Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







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dimanche 15 janvier 2012

De Freetown à Buenos Aires



C'est le jour de Noël mais le commandant reporte la fête au lendemain pour permettre à l'équipage qui a fait nuit blanche de pouvoir se reposer. Nous entamons donc les 6 ou 7 jours de traversée avant la prochaine halte à Vitoria au Brésil.

Tous les passagers réunis pour Noël

le cuistot et les officiers en second
la table présidée par le Commandant

Depuis Dakar, le pont supérieur est totalement dégagé des voitures et nous pouvons donc nous y promener ou prendre le soleil quand le vent n'est pas trop fort … et faire un peu de marche pour se dégourdir les jambes !
Le 26 nous sommes donc conviés à un apéritif avec l'ensemble de l'équipage, suivi d'un bon repas et nous en profitons pour photographier nos compagnons de route, et papoter un peu : le problème c'est que la seule langue commune est l'anglais et tout le monde ne le parle pas parfaitement, ce qui limite un peu les échanges … mais l'ambiance est très sympathique.


une vue habituelle pendant une semaine ...

Pendant la nuit, nous changeons de fuseau horaire et nous passons l'équateur. Nous voilà au milieu de l'océan, loin de toute terre et sans un navire à l'horizon : heureusement le temps est agréable avec du soleil et du vent, parfois un peu fort. Nous restons souvent sur le pont à contempler cette immensité et là, cet énorme navire semble une « coquille de noix » …. L'eau est d'un bleu si profond et intense que l'on ne se lasse pas de la contempler ; par contre, à notre grand regret, nous voyons peu d'animaux marins, parfois quelques bancs de poissons mais pas de baleines - ce n'est pas la saison - ni même de dauphins. Tant pis !

plate-forme proche des côtes brésiliennes
 
 
Le 29 encore un changement de fuseau horaire et le lendemain soir, c'est Vitoria, notre première escale brésilienne ! Nous croisons quelques plates-formes offshore puis vers 18 h00 pénétrons dans l'embouchure du fleuve où se situe le port.


vue des collines de Vitoria


C'est un paysage de collines couvertes de végétation tropicale et la ville est comme enroulée entre le fleuve et ces multiples éminences ; en tout cas pour la partie que nous pouvons voir, car Vitoria est la capitale d'un des états du Brésil et surement une ville très importante.

ville moderne et favelas
 
 
Comme à chaque escale, le déchargement/chargement commence immédiatement et dure toute la nuit. Au matin, il fait une chaleur moite et lourde et nous n'avons guère envie d'aller nous promener dans le quartier du port. Comme partout dans le monde, ce ne sont guère des lieux très engageants et la ville est loin pour y aller à pied, d'autant que nous n'avons que la permission de midi. En effet, à 14 h 00, nous appareillons direction Rio de Janeiro.

nous nous éloignons de la ville
 
 
A minuit, le commandant invite les passagers à un « pot » : nous nous souhaitons en anglais, français, italien et allemand une très bonne et heureuse année 2012 avec une bonne santé et un très beau voyage à tous.

A minuit le 31 le Commandant ouvre le chianti !

la bise au Commandant !




















Marie-Agnès, Hilde, Ariel notre steward et Wolfgang

Hormis le couple italien qui fait uniquement le voyage en cargo et retour avec une escale d'une semaine à Buenos Aires, les allemands et nous quatre faisons le tour de l'Amérique du Sud avec camping-car, camion ou 4 x 4 et avons prévu, tout au moins pour le commencement, le même périple, c'est-à-dire la descente sur Ushuaia.
 …
L'Indien couché (de gauche à droite) à l'entrée de la baie de Rio

C'est donc le 1er Janvier que nous arrivons à Rio de Janeiro …. sous la pluie ! Quel dommage : nous pénétrons dans la baie, nos k-way sur le dos !!!! Difficile de se rendre compte à quoi ressemble la ville, sinon qu'elle a l'air immense, lovée entre le fleuve et les collines environnantes ; avec la pluie et la brume, nous ne voyons quasiment rien et le lendemain, c'est encore pire ! Finalement, nous quittons Rio sous une pluie tropicale et ce n'est que peu à peu que le temps se dégage.

la baie dans la brume











le Pain de sucre et au loin le Corcovado










Passagère désappointée ...

Le 3 nous sommes à Santos : arrivés pendant la nuit nous sommes réveillés par le bruit des grues ; au matin, nous faisons une balade en ville, mais le port est immense avec une circulation infernale : bruit, poussière, odeur … et nous ne voyons qu'un quartier proche du port : en règle générale, ce ne sont pas les beaux quartiers … mais cette promenade nous a fait du bien.

une vue du quartier du port pendant notre balade

Vers 20 h 00, nous repartons et c'est là que nous prenons la mesure de la ville : Santos est le plus grand port du Brésil et probablement d'Amérique latine, tout proche de la mégalopole de Sao Paulo.


toute petite partie de l'immense port de Santos

Nous espérions arriver et débarquer le 6 Janvier à Buenos Aires, mais il y a un « embouteillage » et nous sommes obligés de patienter jusqu'au 8 !!! Nous faisons donc du sur place à l'embouchure du Rio de la Plata - avec une dizaine d'autres cargos - au large de Montevideo. Maintenant que nous sommes presque parvenu à destination, nous avons tous hâte de descendre à terre ….
Enfin, le 8 au matin, nous sommes autorisés à poursuivre sur Buenos Aires en empruntant un chenal dans le Rio de la Plata - les eaux ne sont pas suffisamment profondes partout pour un navire de ce tonnage - et nous stoppons encore quelques heures … avant de parvenir enfin à quai à 22 h 30 … et nous allons nous coucher pour une dernière nuit à bord.

Première vue de Buenos Aires, enfin ...

Inutile de dire qu'au matin nous ne sommes pas en retard et à 9 h 00 les véhicules sont sur le quai avec toutes nos affaires et nous attendons le feu vert des douanes dans le petit salon du bateau … jusqu'à midi où enfin on nous délivre le document nous permettant de circuler dans le pays avec notre véhicule. Après un au revoir assez rapide à nos compagnons de voyage car nous gênons la circulation, tout le monde s'égaye dans la circulation trépidante de Buenos Aires.
Il fait une chaleur étouffante - 40 ° environ - et Pégase, au soleil toute la matinée, est un vrai four ; nous allons faire quelques courses puis acheter une bouteille de gaz avant de mettre le cap sur le petit camping de Tigre, dans la banlieue de Buenos Aires … où nous retrouvons Nicole et Michel déjà installés et où nous faisons la connaissance de Jacques et Marie-Paule Berlivet et de la Landandino que nous connaissions par leur blog ! Ils sont arrivés quelques jours avant nous par la Cie Grimaldi mais après bien des mésaventures, partagées avec Jacky, un belge au volant d'un gros camion.
 
Marie-Agnès et Pégase .... à l'ombre
 













et le Landandino ...au camping de Tigre
















En fait, nous avons eu une très bonne traversée : pas de gros temps et donc pas de mal de mer, peu de mauvais temps, si ce n'est la déception dans la baie de Rio de Janeiro, un personnel de bord sympathique ; les véhicules sont tous arrivés sans dommage ; nous avons tout de même parcouru entre 11.000 et 12.000 km sur les mers , ce qui, hormis chez les marins, bien sûr, n'est plus très courant à notre époque « aéronautique ». Et maintenant, à nous l'Amérique !

mercredi 11 janvier 2012

Du Havre à Freetown

Nous sommes partis tranquillement de Toulouse car nous voulions faire le trajet en plusieurs étapes et avoir une marge d'une journée au Havre au cas où.… Tout le long du chemin, nous avons eu de la pluie et après la Rochelle, c'est le froid qui s'installe. Nous n'avons rien vu de la Normandie que nous avons traversé sous des trombes d'eau. Enfin, le 7 décembre, c'est le Havre : nous allons sur une aire de camping-car et prenons contact avec l'agent maritime : nous devons nous présenter au terminal roulier le 9 entre 7 et 9 h 00 du matin où le Grande Francia devrait être arrivé.




Nous terminons de préparer nos bagages et Alain récupère un plan du port du Havre : heureusement car c'est immense et nous devons y aller de nuit ! Il pleut beaucoup et il fait froid : tant pis, nous découvrirons la ville une autre fois ! Au petit matin, nous partons sous la pluie et grâce au plan, nous sommes à 7 h 20 au terminal … mais le cargo n'est pas encore là : il devrait arriver vers 11 h 00. Nous patientons donc dans Pégase et regardons le jour se lever sur les quais : nous nous distrayons à contempler le ballet des camions amenant du fret, les énormes grues, le terminal pétrolier et ses torchères…. Mais qu'il fait froid !!

Nous faisons connaissance avec nos futurs compagnons de voyage Michel et Nicole : un couple français qui part, en Toyota avec une tente de toit, passer quelques mois en Amérique du Sud. Contrairement à nous, petits débutants, ce sont des habitués des voyages, tant dans leur vie professionnelle que depuis qu'ils sont à la retraite !

Et voilà notre yacht !
et l'ouverture de la passerelle ...

Enfin, vers 11 h 00, nous nous présentons sur le quai, le navire est là : il est immense : il y a 13 ponts ! Vers midi et demi, nous montons à bord avec nos sacs et sommes amenés par ascenseur, dans nos cabines, sur le pont 12. Elles sont assez spartiates mais bien conçues, avec un hublot donnant sur l'extérieur, deux lits bas, une armoire, un petit réfrigérateur et un bureau ; nous avons également une petite salle d'eau particulière avec WC.


vue sur le quai depuis le pont 12

Une fois les sacs posés, le steward philippin nous fait visiter les lieux où nous aurons l'occasion d'aller : le mess où mangent les officiers et les passagers, le salon où l'on peut venir voir des films, écouter de la musique, lire (il y a quelques livres dans différentes langues) et papoter, la laverie où l'on peut laver et sécher son linge ; voilà, nous avons fait le tour de ce qui sera notre domaine pendant presque un mois … ensuite on nous sert un petit repas froid et nous rentrons dans nos cabines, les véhicules ne devant être installés qu'un peu plus tard.

Après avoir arrangés nos affaires, nous allons faire un tour sur le pont pour regarder le chargement du fret : c'est assez impressionnant, mais il fait froid, il pleut et le vent nous transperce. Enfin, nos véhicules sont rentrés et le navire part pour un autre quai où il doit charger encore des voitures, des camions, des bus et toutes sortes d'énormes engins et un énorme tas de containers. Vers 1 h 00 du matin, Alain est appelé pour manoeœuvrer Pégase qui est enfin installé. Nous passons donc notre première nuit à quai et le lendemain, le ballet incessant des grues reprend.


Pégase attendant son embarquement


Nous sommes cinq couples à bord et je crois bien que nous sommes les plus jeunes ! Un couple italien Massimo et Rita, deux couples allemands Wolfgang et Hilde, Volker et Margrete et donc deux couples français. Les italiens mangent à la table des officiers tandis que nous et les allemands avons des tables de quatre. Je pense que nous avons tous hâte de quitter le Havre tellement le temps est peu agréable et vers 16 h 00, nous quittons le quai pour passer l'écluse François 1er et rejoignons le canal qui se jette à la mer mais il fait nuit. Nous montons sur le pont pour regarder une dernière fois les lumières de la ville s'éloigner peu à peu puis regagnons nos cabines bien au chaud.


Pluie et froid pour le grand départ

Cà y est, nous sommes partis !
Voilà quelques « mensurations » concernant notre cargo le Grande Francia :
- longueur : 214 mètres - hauteur : 25,92 mètres - largeur : 34 mètres
- poids à vide : 19.466 tonnes - PTAC : 56.738 tonnes
   
Comme on peut le voir, ce n'est pas une coquille de noix ! Nous sommes donc logés sur le pont supérieur à plus de 20 mètres au-dessus de l'eau.
Partis le 10 décembre, dès le 12, nous arrivons à hauteur de l'Espagne et l'air est déjà moins froid mais il y a encore beaucoup de vent et de la pluie ; le 14, nous longeons déjà le sud Maroc et bénéficions de soleil et de ciel bleu ; l'équipage nous sort les transats et nous nous installons l'après-midi à papoter sur le pont en tee-shirt au soleil … dans le petit salon, les Allemands ont installé leurs ordinateurs et tout un matériel sophistiqué qui leur permet de connaître notre position en permanence : matin et soir nous regardons donc l'écran et passons ainsi les îles Canaries puis arrivons en face des côtes de Mauritanie.

la partie avant où s'empilent les containers

et le pont supérieur rempli de véhicules d'occasion

Très aimablement, l'officier de quart italien nous invite sur la passerelle et nous montre sur les cartes marines notre trajet le long de la côte africaine avec les ports de Dakar et de Freetown ;

la passerelle

tout le personnel est vraiment très agréable et souriant : il est composé d'italiens - une partie des officiers - et … le cuisinier ! Ce qui explique la présence de « pastas » à tous les repas !! Les autres membres d'équipage sont des philippins dont le steward Ariel qui est également chargé du ménage dans les cabines.


Notre steward toujours de bonne humeur

Au soir du 14, nous passons au milieu des îles Canaries puis c'est la côte Mauritanienne (mais nous sommes loin au large) et le Sénégal où nous arrivons en vue de Dakar le 17 ; toute la journée, nous mouillons dans la baie en attendant l'autorisation de rentrer au port. Ce n'est qu'à 1 h du matin le lendemain que nous sommes à quai et aussitôt commence le déchargement, impressionnant parfois pour nous qui découvrons cet aspect de la vie d'un port. 

Petit bateau de pêche dans la baie
L'île de Gorée


Il fait maintenant bien chaud ; dans l'après-midi, nous descendons dans la ville ; étant donné que nous sommes à pied, nous ne voyons que les alentours du port car la ville est très grande,

Des marchandes de légumes
Un marché










des immeubles anciens

mais ce quartier n'est pas très beau et en bien mauvais état. Nous aurions peut-être pu faire une petite visite à l'île de Gorée au centre de la baie - lieu où l'on rassemblaient les esclaves avant qu'ils n'embarquent pour les Amériques - et où partent en permanence de petits bateaux pour touristes mais nous voulions nous dégourdir un peu les jambes et découvrir Dakar.

Dakar vu du pont du bateau
descente directe de 13 étages !
Nous ne pouvons pas dire que nous avons le coup de foudre ! Mais il est difficile de juger sur une si petite halte. En effet, dès 19 h , nous appareillons à nouveau et cette fois-ci à destination de Freetown en Sierra Leone où nous devrions arriver le 19 Décembre. Maintenant, il fit chaud dès le matin, une chaleur moite et lourde mais heureusement, sur l'eau il y a toujours de l'air.

les seuls dauphins que nous apercevrons ...

Après avoir longé la Guinée, c'est la Sierra Leone ; vers 4 h 00 du matin, nous stoppons à environ 45 km de Freetown … et nous allons y rester 5 jours ! En effet, il y a d'autres bateaux avant nous et un seul quai pour le déchargement ! Nous faisons un nouvel exercice en cas d'évacuation avec notre casque, notre gilet de sauvetage et notre combinaison !

La tenue ...



















et le canot de sauvetage
































Le 23 décembre, départ pour le port … puis retour ; le lendemain, nouveau départ et nous passons la journée et la nuit à l'entrée du port. Enfin, le 24 vers 18 h 00 nous accostons.

vue de Freetown en arrivant au port

Le commandant est passablement énervé : le déchargement commence donc immédiatement et se poursuivra toute la nuit et tout l'équipage est au travail. Nous contemplons la ville depuis le pont … et ne regrettons pas de ne pas pouvoir descendre : dans la partie de la ville que nous pouvons voir, ce ne sont que bidonvilles au bord de l'eau et constructions en piteux état.

une rue vue depuis le bateau au port

Le site de la ville, à flanc de collines, est très beau, même si une brume constante ne nous permet pas une visibilité parfaite, mais tout semble extrêmement pauvre. La Sierra Leone a connu la guerre civile et si, depuis 5 ans, le pays est calme il fait malheureusement partie des pays les plus pauvres de la planète.

un pêcheur dans sa pirogue à voile

Lorsque nous nous levons vers 7 h 00 le déchargement/chargement (nous rembarquons des containers vides) est pratiquement terminé ; vers 8 h 00 le pont est relevé et à 9 h 00, les amarres larguées, nous sortons lentement de l'embouchure du fleuve pour faire voiles …. euh … moteur vers la haute mer direction ouest-sud-ouest.

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Distractions à bord : papotage ...




















... et pêche











un poisson volant (sera remis à l'eau) !


Et c'est donc le jour de Noël que nous entamons la traversée de l'Atlantique sud, cap sur le Nouveau Monde …...