Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







mercredi 9 mars 2011

De Marrakech à Meknès


Nous sommes donc arrivés à Marrakech par un temps superbe. Nous avions eu du beau temps dans le sud, mais là, la température atteint les 27 ° ! Au camping où nous nous installons, il y a une piscine dehors et des gens se baignent !! Mais l'eau n'est qu'à 20 ° et je renonce à l'essayer !! Le cadre est très agréable, mais nous sommes assez loin de la ville et faisons donc appel au service d'un taxi pour aller nous perdre dans Marrakech … et c'est exactement ce que nous allons faire …

Le taxi nous dépose au centre, près de la Koutoubia.

Cette tour de 77 m (jusqu'au sommet de la flèche - sinon 69 m jusqu'au sommet du lanternon - a été construite par le premier souverain Almohade après qu'il se soit emparé de la ville en 1147. C'est, parait-il, l'un des plus beaux monuments d'Afrique du Nord, tant par la simplicité de sa forme que par l'harmonie de ses proportions, mais il ne se visite pas. Nous nous dirigeons donc ensuite vers la place Jemaa-el-Fna, le cœur de la ville.


C'est une très grande place, qui le matin est assez calme. Puis progressivement, outre les vendeurs de jus d'oranges, de dattes, de figues, d'épices, les diseuses de bonne aventure, les charmeurs de serpents, les porteurs d'eau en costume traditionnel, elle se remplit de touristes, bien sûr, de calèches en attente de clients, de dizaine de restaurants ambulants, et de plus en plus de monde qui déambule, circule, discute, dans un joyeux brouhaha.



A côté se tiennent les souks : un dédale de ruelles couvertes avec des milliers de boutiques : on est très vite perdu et on passe du souk des bijoutiers à celui des tapis,


pour se retrouver sur l'ancienne place des esclaves où des femmes pratiquent le trocs de toutes sortes de tissus et vêtements,


pour atterrir chez les ferrailleurs, puis les teinturiers, sans oublier les marchands d'épices de toutes couleurs et senteurs. Tout cela avec au milieu des charrettes, des calèches, des vélos et des mobylettes qui pétaradent …

On finit par en sortir pour aller nous attabler à la terrasse d'un restaurant qui domine la place : elle est déjà bien remplie avec maintenant des acrobates qui viennent faire leurs tours et de plus en plus de monde venu faire ses emplettes. Après le repas, nous nous laissons tenter par une promenade en calèche qui nous fait faire le tour de la médina.


Je ne sais comment font les chevaux au milieu de la circulation pour ne pas être affolés par toute cette agitation et les coups de klaxon permanents !!!

Après une nouvelle plongée dans les souks,

nous nous trompons de direction et nous voilà partis dans la ville …


nous sommes obligés de faire appel à un petit taxi pour nous ramener au centre, tellement nous nous étions éloignés… et perdus. C'est donc plutôt crevés que nous retournons au camping.

Mis à part la Koutoubia et la place, les monuments sont des mosquées, qui donc ne se visitent pas. J'aurais aimé aller flâner dans le Jardin Majorelle, mais revenir sur la ville ne nous a pas tenté : nous sommes devenus un peu "allergiques" aux grandes métropoles …

Après trois jours, nous décidons de continuer notre route et d'aller admirer les cascades d'Ouzoud, à une centaine de kilomètres de là, dans le Moyen Atlas. La route est agréable et nous arrivons dans un petit camping tenu par un couple de Hollandais tombés amoureux du coin. Nous sommes à environ 1000 mètres d'altitude et on le sent à l'air plus frais. C'est également beaucoup plus vert, mais plus de palmiers !

Nous partons donc admirer les cascades : nous descendons au village et sommes immédiatement abordés par des "guides" qui veulent absolument nous proposer leurs services "indispensables" Maintenant, nous avons une réponse toute prête : nous sommes déjà venus, nous connaissons, etc … et donc nous nous dirigeons un peu au hasard, car évidemment, rien n'est indiqué sinon les guides n'auraient pas de travail ! Nous arrivons au surplomb des cascades : impressionnant, surtout qu'il n'y a aucun garde-fou ! Je préfère contempler la vallée où serpente la rivière un peu plus loin plutôt que la cascade qui chute à côté de nous.

Un petit grand-père nous indique où se trouve le chemin : nous descendons par l'escalier bétonné, jalonné des petites boutiques habituelles. A mi-chemin, nous rencontrons les singes magots qui attendent leur déjeuner : les touristes achètent des cacahuètes et les singes viennent autour de nous pour obtenir leur déjeuner, alors qu'il ne faudrait rien leur donner !


Les cascades sont vraiment magnifiques ! Et avec le soleil, un arc-en-ciel permanent irise le fond de la gorge. Arrivés en bas, on peut admirer la chute dans toute son ampleur.


Nous remontons de l'autre côté, plus sauvage puisqu'il s'agit d'un simple sentier sous une forêt d'oliviers, pour déboucher au niveau de la chute. Nous continuons, en suivant la rivière jusqu'au village et rentrons au camping. L'après-midi, après être redescendus pour chercher - sans le trouver - un sentier menant à des grottes, nous refaisons le tour complet du site, pour le plaisir.


Le lendemain, nous remontons la rivière pour aller jusqu'à la source.


En fait, nous n'irons pas jusqu'au bout car nous tombons sur un chantier : il semble qu'ils fassent une retenue, sûrement pour qu'il y ait de l'eau toute l'année aux cascades - car à certaines périodes, il n'y a qu'un filet d'eau ou pas du tout.


La promenade est très agréable : on croise des pêcheurs - ils se servent d'un tissu comme d'un filet ! - des femmes qui lavent à la rivière avec le petit âne qui porte les lessives, des agriculteurs dont l'un travaille avec un soc - et un camp de toile avec salon de jardin sur un îlot au milieu de la rivière !


Cette partie du Maroc est déjà différente tant de la côte Atlantique que du sud et même s'il fait très beau, on est déjà sur le versant nord du Haut Atlas : la végétation est plus  "méditerranéenne" avec oliviers, chênes lièges et s'il y a toujours des rochers, ce ne sont plus les déserts caillouteux que nous avons rencontrés.

Après deux jours passés dans ce petit camping très agréable, nous reprenons la route pour aller voir le lac de barrage de Bin-el-Ouidane, à quelques kilomètres de là. Lorsque l'on arrive en haut de la côte qui le surplombe, on a l'impression d'une vision de carte postale !

Ne pouvant stationner pour la nuit, nous poursuivons notre route vers Beni-Mellal ou nous assistons, sur le petit aéroport à un saut de parachutistes suisses. Puis nous continuons notre route pour arriver à la nuit tombante à la ville d'Azrou. Nous ne pensions pas faire tout ce chemin, mais n'ayant pas trouver d'endroit où stationner, nous avons avalé la route jusqu'à cette petite bourgade du Moyen-Atlas, au sud de Meknès.

Nous sommes à environ 1600 mètres d'altitude et çà se sent ! Il gèle pendant la nuit et, au réveil, il fait 3° dans le camping-car !! Dur de se lever ! Après avoir déguster les truites cuisinées par Hassan, le propriétaire du camping, nous allons faire une petite promenade, mais le vent froid nous ramène au bercail. La nuit suivante est encore plus froide - 1° au réveil - et nous prenons la route vers Meknès - en passant par Ito, paysage un peu particulier,


avec un petit détour sur le site de Volubilis.

Une ville au nom de fleur … Ce sont les ruines romaines les plus importantes du Maroc. Ce fut l'une des capitales de Juba II, roi de Maurétanie au début de notre ère. Aux IIème et IIIème siècles furent érigés d'imposants monuments puis l'importance de la ville déclina pour être abandonnée après la fondation de Fès. En 1755, le séisme qui anéantit Lisbonne renversa les quelques monuments encore debout. Puis le site fut redécouvert vers la fin du XIXème siècle et fouillé par des archéologues français.

Le site s'étendrait sur environ 40 ha mais seulement 15 ha ont été déblayés à ce jour. Dans les riches maisons mises au jour, on peut admirer de beaux restes de mosaïques sur les sols.


L'artère principale, le Decumanus Maximus qui traversait toute la ville est entièrement dégagé et se termine à l'Arc de Triomphe élevé en l'honneur de l'empereur Caracalla en 217.

Le site lui-même est très beau, surplombant légèrement la riche plaine au nord de Meknès. Il fait beau, et si l'air est frais, les fleurs et la végétation qui parsèment le site en font une très agréable promenade.



Nous ne faisons que passer à côté de Moulay Idriss, ville sainte de l'Islam. En effet, n'ayant pas, en tant que non-musulmans, accès au tombeau, nous nous contentons de regarder la ville de loin. C'est là qu'est enterré Moulay Idriss, fondateur de Fès, arrière-petit-fils de Mahomet et père de la première dynastie musulmane du Maghreb les Idrissides. Nous reprenons la direction de Meknès, jusqu'à un petit camping en pleine nature. Du village de Sidi Ali, juste au-dessus, on a une vue splendide sur toute la plaine, avec la ville de Meknès en fond de décor.


Le lendemain, nous partons en stop visiter la ville de Meknès. C'est la 5ème ville du Maroc par sa taille et l'une des quatre villes impériales. Elle est essentiellement la ville d'un homme Moulay Ismaïl. Il rasa la ville ancienne pour construire la cité qu'il souhaitait : contemporain de Louis XIV, durant son règne de 55 ans, il fit bâtir murailles - 25 km de triple murailles - portes monumentales, écuries démesurées, arsenaux et palais. Nous allons donc à la découverte de ce qui reste de cette œuvre.

Arrivés sur la grande place face à la monumentale porte Bab Mansour,


nous nous dirigeons vers le mausolée de Moulay Ismaïl : pas de chance, nous sommes vendredi, et c'est le jour réservé aux musulmans ! Nous partons donc en longeant les doubles murailles


vers les fameux greniers Héri-es-Souani - surtout fameux par leur ampleur !


Les écuries quand à elles ne se visitent pas car en mauvais état : il pouvait y loger jusqu'à 12.000 chevaux ! A côté, le bassin de l'Agdal remis en état, que nous longeons en petite calèche - le conducteur nous suivait pour nous faire absolument monter ! On a fini par céder ...


Nous retrouvons la grande place El-Hedim


et partons visiter le Musée Dar Jamaï qui expose des objets traditionnels marocains dans un ancien palais d'un grand vizir, avec une magnifique koubba ou salle de réception au plafond très finement travaillé.


Puis nous nous dirigeons vers les souks autour de la grande Mosquée où nous visitons une ancienne médersa : une cour centrale entourée de galeries où s'ouvrent les cellules qui accueillaient les étudiants. Là encore, ce sont les plafonds de bois très délicatement ouvragés qui sont beaux à voir.



Nous nous promenons encore un peu dans les souks,


mais le vendredi, beaucoup de boutiques sont fermées et après une dernière promenade dans la ville, au demeurant très vivante,


nous décidons de rentrer : il est déjà 16 heures et il ne fait pas très chaud. Nous n'avons pas été "conquis" par Meknès bien qu'elle ne manque pas de charme, cependant nous ne voulions pas quitter le Maroc sans voir les villes impériales - mais nous ne "ferons" pas Rabat. Il nous reste donc Fès à visiter : ce n'est qu'à environ 70 km de là et le lendemain, nous quittons notre petit camping bien agréable pour rejoindre la grande métropole qu'est Fès.