Nous sommes partis tranquillement de Toulouse car nous voulions faire le trajet en plusieurs étapes et avoir une marge d'une journée au Havre au cas où.
Tout le long du chemin, nous avons eu de la pluie et après la Rochelle, c'est le froid qui s'installe. Nous n'avons rien vu de la Normandie que nous avons traversé sous des trombes d'eau. Enfin, le 7 décembre, c'est le Havre : nous allons sur une aire de camping-car et prenons contact avec l'agent maritime : nous devons nous présenter au terminal roulier le 9 entre 7 et 9 h 00 du matin où le Grande Francia devrait être arrivé.
Nous terminons de préparer nos bagages et Alain récupère un plan du port du Havre : heureusement car c'est immense et nous devons y aller de nuit ! Il pleut beaucoup et il fait froid : tant pis, nous découvrirons la ville une autre fois ! Au petit matin, nous partons sous la pluie et grâce au plan, nous sommes à 7 h 20 au terminal
mais le cargo n'est pas encore là : il devrait arriver vers 11 h 00. Nous patientons donc dans Pégase et regardons le jour se lever sur les quais : nous nous distrayons à contempler le ballet des camions amenant du fret, les énormes grues, le terminal pétrolier et ses torchères
. Mais qu'il fait froid !!
Nous faisons connaissance avec nos futurs compagnons de voyage Michel et Nicole : un couple français qui part, en Toyota avec une tente de toit, passer quelques mois en Amérique du Sud. Contrairement à nous, petits débutants, ce sont des habitués des voyages, tant dans leur vie professionnelle que depuis qu'ils sont à la retraite !
Et voilà notre yacht ! |
et l'ouverture de la passerelle ... |
Enfin, vers 11 h 00, nous nous présentons sur le quai, le navire est là : il est immense : il y a 13 ponts ! Vers midi et demi, nous montons à bord avec nos sacs et sommes amenés par ascenseur, dans nos cabines, sur le pont 12. Elles sont assez spartiates mais bien conçues, avec un hublot donnant sur l'extérieur, deux lits bas, une armoire, un petit réfrigérateur et un bureau ; nous avons également une petite salle d'eau particulière avec WC.
vue sur le quai depuis le pont 12 |
Une fois les sacs posés, le steward philippin nous fait visiter les lieux où nous aurons l'occasion d'aller : le mess où mangent les officiers et les passagers, le salon où l'on peut venir voir des films, écouter de la musique, lire (il y a quelques livres dans différentes langues) et papoter, la laverie où l'on peut laver et sécher son linge ; voilà, nous avons fait le tour de ce qui sera notre domaine pendant presque un mois ensuite on nous sert un petit repas froid et nous rentrons dans nos cabines, les véhicules ne devant être installés qu'un peu plus tard.
Après avoir arrangés nos affaires, nous allons faire un tour sur le pont pour regarder le chargement du fret : c'est assez impressionnant, mais il fait froid, il pleut et le vent nous transperce. Enfin, nos véhicules sont rentrés et le navire part pour un autre quai où il doit charger encore des voitures, des camions, des bus et toutes sortes d'énormes engins et un énorme tas de containers. Vers 1 h 00 du matin, Alain est appelé pour manoeuvrer Pégase qui est enfin installé. Nous passons donc notre première nuit à quai et le lendemain, le ballet incessant des grues reprend.
Pégase attendant son embarquement |
Nous sommes cinq couples à bord et je crois bien que nous sommes les plus jeunes ! Un couple italien Massimo et Rita, deux couples allemands Wolfgang et Hilde, Volker et Margrete et donc deux couples français. Les italiens mangent à la table des officiers tandis que nous et les allemands avons des tables de quatre. Je pense que nous avons tous hâte de quitter le Havre tellement le temps est peu agréable et vers 16 h 00, nous quittons le quai pour passer l'écluse François 1er et rejoignons le canal qui se jette à la mer mais il fait nuit. Nous montons sur le pont pour regarder une dernière fois les lumières de la ville s'éloigner peu à peu puis regagnons nos cabines bien au chaud.
Pluie et froid pour le grand départ |
Cà y est, nous sommes partis !
Voilà quelques « mensurations » concernant notre cargo le Grande Francia :
- longueur : 214 mètres - hauteur : 25,92 mètres - largeur : 34 mètres
- poids à vide : 19.466 tonnes - PTAC : 56.738 tonnes
Comme on peut le voir, ce n'est pas une coquille de noix ! Nous sommes donc logés sur le pont supérieur à plus de 20 mètres au-dessus de l'eau.
Partis le 10 décembre, dès le 12, nous arrivons à hauteur de l'Espagne et l'air est déjà moins froid mais il y a encore beaucoup de vent et de la pluie ; le 14, nous longeons déjà le sud Maroc et bénéficions de soleil et de ciel bleu ; l'équipage nous sort les transats et nous nous installons l'après-midi à papoter sur le pont en tee-shirt au soleil
dans le petit salon, les Allemands ont installé leurs ordinateurs et tout un matériel sophistiqué qui leur permet de connaître notre position en permanence : matin et soir nous regardons donc l'écran et passons ainsi les îles Canaries puis arrivons en face des côtes de Mauritanie.
la partie avant où s'empilent les containers |
Très aimablement, l'officier de quart italien nous invite sur la passerelle et nous montre sur les cartes marines notre trajet le long de la côte africaine avec les ports de Dakar et de Freetown ;
la passerelle |
tout le personnel est vraiment très agréable et souriant : il est composé d'italiens - une partie des officiers - et le cuisinier ! Ce qui explique la présence de « pastas » à tous les repas !! Les autres membres d'équipage sont des philippins dont le steward Ariel qui est également chargé du ménage dans les cabines.
Notre steward toujours de bonne humeur |
Au soir du 14, nous passons au milieu des îles Canaries puis c'est la côte Mauritanienne (mais nous sommes loin au large) et le Sénégal où nous arrivons en vue de Dakar le 17 ; toute la journée, nous mouillons dans la baie en attendant l'autorisation de rentrer au port. Ce n'est qu'à 1 h du matin le lendemain que nous sommes à quai et aussitôt commence le déchargement, impressionnant parfois pour nous qui découvrons cet aspect de la vie d'un port.
Petit bateau de pêche dans la baie |
L'île de Gorée |
Il fait maintenant bien chaud ; dans l'après-midi, nous descendons dans la ville ; étant donné que nous sommes à pied, nous ne voyons que les alentours du port car la ville est très grande,
Des marchandes de légumes |
Un marché |
des immeubles anciens |
mais ce quartier n'est pas très beau et en bien mauvais état. Nous aurions peut-être pu faire une petite visite à l'île de Gorée au centre de la baie - lieu où l'on rassemblaient les esclaves avant qu'ils n'embarquent pour les Amériques - et où partent en permanence de petits bateaux pour touristes mais nous voulions nous dégourdir un peu les jambes et découvrir Dakar.
Dakar vu du pont du bateau |
descente directe de 13 étages ! |
Nous ne pouvons pas dire que nous avons le coup de foudre ! Mais il est difficile de juger sur une si petite halte. En effet, dès 19 h , nous appareillons à nouveau et cette fois-ci à destination de Freetown en Sierra Leone où nous devrions arriver le 19 Décembre. Maintenant, il fit chaud dès le matin, une chaleur moite et lourde mais heureusement, sur l'eau il y a toujours de l'air.
les seuls dauphins que nous apercevrons ... |
Après avoir longé la Guinée, c'est la Sierra Leone ; vers 4 h 00 du matin, nous stoppons à environ 45 km de Freetown et nous allons y rester 5 jours ! En effet, il y a d'autres bateaux avant nous et un seul quai pour le déchargement ! Nous faisons un nouvel exercice en cas d'évacuation avec notre casque, notre gilet de sauvetage et notre combinaison !
La tenue ... |
et le canot de sauvetage |
Le 23 décembre, départ pour le port puis retour ; le lendemain, nouveau départ et nous passons la journée et la nuit à l'entrée du port. Enfin, le 24 vers 18 h 00 nous accostons.
vue de Freetown en arrivant au port |
Le commandant est passablement énervé : le déchargement commence donc immédiatement et se poursuivra toute la nuit et tout l'équipage est au travail. Nous contemplons la ville depuis le pont et ne regrettons pas de ne pas pouvoir descendre : dans la partie de la ville que nous pouvons voir, ce ne sont que bidonvilles au bord de l'eau et constructions en piteux état.
une rue vue depuis le bateau au port |
Le site de la ville, à flanc de collines, est très beau, même si une brume constante ne nous permet pas une visibilité parfaite, mais tout semble extrêmement pauvre. La Sierra Leone a connu la guerre civile et si, depuis 5 ans, le pays est calme il fait malheureusement partie des pays les plus pauvres de la planète.
un pêcheur dans sa pirogue à voile |
Lorsque nous nous levons vers 7 h 00 le déchargement/chargement (nous rembarquons des containers vides) est pratiquement terminé ; vers 8 h 00 le pont est relevé et à 9 h 00, les amarres larguées, nous sortons lentement de l'embouchure du fleuve pour faire voiles . euh moteur vers la haute mer direction ouest-sud-ouest.
... et pêche |
un poisson volant (sera remis à l'eau) ! |
Et c'est donc le jour de Noël que nous entamons la traversée de l'Atlantique sud, cap sur le Nouveau Monde ...