Nous voulions nous arrêter à Villa Florida sur une plage au bord de la rivière, mais ce n'est pas fait pour Pégase ! Nous continuons donc jusqu'à San Juan Bautista, petite capitale de la province de Misiones ; c'est une petite ville agréable car très aérée avec ses grandes places plantées d'arbres ;
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Entrée de la ville |
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dans une rue |
nous nous y promenons et visitons la maison natale d'un guitariste célèbre du début du XXème siècle - que nous ne connaissions pas ! - Agustin Pio Barros Mangoré ; c'est un artiste peintre qui a entrepris la restauration avec beaucoup de cœur et les visites lui permettent de poursuivre ce long labeur !
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le fameux guitariste |
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son portrait par l'artiste propriétaire |
Après deux jours sur place, nous poursuivons notre route jusqu'à Santa Maria de Fe à quelques kilomètres. Alors là, le village et surtout sa place centrale sont vraiment adorables ! Comme nous sommes le 14 Mai, jour de la fête nationale au Paraguay - jour de son indépendance vis-à-vis de l'Espagne - nous ne pensions pas pouvoir visiter le petit musée Jésuite et faisons tranquillement le tour du village quand nous rencontrons la guide qui s'empresse de nous ouvrir le Musée ! En fait, en ce jour férié, toutes les petites boutiques sont ouvertes, ce n'est que l'après-midi qu'auront lieu les festivités.
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maisons au bord de la grand place |
Le Musée a été installé dans une "casa de indios" rénovée sur un des côtés de la place. C'était l'une des plus importantes réductions jésuites fondée en 1630 par un père jésuite français Jacques Ransonnier, mais sur un autre site et installé ici en 1669. Il ne reste plus de cette époque que le bâtiment du musée.
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le Musée, une ancienne casa de indios rénovée |
Il contient une collection de sculptures qui étaient exposées dans l'ancienne église. Les jésuites enseignaient aux artistes guaranis à reproduire des œuvres européennes ; on peut voir dans ce musée quelques exemples et çà ne manque pas de charme !
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statue par un artiste guarani |
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une crèche |
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un Christ pour la procession des Rameaux |
Nous restons au village pour assister à la célébration de la fête. C'est sympathique car, après les discours des «officiels», ce sont les enfants des écoles qui sont à l'honneur comme «avenir» du pays.
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le discours des officiels |
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les jeunes défilent |
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et les plus jeunes |
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les futurs gauchos ! |
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Un tiers de la population a moins de 14 ans ! |
Par contre, la nuit, ce ne sont pas les singes hurleurs nichés dans les grands arbres qui nous réveillent mais des jeunes venus boire un dernier verre avec musique à fond et grands éclats de rire !
Nous découvrons qu'un botaniste français célèbre a vécu là quelques années, en "résidence surveillée" : il était soupçonné d'espionner au profit de l'Argentine mais a pu continuer son oeuvre avant d'être finalement expulsé.
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en souvenir de son séjour ... |
Nous faisons une halte le lendemain à Santa Rosa de Lima qui garde également quelques restes de l'ancienne mission jésuite - en particulier, une "casa de indios" sur la grand place -
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ancien clocher |
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la casa de indios toujours habitée sur la grand place |
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l'hippodrome de Santa Rosa |
puis nous poursuivons notre chemin jusqu'à Encarnacion, la grande ville du sud qui fait face à Posadas, de l'autre côté du rio Parana. Du fait de travaux effectués à la centrale hydroélectrique de Yacyreta en amont, le niveau des eaux du lac réservoir a été élevé et la ville basse tout simplement rasée ; une très belle Costanera a été aménagée le long du fleuve et nous sommes autorisés à nous installer là pour la nuit.
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vue sur Posadas |
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la nouvelle plage d'Encarnacion |
Nous allons faire un tour dans la ville : elle est agréable mais rien d'extraordinaire ; par contre la vue sur Posadas et le fleuve, la petite plage aménagée donne à la ville un petit air moderne. Pour l'instant, il n'y a rien d'autre, mais d'ici quelques années, des cafés, restaurants, hôtels devraient s'y installer.
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quartier moderne près de la Costanera |
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sur la Plaza de Armas |
Le lendemain, nous réussissons à nous perdre dans les faubourgs d'Encarnacion ! Finalement, nous finissons par trouver notre chemin et partons en direction des principales missions jésuites du Paraguay : Trinidad et Jésus de Tavarangue où nous en apprenons un peu plus sur leur origine.
Après la conquête, les colons espagnols reçoivent des terres et est instauré le régime de l'encomienda : les indiens travaillent pour le propriétaire qui lui, en échange, les nourrit et les christianise, ce qui s'apparente peu ou prou à un esclavage qui ne dit pas son nom. Ce système ne fonctionnant pas - et pour cause car les indiens s'y soustraient en s'enfuyant dans la forêt qui couvre alors une grande partie du pays - le roi d'Espagne demande aux Jésuites d'intervenir en créant des "Missions" destinées à évangéliser et sédentariser les indiens ; ceux-ci y ont de nombreux avantages : sécurité, nourriture, prospérité.
En règle générale, il n'y a que deux jésuites par missions, les indiens se gouvernant eux-mêmes. Ils pratiquent l'agriculture et chaque communauté est autosuffisante. Certains aspects culturels tels que la polygamie sont évidemment interdits. Chaque famille reçoit une maison et les enfants sont scolarisés. Une telle situation faite aux Indiens ne pouvait que déchaîner les convoitises : celle des colons espagnols privés de main d'œuvre et celle des marchands d'esclaves brésiliens. Les Missions furent donc fréquemment attaquées et beaucoup durent changer d'emplacement pour vivre en paix. Finalement, une trentaine réussit à s'implanter durablement "les 30 pueblos" qui regroupèrent à leur apogée jusqu'à plus de 100.000 indiens guaranis. Cette "utopie" prit fin lors de la dissolution de la Compagnie de Jésus par le roi d'Espagne en 1767.
Chaque "reduccion" était établie sur le même modèle : une vaste place centrale dominée par l'église, à côté le logement des prêtres et divers ateliers et entrepôts, puis, disposées en rangées, les "casas de indios". Ce sont donc deux parmi les plus importantes et les mieux conservées que nous allons voir.
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le clocher de l'ancienne église |
Nous commençons par Trinidad, installée sur le site actuel en 1712 : sa grande place centrale avec l'église, le cloitre et les ateliers, les casas de indios disposées en ligne ainsi que l'ancienne église avec son clocher. Autour étaient disposés le cimetière, les jardins et le verger. Les restes de l'église en particulier sont assez impressionnants et permettent de se rendre compte de ce que pouvait être une mission à son apogée.
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le choeur de l'église |
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détail de la façade |
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et d'une porte |
Après une petite pause déjeuner, nous allons jusqu'à Jésus de Tavarangue, tout proche.
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l'ancien cloître |
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l'imposante église |
Lorsque les Jésuites ont été chassés en 1767, l'église était en pleine construction : ils avaient prévus un édifice très vaste (70 m de long pour 24 m de large) et ce, pour une communauté qui regroupait environ 3000 guaranis.
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les ateliers et entrepôts |
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restes des "casas de indios" |
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détail de la façade de l'église |
Après une promenade sur le site, nous revenons sur Trinidad où nous passons la nuit, à côté des ruines.
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ruines de Trinidad à la nuit tombante |
Les deux sites ont été inscrits au Patrimoine Mondial par l'Unesco et tant la restauration que l'entretien sont très soignés.