Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







mardi 22 janvier 2013

De La Paz à la frontière Péruvienne


du 15 au 16 Janvier 2013


Nous partons vers 9 h 30 du parking de l’aéroport : pas trop tôt pour laisser passer le flot des gens qui partent au travail mais pas trop tard au cas où … cette fois, nous prenons la bonne route mais nous avons droit à un super bouchon dans El Alto sans savoir exactement le pourquoi, peut-être un mélange de travaux sur la voie, de marché en train de s’installer, de personnes manifestant avec des banderoles … et la gendarmerie au milieu qui ne règle rien du tout ! 

le marché quasiment sur la route !

Enfin, nous arrivons à sortir  : les derniers quartiers sont vraiment dans un triste état, proche des bidonvilles avec décharges un peu partout … mais revoilà la campagne … et la pluie ! C’est donc sous un ciel bien chargé que nous arrivons à Tiwanaku (ou Tiahuanaco) situé à 70 km environ de La Paz, toujours sur l’altiplano.


Impossible de se garer sur les parqueos noyés sous la pluie et c’est donc dans une rue du village que nous stationnons. Heureusement, après manger, le temps s’améliore un peu et surtout la pluie s’arrête. Nous en profitons immédiatement pour aller voir le site. Il avait fait l’objet, dans les années 60-70, de toutes sortes d’interprétations ésotériques car l’on avait cru voir dans les décorations figurant sur les pierres (en particulier sur la Porte du Soleil) des extraterrestres et leurs navettes : bref Tiwanaku n’était pas un nom inconnu pour nous et plutôt un brin mythique !

En réalité, c’était la capitale d’un empire théocratique aymara très ancien dont l’apogée se situe entre les VIIIème et XIIème siècle : il étendait son influence sur les populations andines autour du lac Titicaca et jusqu’aux régions côtières. Sa capitale aurait abritée jusqu’à 200.000 habitants ; on lui devrait notamment les premières cultures extensives de la pomme de terre et peut-être que les chemins attribués aux Incas, auraient en réalité été réalisés dès cette époque pour faire circuler les approvisionnements entre les différentes régions de cet empire. Très certainement, ils étaient férus d’astrologie ainsi que le laisse voir le plan du site de Tiwanaku : orientation de la Porte du Soleil, plan du temple, etc …




Plan : 1 le temple semi-enterré - 2 le Kalasasaya - 3 la pyramide effondrée - 4 les logements 

Hélas, quel dommage que le site ne soit pas mieux entretenu ! Nous allons patauger tout le temps dans la gadoue ! Les quelques panneaux indicatifs sont dans un bien triste état : bref, on croirait le lieu à l’abandon ou presque ! Nous commençons d’abord par éviter la pyramide quasi complètement effondrée car il y a tellement de boue que l’on a peur de tomber dedans ! Nous allons donc directement au « Kalasasaya » ou « pierres dressées » en aymara, un grand espace rectangulaire dont les murs sont absolument rectilignes et constitués, à intervalles réguliers, d’énormes monolithes dressés.




Il semblerait qu’il devait servir au culte du Soleil et c’est là que l’on trouve la fameuse Porte du Soleil qui figure dans « Tintin et le Temple du Soleil » mais elle est beaucoup plus petite que nous ne l’imaginions … et à vrai dire beaucoup moins impressionnante : seule une partie est sculptée et comme on ne peut s’approcher, on ne voit pas très distinctement les détails … deux autres statues - pas très grandes d’ailleurs - occupent le site : le Ponce (certainement un personnage de haut rang portant un sceptre) et le Fraile (qui serait un prêtre). 

la Porte du Soleil



détail du fronton de la Porte du Soleil


et vue de dos ...


le Ponce



et le fraile 


la muraille rectiligne du Kalasasaya


la Porte du Soleil a des admirateurs !

Nous continuons par un temple semi-souterrain où dans les murs côté intérieur sont sculptés de têtes dont beaucoup malheureusement bien abîmées : ce serait une représentation du séjour des morts … Nous continuons jusqu’à la Porte de la Lune avant d’arriver à ce qui semble avoir été le lieu de vie - des prêtres ? des hauts dignitaires ? : un grand carré avec un patio intérieur autour duquel auraient été construits les logements … 




le Temple semi-enterré et ses têtes de pierre



Vue sur l'arrière du Kalasasaya



des logements auraient occupés ce grand rectangle ...

Nous arrivons au vieux Musée juste à temps car la pluie revient : consacré essentiellement à la poterie, on y trouve de belles choses mais les vitrines auraient bien besoin d’un coup de torchon … et certaines tiennent avec de l’adhésif … mais le clou de la journée, c’est vraiment le Museo Litico, construit en 2002 et censé abriter certaines pierres trouvées sur le site ; il est dans un tel état qu’il prend l’eau de toute part ! et il n’y a rien à voir car toutes les pièces sont fermées, à l’exception d’une seule où trône le Bennett … éclairée par de toutes petites lumières : on le distingue difficilement dans cette pénombre !!! 

Il s’agit d’une statue (nous ne savons pas d‘où lui vient ce nom à consonance plus … britannique qu’andine !) - ce serait une représentation de la Pachamama - de 7 mètres de haut sculptée de chaque côté : elle est vraiment magnifique mais nullement mise en valeur : aucune explication des symboles, rien … et interdiction de la photographier alors qu’avant 2002 elle trônait devant le stade de football de La Paz …

Nous ne comprenons pas qu’un site de cette importance soit laissé dans un tel état, d’autant que l’ensemble est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco ; des gens du village y travaillent à la billeterie et à la surveillance, mais on n’a vraiment pas l’impression que le site fasse l’objet de fouilles ou d’entretien par des archéologues : c’est là un autre mystère de Tiwanaku …

Pour nous revigorer, nous allons boire un maté de coca : de l’eau chaude dans laquelle trempent des feuilles de coca ; çà nous réchauffe bien si çà ne nous aide pas à combattre le mal de l’altitude ! Le lendemain, le restaurateur nous offre l’eau pour remplir notre réservoir et discute un peu avec nous : il nous demande si en France également il y a des sites historiques comme Tiwanaku : un peu difficile de répondre ! 

la petite église du village de Tiwanaku

Nous allons faire un petit tour dans le village pour voir l’église mais elle est fermée : elle a été construite par les Espagnols lors de la colonisation avec des pierres prises sur le site … elle aussi mériterait quelques soins ! Nous passons une bonne nuit car c’est bien calme ; seul le bruit de la pluie nous réveille de temps à autre … et c’était notre dernière nuit en Bolivie ! 

Nous sommes en effet tout proche de la frontière et en fin de matinée nous arrivons à Desaguadero à la douane : comme toujours, les formalités de sortie sont rapides … s’il n’y a pas la queue ! Ici, cela se passe rapidement une fois qu’on a trouvé la route car il faut « s’enfiler » dans la ville par un chemin défoncé (la route est réservée aux camions !) et, comme toujours en Bolivie, il faut demander où diable se trouve les locaux de la douane car, avec le bazar des kiosques en tous genres et de la circulation, on a toujours du mal à les trouver ! Et voilà un dernier tampon sur le passeport et notre second petit passage en Bolivie se termine…

C’est un pays qui ne laisse pas indifférent : il est rude : rude par sa géographie, rude par son climat, les habitants aussi sont rudes même si, après l’entrée en contact ils se révèlent chaleureux et très gentils : ils sont seulement moins « extravertis » mais leur vie aussi est bien rude ! 
C’est un pays qui a vraiment une culture propre du à sa population en grande partie quechua où aymara : ce que l’on remarque en premier, c’est bien sûr l’habillement, des femmes en particulier (même si de plus en plus de jeunes sont vêtues « comme nous ») : cette jupe ample portée avec des bas de laine, avec cette sorte de plaid jeté sur les épaules et ces tissus aux couleurs lumineuses qu’elles nouent sur leurs épaules et qui leur servent à transporter … tout, depuis le bébé jusqu’à l’herbe ramassée pour le bétail … mais surtout cet invraisemblable chapeau melon ou en feutre qui les coiffe ! Impossible de comprendre comment il tient sur leurs têtes car il n’est pas accroché, on s’en rend compte quand elles l’enlèvent ! Et leurs grandes nattes qui leur descendent jusqu’à la taille … d’accord, elles sont petites mais leurs cheveux ont une belle longueur d’un noir d’ébène !!!

Si l’on excepte les villes où le béton et la brique sont majoritaires - seuls les quartiers anciens datant de la colonisation sont en pierre - toutes les maisons de l’altiplano sont en pisé recouvert de chaumes et maintenant de plus en plus de tôle ; dans la partie amazonienne, elles sont surtout de bois. La Bolivie est pauvre alors qu’elle recelait d’immenses richesses et çà aussi, çà se voit, tant dans les villes qu’à la campagne … mais il est vrai que pour le touriste ses paysages sont magnifiques et tellement multiples : rien à voir entre San José de Chiquitos et le Salar d’Uyuni, Potosi la ville de l’argent et l’incroyable site de La Paz : nous n’y auront passé qu’un petit mois, mais c’est vraiment un pays que nous n’oublierons pas tant il a de personnalité …     




    




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