kilomètres environ, jusqu'au tunnel de Foum Zabel dit du Légionnaire car il aurait été réalisé par la légion vers 1927.

Après avoir quitté Errachidia, on longe le lac de barrage Hassan-Addakhil

puis la route grimpe les contreforts du Haut-Atlas avant de redescendre dans les gorges du Ziz, parfois assez évasées où se nichent des palmeraies,

parfois beaucoup plus étroites.


Ne voulant pas continuer au-delà des gorges dans la direction du nord, juste après le tunnel,

nous redescendons par la même route vers Errachidia avant de nous diriger vers Goulmima.

Cette petite virée en valait la peine, mais si le site est beau, il n'est pas grandiose. Nous attendons de découvrir les gorges du Todra et du Dadès pour comparer. En attendant, nous faisons une halte de 3 jours à Goulmima : le camping est en centre ville, proche de la palmeraie. Tenue par une française Michèle, il est agréable et bien aménagé. Elle nous propose une excursion avec un guide dans la palmeraie et le ksar toujours habité.

Nous partons donc le lendemain avec notre guide au long de la palmeraie : nous commençons à nous y connaître ! Nous longeons les minuscules parcelles cultivées, longeons les petits canaux d'irrigation, contournons les immenses palmiers, les oliviers, les tamaris : il fait frais et en été, ce doit être bien agréable de circuler sous ces ombrages.

Nous nous dirigeons ensuite vers le ksar, véritable forteresse en pisé - un des plus impressionnant de la région - et à la suite de notre guide, nous flânons dans les ruelles couvertes, montons sur les toits admirer la vue,

visitons une demeure avec son étable en rez-de-chaussée - pas de chauffage nécessaire pendant l'hiver - le four à pain que chaque famille utilise toujours, puis l'ancien quartier juif ou mellah, déserté peu à peu, comme beaucoup au Maroc, après la création d'Israël. Un canal d'irrigation passe dans le ksar ou les femmes viennent laver le linge. Deux fontaines approvisionnent le ksar en eau potable. Une petite place sert d'étable à ciel ouvert



Après ce tour du village, nous allons chez notre guide : son épouse - qui ne parle que le berbère, ce qui ne permet pas de discussion et c'est bien dommage - nous offre le thé avec du pain frais et de l'huile d'olive. On trempe un morceau de pain dans l'huile et on le mange en sirotant son thé à la marjolaine, et c'est bien bon !

Normalement, le ksar devrait être rénové : certaines choses ont été faites, mais pas suffisamment. Il y a pourtant beaucoup de monde qui habitent ici : environ 250 familles soit près de 1600 personnes d'après notre guide - et malheureusement une partie tombe en ruine.

Le lendemain au matin vent tourbillonnant : on voit le sable s'élever et tournoyer avant de s'abattre en rafales. Moi qui voulait suspendre du linge ! Nous restons enfermés dans le camping-car et finalement vers midi, tout se calme et l'après-midi est très agréable, mais Pégase est couvert de sable !

Nous sommes maintenant le 18 et cela fait près de deux mois que nous sommes au Maroc et il nous reste tant à voir ! Nous partons de bonne heure pour rejoindre Tinerhir par la route des gorges de Gheris et du Todra : environ 130 km mais par des petites routes qui tournent dans la montagne. C'est un trajet magnifique ! Nous longeons d'abord de petites palmeraies qui accompagnent les méandres du Gheris,

puis nous nous élevons progressivement dans des paysages quasi désertiques,


traversant l'oued par de petits gués,

puis les gorges d'abord étroites,

puis de plus en plus évasées. On arrive sur de hauts plateaux, totalement désertiques ou l'on croise de temps à autres quelques troupeaux de chèvres qu'accompagne un berger. Nous déjeunons au milieu de nulle part, dans un univers essentiellement minéral.


Puis, nous poursuivons notre route, traversant quelques villages, croisant quelques voitures ou camionnettes qui approvisionnent les habitants et servent de bus. En fond de décor, les montagnes du Haut-Atlas, avec quelques sommets enneigés …

Nous arrivons au petit village de Tamtattouche qui marque le début des gorges du Todra. Perché à 1800 m d'altitude, avec ses maisons en pisé et ses petits champs cultivés, il semble au bout du monde. Nous longeons maintenant l'oued Todra

et nous parvenons à l'endroit le plus étroit du défilé : des falaises de 300 mètres d'à-pic surplombe la route et l'oued : tout simplement impressionnant !


Les couleurs rouges des rochers sur le fond bleu du ciel et le vert-gris de l'oued composent un tableau magnifique ! Surtout en cette saison où il n'y a pas trop de touristes : nous sommes pratiquement seuls. Bien sur il y a des commerces et des cafés qui rompent un peu le charme des lieux, mais il vaut vraiment le déplacement.

Ensuite, la vallée s'évase pour laisser la place aux cultures le long du fleuve, ce qui contraste avec les rochers dénudés qui le surplombe et doit être encore plus beau au printemps, lorsque les arbres sont en feuilles.

Nous arrivons à Tinerhir vers 16 h 00 soit environ 6 heures pour parcourir les 130 km mais nous en avons profité pleinement car la route est en bon état la plupart du temps.

Le lendemain, nous partons de bonne heure du camping et après quelques emplettes nous prenons la route vers Boumalne Dadès puis empruntons la route des Gorges : au départ, la vallée est assez large et on grimpe progressivement en traversant plusieurs villages sur fond de montagne d'une couleur rouge ou ocre, avec des kasbah en ruine et surtout des formations rocheuses tout simplement étonnantes.

Au fond de la vallée coule le Dadès, entouré de vergers d'amandiers en fleur, de peupliers encore dénudés et de minuscules jardins… Progressivement, la route s'enfonce entre des falaises de plus en plus hautes, puis nous grimpons en lacet au-dessus de gorges de plus en plus étroites.

Enfin, nous redescendons pour nous glisser dans un défilé très étroit

avant d'attaquer une nouvelle montée en lacet tout simplement spectaculaire - et éprouvante pour les nerfs du conducteur ! - pour nous élever au-dessus des gorges. On ne voit même plus la rivière qui coule en contrebas ! Nous sommes maintenant à plus de 2000 mètres d'altitude et traversons encore quelques villages perchés dans la montagne au-dessus des gorges, avant de faire demi-tour : au-delà, ce ne sont plus que des pistes pour les 4 x 4.


Inutile de préciser que la descente est tout aussi impressionnante ! Les Gorges du Dadès sont un des sites les plus célèbres du Maroc et vraiment à juste titre : c'est tout simplement ébouriffant ! Nous replongeons dans la vallée pour nous arrêter à Aït Arbi afin de nous remettre de nos émotions et nous nous attablons devant un bon repas à la terrasse de la "Kasbah Ait Arbi" : nous surplombons le Dadès, qui coule doucement au milieu des vergers en fleurs, face aux rochers ocres rouge de la falaise des singes.

Après le repas, le patron du restaurant nous suggère une promenade le long de la rivière. Par un petit pont de bois,

nous traversons la rivière, pour grimper jusqu'à un petit village niché contre la falaise des Singes,

puis nous la longeons jusqu'à un nouveau village et sa kasbah en partie en ruine

et redescendons dans les jardins où serpente un petit chemin qui nous ramène à la passerelle sur le Dadès. Il fait bon, les arbres sont en fleur, les petites parcelles mêlant fèves, luzerne, blé sont bien irriguées et entretenues, le décor qui nous entoure est tout simplement superbe, "c'est un petit paradis" comme nous l'a annoncé le très sympathique patron du restaurant.

Après avoir pris notre whisky berbère, nous lui faisons visiter le camping-car, ce qui lui fait très plaisir car je suppose qu'il n'en avait jamais vu un intérieurement, puis nous reprenons la route vers la vallée du Dadès. Le long de la route, des arbres en fleurs, quelques kasbahs en ruine puis peu à peu, nous retrouvons une zone désertique parcourue par quelques troupeaux de chèvres et même quelques dromadaires.

Nous arrivons enfin à Skoura où nous nous installons au camping de la palmeraie dominé par les sommets de l'Atlas.

Après une matinée tranquille, nous partons avec un guide et un autre couple de camping-caristes faire la visite de la palmeraie et de la kasbah d'Amerdihil. Nous allons être bientôt des spécialistes en palmeraie, d'autant que le guide nous la fait parcourir à fond : 4 heures ininterrompues à parcourir un lacis de chemins étroits

qui desservent des cultures : fèves, persil, fenouils, navets et carottes, entre des haies d'églantiers, de figuiers, de pêchers et d'amandiers en fleurs, quelques orangers et bien sûr des palmiers-dattiers.

C'est une promenade bucolique, avec, en fond les sommets enneigés du Haut-Atlas. La palmeraie est bien sûr parsemée de douar ou villages, chacun ayant sa ou ses kasbahs toutes plus ou moins en ruine.

La kasbah d' Amerdihil, impressionnante par sa taille et remarquable par sa décoration extérieure - elle figurait sur les anciens billets de 50 dh - aurait été bâtie par le maître du Coran du Glaoui. C'est une des rares kasbahs encore habitée, du moins en été. Ses dimensions sont imposantes, mais une partie est en ruine, à l'exception du logis principal, flanqué de quatre tours et qui a été restauré.

Après avoir franchi la porte, on arrive dans un patio planté de figuiers, palmiers, oliviers avec au centre une fontaine. Au rez-de-chaussée, salon pour recevoir, les cuisines et le "bureau" du propriétaire, au-dessus, les terrasses desservant les chambres - on dirait des cellules de moines ! - la mosquée et l'école coranique. Hormis le salon protégé par les terrasses, les pièces ne comportent pas de fenêtres, mais de simples petits soupiraux fermés par des moucharabiehs ! Toute la construction est en pisé, plafonds en bois de palmiers ou tamaris, ce qui explique sa fragilité et le nombre important de ruines que l'on rencontre.

Dès le lendemain, nous poursuivons notre route et arrivons à Ouarzazate. Après un petit tour dans la ville, vivante et très aérée - elle a été créée en 1928 par les Français et est restée longtemps une simple ville de garnison. Elle doit son développement actuel au tourisme - elle est aux portes des oasis du sud - et à l'industrie du cinéma. Nous allons donc visiter les studios où ont été tournées des scènes de différents films et contempler les décors

et surtout leur envers

c'est une visite plutôt amusante.

Nous poussons jusqu'au village d'Aït Ben Haddou, toujours dans la direction de Marrakech. C'est l'un des ksour les mieux conservés du sud, bien qu'il ait eu a subir des pluies torrentielles qui ont partiellement abîmé cet ensemble fait de pisé et de roseaux. Des travaux de restauration sont en cours mais prendront des années et il y a de moins en moins d'habitants, qui ont préférés s'installer dans le nouveau village. Nous nous installons au camping-auberge, puis partons vers le vieux village en traversant l'oued sur un petit gué improvisé,

puis pénétrons dans le dédale des ruelles qui s'enroulent autour d'un piton rocheux.

Plusieurs films ont été tournés là dont certaines scènes de Lawrence d'Arabie. 

A chaque détour, de petits commerces de souvenirs et une dame qui nous invite à visiter sa maison.

On pénètre dans une courette ou loge une chèvre sous un abri de roseau, et d'où part un escalier vers une mini-terrasse. Au fond, elle nous invite dans son salon-cuisine : une pièce éclairée seulement par la porte ouverte : dans un coin de l'entrée la "cuisine" : une étagère sur laquelle est posé un butagaz où mijote un couscous et un autre où chauffe l'eau du thé. Puis des tapis sur le sol avec une petite table où trône le service à thé. La conversation est difficile, car elle parle mal le français. Elle se fait un peu d'argent en invitant des touristes et nous montre les carnets de remerciements et les photos qu'ils lui envoient. Nous buvons le thé puis la remercions après avoir pris des photos : nous avons noté son adresse et lui promettons un de lui envoyer une petite carte postale de France.

Après être monté jusqu'au sommet d'où l'on peut contempler la campagne environnante, nous retraversons l'oued pour faire quelques courses avant de rentrer au camping. Nous comptons partir tôt le lendemain pour franchir le Haut-Atlas par le col du Tizi-n-Tichka.

Il y a environ 200 km entre Ouarzazate et Marrakech et le col est le point culminant à près de 2300 m d'altitude. Heureusement, il n'y a pas de neige actuellement, sauf sur les sommets.


Dès 7 h 30, nous prenons la route. Elle traverse tout d'abord des contrées désertiques et monte lentement vers le col. C'est une fois arrivé à celui-ci, dans des paysages totalement dénudés, qu'elle devient assez spectaculaire. Elle amorce une grande descente, en passant carrément sur les crêtes, offrant des panoramas splendides sur les hauts sommets de l'Atlas couverts d'un léger manteau neigeux. Les montagnes changent de couleur, pour prendre des tons rouges ;

les villages accrochés à ses flancs sont construits dans les mêmes tons, ce qui donnent l'impression qu'ils font eux-mêmes partie de la montagne !

Puis on arrive dans les forêts de pins et de chênes liège qui donne à ces paysages un petit air méditerranéen.

Nous arrivons enfin dans la plaine ou peu à peu, la densité de population augmente et la circulation aussi,

puis c'est Marrakech, une ville énorme - environ 1 million d'habitants - qui nous change des petites villes du sud.

Nous comptons y rester quelques jours avant de prendre la route du Nord vers Meknès et Fès …


jeudi 17 février 2011

La vallée du Draa et les oasis du Sud


Nous quittons donc Agdz direction le sud vers Zagora en longeant la vallée du Draa. Ce fleuve, né dans le massif de l'Atlas, arrose une oasis sur près de 200 km - d'Agdz jusqu'à Mhamid - avant de se perdre dans les sables. De Mhamid jusqu'à son embouchure sur l'Atlantique au sud de la plage blanche, le fleuve reste « fantôme » pendant 750 km, ce qui en fait théoriquement le plus long cours d'eau du Maroc. D'après les textes anciens, sur ses rives se prélassaient des crocodiles et toute la région était prospère.

Sur le départ, avec nos amis


Tout le long du parcours s'étire une longue suite de palmeraies parsemées de ksour - villages fortifiés - et de kasbah - l'équivalent de notre château fort - toujours construits en pisé et pour la majorité d'entre eux, plutôt en bon état. Il y a juste une centaine de km pour arriver jusqu'à Zagora où nous comptons faire halte.


C'est donc aux alentours de midi que nous arrivons dans la petite ville. Son ancien emblème, le panneau indiquant "Tombouctou 52 jours" a été rasé lors de la construction du siège de la province. Un nouveau a été installé, mais il n'a pas la notoriété de l'original !


En effet, si la route goudronnée continue jusqu'au village de Mhamid, à environ 80 km, nous sommes déjà à la porte du désert.

A peine installés, le dynamique patron du camping vient d'ailleurs nous proposer une sortie désert de deux jours en 4 x 4 + ballade en chameau ! Après réflexion, nous décidons d'accepter sa proposition et la virée est décidée pour le lendemain. Nous partons voir un peu la ville et allons acheter les chèches - long turban à nouer sur la tête - que l'on nous demande comme indispensable pour la randonnée dans le désert ! Puis nous continuons la promenade dans la ville avec tous les magasins pour touristes "entrez, juste pour le plaisir des yeux …" , les inévitables souks, etc … et nous rentrons tranquillement à pieds. Il ne fait d'ailleurs pas tellement chaud et un vent assez froid souffle en permanence.

Le lendemain à 9 h 00 nous sommes prêts pour le départ et le 4 x 4 et là avec son chauffeur et Omar notre accompagnateur.


Tous les deux portent le chèches, mais s'ils sont berbères ce ne sont pas des nomades. On nous apprend à mettre le turban et nous voilà partis ! Nous prenons d'abord la route en direction de Mhamid, puis une piste qui nous conduit à travers la palmeraie jusqu'au village de Nesrate. Il est habité majoritairement par une population à peau noire, les Haratin, descendants d'esclaves, comme beaucoup d'autres villages de cette région. Ils cultivent des parcelles dans la palmeraie : il y a du blé, des fèves, de la luzerne pour les animaux. Pas de routes, comme dans beaucoup de villages, mais la piste, des maisons en pisé, de petits ânes tirant des carrioles, beaucoup d'enfants et beaucoup, beaucoup de poussière qui tourbillonne dans le vent. Ensuite, nous retrouvons la route pour la quitter à nouveau pour une piste qui s'enfonce dans le désert, abandonnant la vallée du Draa.



Au départ, c'est un désert de cailloux, avec quelques arbustes et de maigres buissons, quelques dunes de sable. Peu à peu, le décor change : les montagnes restent toujours en fond tandis que l'on s'enfonce de plus en plus dans cette longue plaine. Parfois des passages dans le sable où le 4 x 4 semble glisser

d'autres où il "nage"




puis à nouveau les cailloux. Vers 13 h 00, nous arrivons à nos premières dunes. Nous nous arrêtons à un campement nomade

- installé pour les touristes ! - Tout le décor est là : un jeune en djellaba et turban, quelques chameaux, et les tentes : certaines pour dormir, plus petites, et une grande tente pour les repas avec tapis, coussins et quelques tables avec tabourets.


On nous offre bien sûr le thé, puis un excellent repas fait de salade marocaine et de brochettes de volailles très agréablement parfumées. En fait, nous sommes seuls dans cette grande tente et nous discutons un peu avec le jeune nomade. Tantôt il garde les chèvres de la famille, tantôt il s'occupe du campement, en se relayant avec ses frères. Il parle un peu le français et l'espagnol pour se débrouiller avec les touristes et espère se marier bientôt. C'est Omar, notre accompagnateur qui a fait la cuisine et il se débrouille comme un chef !

Après le repas, nous reprenons la piste jusqu'à l'oasis sacrée Abd er Rahmane - nom du marabout qui vivait là et où il y a son tombeau. Une petite source jaillit de terre en plein désert et permet l'existence de cette petite palmeraie en plein désert.


Nous reprenons la piste pour arriver vers les 16 h00 aux dunes de Chigaga, but de notre expédition ! Là, les dunes s'étendent à perte de vue et c'est vraiment impressionnant ce moutonnement du sable.


Nous posons les sacs dans un nouveau campement un peu dans le même genre que le précédent, nous nous délassons un peu en grimpant dans les dunes,

puis nous partons pour la balade à dos de dromadaire.


C'est haut un dromadaire ! Et çà fait un peu peur quand il se redresse, mais ensuite, on est très bien assis et nous voilà partis ! Nous nous bombardons mutuellement de photos surtout avec notre chèche sur la tête ! Nous nous enfonçons dans les dunes pendant un petit moment, puis rentrons au camp où le dromadaire s'affale pour que l'on puisse démonter. Finalement cette petite virée s'est très bien passée et nous repartons dans les dunes admirer le coucher du soleil : c'est un petit bout de désert, mais c'est malgré tout impressionnant et magnifique à regarder. On n'a pas envie de parler, juste de se remplir les yeux … Mais dès le soleil disparu, il fait froid et nous rentrons vite au campement.
Là aussi, nous sommes seuls avec le chauffeur, le guide et le "permanent" du camp. On nous sert un bon repas fait d'une soupe de légume et un tagine ; puis c'est musique et chants berbères. Ici, pas de télévision et le téléphone ne passe pas… donc, après cet intermède musical, nous partons nous coucher. C'est qu'il fait froid : ils nous ont installés 6 couvertures avec un matelas au sol recouvert tant bien que mal d'un drap. Un fois enfouis là-dessous, tout habillés (!) nous ne pouvons plus bouger ! Ce ne sont pas des couvertures en synthétique ! Pour aller aux toilettes/douche, une minuscule lampe de poche : pas facile de retrouver la tente au retour. Nous passons une nuit très calme, mais très froide et pas question de prendre une douche au réveil : il a gelé la nuit.

Au lever du jour, réveillés par la lumière, nous sortons admirer les premiers rayons du soleil sur les dunes. Puis on nous sert un bon petit déjeuner dehors.


C'est magique ! Mais froid … Après une dernière balade, nous reprenons la piste du retour, direction Mhamid. C'est le dernier village où s'arrête la route goudronnée et ou commence les pistes. Il semble se consacrer d'ailleurs exclusivement à toute forme de randonnées dans le désert.

Sur le chemin du retour, nous visitons une poterie où vient de se déverser un car de touristes. Tous les acteurs sont en place pour la démonstration : "fabrication" de la terre glaise, tour du potier, enduit céramique, fours et bien sur le magasin qui fait suite …




Nous sommes contents de repartir, d'autant qu'un couscous nous attend au camping … et une bonne douche chaude !

C'est la première fois que nous allions dans le désert : bien sur, c'est une toute petite approche mais peut-être un jour aurons nous l'occasion d'y faire une randonnée de plusieurs jours pour mieux s'en imprégner. Nous choisirons malgré tout une saison un peu plus chaude, le printemps par exemple !

Le lendemain après-midi, nous décidons de faire l'ascension du Djebel Zagora qui domine la ville. L'ascension n'est pas trop difficile ; nous croisons un troupeau de dromadaires puis poursuivons notre grimpette. A l'arrivée, nous sommes "cueillis" par un militaire qui garde les antennes installées au sommet. Nous pouvons malgré tout admirer le paysage et il en vaut la peine : nous dominons la vallée du Draa et Zagora s'étend à nos pieds,


les palmeraies qui longent le fleuve s'étendent jusqu'à l'horizon, bornées de part et d'autre par les montagnes. Pour redescendre, nous empruntons la piste pour les 4 x 4 : à peine la place pour les roues entre la paroi et le précipice, sans la moindre barrière de sécurité !

Nous sommes bien contents de descendre sur nos deux jambes !

Par cette piste, nous faisons le tour de la montagne : sur ce versant, c'est le désert caillouteux qui s'étire entre les montagnes arides.



Aujourd'hui nous faisons un peu de farniente au camping. Il y a moins de camping-cars ici : plusieurs land-rover avec tentes de toit, des motards avec des tentes. Et, souvent, sans être des retraités, ce ne sont pas de petits jeunes ! En fin de matinée, nous partons pour Zagora faire quelques courses. Evidemment, nous n'échappons pas aux sollicitations des commerçants : les Marocains sont des gens absolument charmants et d'une gentillesse désarmante : ils quittent leurs magasins pour vous montrer le chemin, ne semblent pas connaître les mots de colère, d'énervement mais, mais … pour vous entraîner dans leurs magasins, ils sont d'une persévérance rare : toutes les astuces, les discours qu'ils peuvent inventer, avec une patience infinie, même si vous leur affirmer que non, vous n'allez pas acheter, que vous avez déjà, etc … et c'est tous les jours que çà recommence ! Mais avec eux, impossible de se fâcher, ils sont toujours calmes et souriants ! Quand aux enfants, ils peuvent vous suivre pendant un bon moment "bonjour monsieur un stylo, bonjour madame un ballon, un bonbon, un dirham" et tout çà avec le sourire. Nous n'avons encore jamais vu, depuis un mois et demi que nous sommes ici, un Marocain se mettre en colère, que se soit entre eux, avec les enfants, où n'importe qui. Ils nous donnent une bonne leçon de bonne humeur et surtout de courtoisie dans les rapports humains : à quoi çà sert de s'énerver, un bon whisky berbère pour discuter, le soleil, un ventre bien rempli et Inch Allah c'est une bonne vie : c'est-ce que nous a expliqué notre accompagnateur Omar, lorsque nous étions dans les dunes de Chigaga.

Après une dernière promenade dans la palmeraie, nous reprenons la route qui va nous conduire à la vallée du Tafilalet, beaucoup plus à l'est. Comme nous comptons faire la vallée du Dadès au retour, nous prenons la route qui passe par le désert : quelques palmeraies et donc quelques villages, sinon l'erg noir avec les montagnes du Djebel Sagrho en arrière plan.


Nous faisons une halte d'une journée à N'Kob dans un camping où nous sommes seuls (!)


nous nous promenons dans la petite palmeraie

puis nous continuons notre route le long du désert,


jusqu'à Merzouga, au pied de l'erg Chebbi, ou plutôt le village juste avant, Hassi Labied, où nous nous arrêtons à une auberge camping : là aussi nous sommes seuls. Nous avons les dunes en fond de décor : elles sont ici d'un chaud jaune orange doré et nous partons faire une petite promenade dans le village et dans les premières dunes. Ici aussi, les villages sont spécialisés pour les randonnées dans les dunes : hôtels, camping, locations de 4 x 4, de quad, balades en dromadaires … Il y a tellement de panneaux qu'on est un peu perdu !

Le lendemain, après un barbecue très réussi, nous attaquons l'ascension de la plus haute dune (environ 150 mètres) : il faut d'abord "avaler" les premières

puis enfin s'élancer par le meilleur angle possible. Enfin, nous voilà au sommet,


essoufflés mais contents : nous avons une vue superbe sur la vallée : les montagnes, puis l'erg noir, les villages et la petite palmeraie : enfin, le moutonnement des dunes à nos pieds. Encore une belle promenade et du sable plein les chaussures !


Le lendemain dimanche, nous décidons de renouveler notre expérience du dromadaire. Nous voilà à nouveau à califourchon sur nos montures pour une randonnée avec un jeune guide.

Pendant une heure, nous escaladons et descendons les dunes jusqu'à un petit campement ou nous dégustons un tajine arrosé d'un thé,

puis promenade - sur nos deux pieds - dans le désert à perte de vue (en réalité, l'erg Chebbi ne fait qu'environ 30 km de long sur 7 km de large) mais au milieu des dunes on ne voit que celles qui nous entourent ! En fin d'après-midi, retour à nos montures et nous admirons le coucher du soleil qui donne au sable une couleur orangée avant de redescendre vers le village.



Cette fois, nous avons notre comptant de dromadaire : 2 heures sur ces placides bêtes et mal au postérieur à l'arrivée ! Mais la promenade en valait la peine.
Le lendemain, nous revenons sur Rissani : c'est une ancienne capitale économique du Maroc et la première ville impériale du pays, sous le nom de Sijilmassa et c'est de là qu'est originaire la famille royale actuelle. Par la porte monumentale, nous rentrons dans la ville,


puis empruntons le parcours touristique de la palmeraie mais elle n'est pas en très bon état : la sécheresse et un parasite le "bayoud" causent d'importants dégâts. Nous nous arrêtons au village de Moulay Ismaël qui abrite le mausolée de Moulay Ali Shérif - fondateur de la dynastie des Alaouites - Nous nous promenons dans le patio - la mosquée et la chambre funéraire sont interdites aux non-musulmans : cette décision valable pour tous les édifices religieux du Maroc sauf la nouvelle mosquée Hassan II de Casablanca, a été édictée par le Maréchal Lyautey, lorsqu'il était résident général -


puis flânons dans le ksar Akhnouss, l'un des plus anciens du Maroc, avec ses murs en pisé et ses passages couverts caractéristiques.

Ici, les femmes portent un grand voile noir, comme nous avions déjà pu les voir à Tafraout, parfois avec des décorations qui varient selon les tribus, et qui leur couvre non seulement tout le corps et la tête mais quasiment tout le visage, sauf les yeux ou même un seul œil ! Les hommes eux sont moins nombreux à porter le chèche que dans la région de Zagora.

Nous continuons notre route en direction d'Errachidia par le Tafilalet, jadis une vaste oasis par où passaient les caravanes allant vers le sud. Aujourd'hui, elle est de plus en plus gagnée par la sécheresse … Nous faisons halte à Tissirt, petit village proche des gorges du Ziz, niché dans une belle palmeraie longeant la rivière.

Nous en profitons pour escalader la falaise qui borde la palmeraie ou coule le Ziz et nous irons demain voir les Gorges creusées par le fleuve en amont.


Nous quittons ainsi les régions d'extrême sud, avant de revenir sur Ouarzazate par la célèbre vallée du Dadès.