du 31 Janvier au 5 Février 2013
Nous reprenons la route le lendemain avec toujours ce temps agréable malgré la brume persistante, assez épaisse le matin et qui va en s’atténuant, sans jamais se dissiper entièrement ; et c’est toujours le même paysage : dunes de sable avec en fond des montagnes pelées et, de temps à autre, une "oasis" de verdure : c’est un rio descendant des Andes avec aussitôt des cultures : coton, canne à sucre, maïs et des agglomérations … certaines plus que sommaires : des habitations en simples roseaux tressés plantées aux abords, au milieu des sables …
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au bord de la Panam |
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champs cultivés et désert ... |
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sur lequel gagnent de nouveaux lotissements |
Nous nous rapprochons de Lima et çà se sent : la circulation augmente, il y a de plus en plus de villes et villages. Nous nous arrêtons au site de Pachacamac que nous voulions visiter, en grande banlieue de Lima, mais nous ne pouvons y stationner pour la nuit et les abords ne nous inspirent franchement pas ! Tant pis, nous nous décidons à traverser la capitale : nous n’envisageons pas de nous y arrêter car elle ne présente pas grand intérêt - pour nous ! - et la circulation au Pérou est vraiment difficile dans les grandes villes alors Lima !!!
Heureusement, le GPS nous trace bien la route et après plus d’une heure de stress dans une circulation endiablée, mais toujours sur une sorte de périphérique, nous nous retrouvons sur la Panam nord : ouf !!! Nous poussons jusqu’à Chancay à une quarantaine de km au-dessus de la capitale où nous passons la nuit.
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travail dans les restes de cannes à sucre |
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banlieue de Lima : nouveaux quartiers accrochés aux dunes |
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et retour au désert ... |
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Arrivée à une nouvelle oasis |
Le lendemain, nous poursuivons la montée, toujours dans le même paysage, jusqu’à Casma, petite bourgade avant Chimbote où nous allons visiter le site de Sechin. Toute la côte du Pérou a été habitée de longue date, même si l’on a peu ou pas d’informations au sujet des nombreux peuples qui ont érigés des monuments puis disparus sans qu’on en connaisse les causes : guerres, raisons climatiques (El niño n’est pas un phénomène récent !) et aucun peuple précolombien ne connaissait l’écriture.
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les fouilles de Sechin |
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les pierres sculptées de l'enceinte du sanctuaire |
Dans le cas de Sechin, on ne sait en fait rien du tout ! Dans le cadre de fouilles, une sorte de sanctuaire a été mis au jour, qui daterait de 1600 avant JC : c’est en fait une vaste enceinte faite de pierres gravées représentant des personnages, les uns en pieds (et armés de pied en cap) et d’autres seulement des têtes et des membres (coupés ?) mais dont le tracé est à la fois très précis et même étonnamment moderne : rictus, expression … c’est assez particulier ! Dans le petit musée attenant, assez poussiéreux, une momie d’une femme qui aurait été enterrée vivante !
Il n’est pas permis de rester la nuit sur le site ; nous continuons jusqu’à la petite station balnéaire de Tortugas où nous nous installons le long de la plage, face à la mer : c’est une petite baie tranquille, entourée de montagnes … toujours aussi pelées, avec bateaux de pêche et pélicans … une soirée tranquille et agréable au bord de l’eau …
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la baie de Tortugas |
Le lendemain, traversée de Chimbote … la circulation dans les villes péruviennes est quelque chose de spécial : comme en Bolivie, c’est la ronde des taxis et des collectivos ou minibus mais viennent s’ajouter les triporteurs : tout le monde klaxonne à qui mieux mieux sans arrêt, double aussi bien par la gauche que par la droite … il ne faut pas parler au conducteur pendant cet exercice difficile mais seulement espérer qu’on ne va accrocher personne … Heureusement, sur la route, il y a déjà moins de monde !
Nous nous faisons arrêter par la police à la sortie : nous aurions roulé trop rapidement à un croisement et il nous réclame 450 soles !!! C’est hors de question et nous le lui faisons savoir ! Devant notre refus catégorique, il finit par nous laisser partir en nous disant de ralentir notre allure … C’est tout de même un comble d’être accusé d’aller vite alors que nous sommes doublés en permanence et n’importe comment !
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rizières sur fond de désert ... |
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Ils sont vraiment amusants avec leur coiffure "afro" !!! |
Après cet épisode, nous continuons en direction de Trujillo : toujours le même paysage … avec des quantités d’élevage de poulets en batterie au milieu des dunes … L’oasis de Trujillo est importante, à l’embouchure du rio Moche et il y a plusieurs sites précolombiens dans les alentours ; nous allons d’abord à celui de la "Huaca del sol y de la Luna" au sud de la ville.
C’est un lieu de fouilles archéologiques importantes : l’ensemble appartiendrait à la civilisation Moche ou Mochica qui s’est développée entre le IIème et le VIII ème siècles de notre ère. Ce sont deux "huacas" (résidences) distantes de 500 mètres l’une de l’autre : les archéologues pensent que celle de la Lune était dédiée aux cultes, tandis que celle du soleil était le centre politique et administratif avec, entre les deux, la ville proprement dite ; actuellement, seule la huaca de la Luna est l’objet de fouilles et se visite.
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Vue de la Huaca del Sol depuis la Huaca de la Luna |
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Au centre, quelques fouilles sur le site de la ville ancienne |
C’est à elle seule, un ensemble imposant car les Mochicas rajoutaient un étage en enterrant de ce fait le précédent ; trois étages ont été partiellement dégagés et l’on peut contempler de très belles décorations le long des murailles, abritées pendant des siècles de l’air et de la lumière. On peut y voir la représentation polychrome de leur dieu principal, divinité de la montagne surnommé "l’égorgeur" : en effet, il tient à la main la tête tranchée d’un homme ; on ne sait si en réalité ils s’abreuvaient lors des sacrifices, du sang des vaincus où s’il s’agissait d’une simple offrande à leur dieu … un ensemble de salles à été mis au jour : lieu du sacrifice, temple, ainsi qu’une partie de l’enceinte ; "l’égorgeur" n’est pas le seul à figurer en décoration : beaucoup d’animaux, marins entre autres et d’oiseaux rappellent que cette civilisation dépendait étroitement de la pêche pour sa survie.
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Reconstitution de ce que devait être un village mochica |
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Au fond, à l'intérieur de l'enceinte, les rochers du sacrifice |
Elle avait également développé un important réseau d’irrigation qui leur avait permis d’augmenter les surfaces cultivables autour du rio Moche et d’étendre leur influence le long de la côte. Depuis le haut du site, on peut se rendre compte de l’importance que devait avoir la cité à son apogée. On ne sait d’ailleurs de quelle façon cette civilisation qui avait également développée un travail de la céramique et des métaux (or, argent, cuivre, etc..) de très belle qualité, a finalement disparue : problèmes climatiques entraînant des disettes ? La question reste semble-t-il posée.
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détail des sculptures |
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ce serait la représentation du dieu suprême des Mochicas |
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le mur reprenant des éléments des Mythes mochicas |
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Muraille totalement sculptée et peinte |
En tout cas, c’est un site très intéressant à visiter et le plus beau que nous ayons vu, en dehors de la vallée sacrée des Incas. Il faut dire que sur la côte, rien n’était construit en pierres, mais uniquement en briques de terre séchées : avec les siècles, cela donne aujourd’hui d’imposants monticules ravinés qu’il faut déblayés pour retrouver la construction d’origine … ou ce qu’il en reste ! Tous ces travaux demandent des financements importants ce qui explique que beaucoup de sites ne soient que peu ou pas explorés.
Nous poussons ensuite jusqu’à Huanchaco, petite ville balnéaire où nous restons tranquillement deux jours, au bord de la plage. Nous en profitons pour aller faire un tour à Trujillo et surtout visiter le site de Chan Chan : c’était la capitale de la civilisation Chimù qui se développa après celle des Moche entre les XIIème et Xvème siècles : elle est un peu mieux connue que la précédente car, à l’issue d’un siège de 10 ans, la ville fut conquise par les Incas peu avant l’arrivée des Espagnols ; ceux-ci, lors de la conquête, purent compter sur l’appui des Chimùs dans leur lutte contre l’empire inca.
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les totoras sur le port de Huanchaco |
Le site est très vaste : il s’étend sur environ 15 km2 mais, à l’origine, l’ensemble faisait près de 25 km2 ! Mais seule une partie a été à ce jour dégagée : on circule dans un dédale de rue, depuis la grand place où aurait eu lieu les cérémonies jusqu’à une salle dite des audiences, cœur économique de la cité où se répartissaient les ressources ou/et les tribus ; on parvient enfin à un lac artificiel où se seraient déroulés les sacrifices rituels … puis c’est le lieu où fut découvert la sépulture d’un roi chimus enterré avec ses femmes ….
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la grande muraille de la ville et son entrée |
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la vaste esplanade où avaient lieu les cérémonies |
L’ensemble est décoré de frises, essentiellement d’animaux stylisés : pélicans, poissons dans les vagues, loutres de mer … Les Chimùs avaient repris les installations "agricoles" des Mochicas, en particulier tout le réseau d’irrigation, mais les décorations figurant dans leur capitale témoignent de l’importance que revêtaient pour eux la Mer et ses ressources. On reste malgré tout sur sa faim car il y a très peu d’explications … et très peu de restes hormis les immenses murs en adobe.
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Mur de l'esplanade et sa frise sculptée |
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un véritable dédale de couloirs et de recoins ... |
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Niches où étaient mises les statues des dieux |
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Lac situé dans l'enceinte de la ville, où avaient lieu les sacrifices ... |
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Et enfin le tombeau du roi Chimù ... qui n'a pas souhaité partir seul ! |
Nous voilà maintenant proche du nord du Pérou : encore quelques haltes et ce sera l’Equateur …