Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







lundi 7 février 2011

Sur la route vers la vallée du Draa


Le 25 Janvier, nous nous préparons au départ vers l'est : mise à jour du blog, dernière lessive et rangement après 15 jours passés à Aglou. Nous sommes invités à un apéritif par des voisins du camping : 5 couples : bordelais, lotois, ariégeois (de Saverdun !), tourangeaux et nous toulousains. Encore une fois, nous sommes les plus jeunes et, mis à part les bordelais, nos compagnons n'en sont pas à leur premier séjour au Maroc. C'est une réunion bien sympathique car il est vrai que le camping permet de se parler beaucoup plus facilement entre voisins. Là, tous étant retraités depuis plus ou moins longtemps, personne ne cherche à savoir ce que vous faisiez dans la vie, mais plutôt "où allez-vous ?" "par où êtes-vous passés ?" "je vous conseille tel ou tel endroit …" bien sûr "radio camping-car" n'est pas forcément très fiable car chacun a des goûts et des attentes différents.

Enfin, le lendemain matin, nous prenons la route du sud qui, par Tiznit et Bouizakarne puis direction l'est, va nous mener à Tata et la vallée du Draa. Nous passons donc l'anti-Atlas qu'ensuite nous allons longer avec, à notre droite le désert. La route est, comme souvent étroite, mais il y a peu de circulation.

Nous faisons notre première halte à Icht, dans un camping récemment ouvert par des français : il y a des emplacements pour les camping-car et 4 x 4 mais on peut également être logés en tente berbère.



Nous sommes là à la limite du désert caillouteux, aux pieds de montagnes arides. Nous avions quitté la côte par un temps gris et pluvieux, et ici, il y a beaucoup de nuages également, mais c'est surtout le vent froid qui transperce.

Nous allons nous promener à Icht à environ 3 kilomètres de là, en empruntant le lit de l'oued

et nous débouchons sur la palmeraie au pied du village.


Sa partie ancienne est en assez mauvais état mais des enfants nous font visiter les anciennes rues couvertes, la vieille mosquée. Il faut avoir une lampe de poche dans ce lacis de ruelles sombres, mais c'est une architecture assez particulière, en pisé recouvert de poutres en bois de palmiers qui sont les restes de l'ancien village fortifié.


Nous continuons notre promenade dans la "campagne" autour du camping. C'est un paysage un peu lunaire : la "terre" est ici très blanche - peut-on d'ailleurs parler de terre ? - et forme une sorte de croûte dure avec des crevasses de ravinement un peu partout.

Seuls quelques arbustes hyper-épineux semblent y trouver de quoi se nourrir.


Par contre, le camping "borj-biramane" ouvert depuis 2008 est arrangé avec beaucoup de goût : il faut vraiment avoir la passion du désert pour s'intaller là à demeure car le coin est vraiment perdu au milieu de nulle part, hormis le village et la route qui s'étire toute droite le long du désert ! Cet endroit, nommé le "Foum" de Icht ("bouche" en arabe) c'est-à-dire le passage entre l'Anti-Atlas que nous allons longer jusqu'à Foum-Zguid et le grand sud saharien : la Hamada ou désert noir - en raison de la couleur des cailloux - en alternance avec des mers de sable et des canyons.

Le 28, nous reprenons la route : le paysage est de toute beauté : sur notre gauche, les montagnes de l'Anti-Atlas ont une couleur vieux rose au soleil et se plissent de mille façons ;

à notre droite, le désert, parcouru de sortes de crêtes de rochers rouges, d'étendues de pierres noires, quelques maigres buissons


Puis, tout à coup, on arrive à une palmeraie, avec parfois un village ou une petite ville, puis à nouveau, pierres et bancs de sable et même un troupeau de dromadaires qui nous coupe la route !

on se sent un peu comme dans un décor de film et on est heureux d'être là et de découvrir de tels paysages …




Nous arrivons vers midi à Tata, nichée au pied des montagnes, au cœur d'une palmeraie ;

Là aussi, comme sur la côte atlantique, le camping municipal est plein de camping-cars - il faut dire qu'il est petit - et nous avons peine à nous loger ! Nous partons nous dégourdir les jambes et découvrir la ville.

Surnommée la ville rose, c'est une petite ville bien agréable, au cœur d'une vaste palmeraie. Vers 14 heures, peu de monde dans les rues, les boutiques sont fermées,

puis vers 15 h 30 peu à peu elle s'anime, les commerces, les petits ateliers de ferronnerie, d'ébénisterie, et des échoppes de toutes sortes s'ouvrent, beaucoup de monde dans les rues, les femmes en robe bleue et voile noire - les berbères - et d'autres en tenue aux couleurs plus bariolées - les bédouines - et, bien sur, beaucoup d'enfants de tous les âges et des hommes portant souvent le turban noir sur la tête.


Pour le lendemain, nous décidons d'une petite randonnée jusqu'aux grottes de Messalit à environ 8 km de Tata. Nous prenons donc un petit casse-croute et traversons la palmeraie pour nous diriger vers l'oued Tata. Les montagnes forment un magnifique fond de décor pour cette promenade.

Nous rencontrons quelques femmes ramenant du bois, soit avec l'aide d'un petit âne - qui dira le dur labeur de ces petites bêtes ? -

soit en portant les fagots sur la tête … Il est près de midi quand nous arrivons à l'oued, qui coulait encore parait-il il y a une vingtaine d'années.


Ce sont des grottes imposantes avec beaucoup de stalactites couleur ocre, mais nous préférons les contempler de l'extérieur : nous n'avons même pas une lampe de poche !


Le retour en plein soleil est un peu plus dur et nous faisons quelques haltes dans la fraicheur de la palmeraie.


Nous avions décidé de poursuivre notre route le lendemain, mais à notre retour, nous retrouvons nos amis Philippe et Marie-Claire et décidons de rester le lendemain avec eux, puis de partir de concert. Après donc une journée de farniente, nous continuons notre route vers l'est.

La route longe l'erg, avec parfois une petite palmeraie et surtout beaucoup, beaucoup de cailloux !


Vers midi, nous arrivons à Foum Zguid dans un petit camping tenu par une association locale. C'est fait un peu de bric et de broc mais bien sympathique : on nous accueille avec un thé - le whisky berbère ! - et nous décidons de commander un tajine que nous prenons sous une - fausse - tente berbère, puis nous partons à travers la palmeraie,

jusqu'à un ancien village en ruine.

Au retour, nous traversons la petite ville et retrouvons notre petit camping. C'est une étape bien agréable mais dès le lendemain, nous reprenons la route vers Agdz, où nous commencerons la descente le long de la vallée du Draa, vers le désert. C'est là aussi que nous quitterons nos amis qui remontent directement sur Ouarzazate.

La route est passablement abîmée et commence à tourner : nous quittons peu à peu l'erg pour remonter une vallée dans l'Anti-Atlas. Au loin, nous apercevons les montagnes du Haut-Atlas enneigées ! Dans une vallée, nous longeons des mines de cuivre : depuis un petit moment, nous avions remarqué la couleur vert-de-gris des montagnes, sûrement due à la teneur en cuivre.




Enfin, la route s'améliore et s'élargie et nous atteignons Agdz, dominée par l'arête rocheuse du Djebel Kissane.


Nous nous installons dans un camping au milieu d'une palmeraie, à l'ombre des palmiers-dattiers, puis partons explorer la petite ville : elle est un peu loin et les routes ne sont pas goudronnées, ce qui, au moindre coup de vent soulève terre et sable. Les yeux piquent et nous sommes tout poussiéreux : couleur locale en fait ! Nous retrouvons la petite ville typique du sud marocain


et après un bon petit tour, reprenons le chemin du retour : le vent est fort et avec la tombée du soleil, l'air est froid. Nous sommes gelés en arrivant ! Quand le soleil tape, il fait très chaud, mais le soir ! La nuit, le thermomètre descend jusqu'à 0° et au lever, il fait à peine 6° dans le camping-car : nous sommes obligés de mettre un peu de chauffage et, à midi, nous revoilà en tee-shirt ! Nous restons là deux jours avec nos amis, puis nous entamons la descente de la vallée du Draa, tandis qu'ils bifurquent plein nord vers Ouarzazate.