Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







lundi 17 décembre 2012

Huitième papier : le Paraguay et son futbol

4 mois d'AM du Sud…
Beaucoup de routes, de paysages divers, de frontières passées et repassées, de gens rencontrés aux origines et cultures bien marquées ...
Je me décide aujourd'hui à reprendre - non pas la plume que seule Marie-Agnès manie minutieusement jour après jour sur son bloc notes - mais mon ordinateur afin de passer quelques instants avec vous ami(e)s suiveurs/suiveuses de notre aventure.
Depuis notre départ de France, nous avons répondu à toutes les demandes et interrogations que vous nous avez posé et c'est encore un grand merci général que j'ai le plaisir de vous adresser pour l'intérêt que vous portez à notre périple.
N'étant pas à la base un littéraire je recherche toujours un sujet sur lequel j'aurai des choses à dire et ce n'est pas toujours facile. Le déclic pour ce huitième papier a eu lieu à Pozo Colorado - bourgade Paraguayenne très pauvre du Chaco - non isolée cependant puisque située à l'embranchement Transchaco/ruta 5 vers le Brésil.

Ce 5 mai en fin d'après midi nous revenions de Filadelfia, prévoyance oblige, la conduite de nuit n'étant pas conseillée en ces lieux un peu risqués (animaux, conduite locale, camions, état des routes et absence de signalétique au sol et aux abords), nous décidons donc de faire halte à notre camping préféré… 'PETROBRAS' de cet embranchement.
Passage obligé à la pompe pour compléter le réservoir, petites pièces aux gamins du coin lesquels, nous ayant reconnu, s'empressaient de nous faire stopper à la bonne pompe pour nettoyer le pare brise et nous vendre de l'herbe à téréré (yerba mate local). Le pompiste, nous ayant reconnu aussi, nous indique l'endroit stratégique où stationner pour la nuit, bien visible des 2 vigiles chargés de la sécurité du site et armés jusqu'aux dents.
Nous sommes donc placés à la limite du 'stade de foot' jouxtant la station. Il fait chaud, l'air est moite et la nuit tout doucement prends place. Une fois installés un brouhaha assez lointain nous parvient aux oreilles et en l'espace de quelques minutes nous sommes entourés de Kawa.. Susuk.. et autres motos, vélos, voitures, vulgaris piétons et chiens du coin pour l'entrainement local des joueurs de foot ..
Tout ce petit monde est bien gai, jovial et enthousiaste, un amalgame inattendu - 'extranjeros'/joueurs/petite foule - se fait tout simplement, spontanément.
Au bout d'un certain temps.. d'un temps certain, dis-je.. patience.. les 2 équipes sont prêtes a s'affronter : il y a les 'textiles', équipe de Pozo Colorado qui va rencontrer, ou inversement, l'équipe des 'torses nus' de Pozo Colorado aussi…. Comme certains joueurs étaient torses nus en arrivant ils sont de fait dans cette dernière équipe..
Me suivez-vous !!!
Oui, tant mieux !!
Non, alors relisez cool et continuez !!!
Pour compléter la scène il ne manque donc plus que l'arbitre, les arbitres adjoints, un médecin ou un secouriste, un pompier, quelques babioles - publicités, filets aux buts, lignes tracées au sol, chaises, bancs, sifflets, trompettes, tambours et autres ustensiles plus discrets ou non et pour finir : pom-pom chicas, sponsors, oficionados, excités, éméchés, casseurs, policia publica y porque no, l'armada nationale .
Eh bien de tout cela rien !!!!
ET un VRAI match se déroule devant nous durant 2 fois 35 minutes. Ces 20 garçons (de 20 à 30 ans environ) se sont affrontés d'une manière super pro, correcte, virile, bon enfant, sans temps morts, sans mi-temps, sans coup de tête, sans geste déplacé, capables de s'auto arbitrer sans discussion débile ;
J'ai eu là la chance de voir un vrai match de foot tout simplement. Un match dénué d'intérêts que seule la passion et le désir de jouer peuvent transcender, ils jouaient en s'amusant, ils jouaient en passant un bon moment ensemble.
Comme spectateur ce fut pour moi tout simplement un grand plaisir. Rien que le fait de les voir se défoncer, se donner à fond en nage sous cette chaleur, descendant et remontant le terrain caillouteux, herbeux et non plan, sans s'arrêter était tout simplement impressionnant.
Et comme spectateur lambda et 'extranjero' (mais de Francia tout de même donc Platini etc, etc…) une certaine découverte de ce sport au sens pur du terme car, vous l'aurez peut-être deviné : le foot n'a jamais été mon truc.
En discutant un peu avec l'entraîneur - qui n'a rien dit durant tout le match (non stressé et amateur, comme d'ailleurs tout le monde ici, de téréré - boisson nationale immédiatement donnée aux jeunes enfants dès le biberon terminé -) il m'expliquait que le foot ici (en AM du Sud en général) était tout d'abord un jeu et qu'au Paraguay en particulier la notion financière n'était pas perçu de la même manière qu'en Europe. Ici il faut jouer d'abord, ce n'est pas un travail, et tous les joueurs sont des amateurs, sans emploi pour la plupart, (sans indemnités sociales, inexistantes ici) ou non déclarés (c'est normal ici)…
Pour l'Argentine et le Brésil le sujet est un peu différent car il y a des vedettes .. et donc .. comme en Europe et aussi maintenant aux USA, business et sport ne font plus qu'un ...
Le 'futbal' ici est tout d'abord un élément fédérateur de la Nation. L'intérêt (à travers les médias) que la population lui porte reste toujours mesuré même si de nombreux matchs se déroulent à travers le Pays. Le Paraguayen étant de nature réservé et non exubérant, lorsque des matchs nationaux ou internationaux importants se déroulent, il supporte bien sûr et toujours son équipe, mais s'il perd ce n'est pas bien grave, l'autre équipe était tout simplement meilleure.
 
 
 

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