Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







vendredi 1 avril 2011

De Tanger à Cordoue


Pégase tout crotté, sur le port de Tanger

Après une traversée sans histoire, nous avons donc touché le sol de notre vieille Europe vers midi, et nous nous sommes tout de suite dirigés vers un camping que nous avions noté, proche de Tarifa, au bord de la mer.

La côte marocaine s'éloigne ...
Ici aussi, il a beaucoup plu mais on nous annonce des jours meilleurs ; effectivement, dès le lendemain, amélioration du ciel, pas de pluie et le surlendemain, grand beau temps : nous en profitons pour toiletter Pégase, tout boueux de ses dernières aventures, puis nous allons sur la plage pour farniente et bronzing.

Pégase prend un peu de repos
Hélas, au bout de deux jours, c'est le vent qui se lève, et ici, il y en a ! C'est d'ailleurs un spot de surf très fréquenté. Nous décidons donc de poursuivre notre route vers Séville. Tout le long de la côte, jusqu'à Huelva, le vent reste assez fort, pour se calmer un peu lorsque nous rentrons dans les terres.

Nous parcourons une campagne «européenne», bien léchée, sur de belles routes. C'est vrai que çà nous change ! Beaucoup de champs d'oliviers et des lauriers-roses le long des routes, quelques palmiers et des villes et villages tous blancs nichés dans le paysage.

Nous arrivons dans la banlieue de Séville où est installé le camping. Heureusement il y a un bus tout proche qui dessert la ville, car il est toujours un peu hasardeux de s'aventurer en camping-car dans de grandes agglomérations.

Séville est parait-il la ville la plus touristique d'Espagne, et elle le mérite bien. Ville habitée dès l'Antiquité par les Grecs, les Phéniciens puis les Romains, elle fut une des grandes villes de l'époque maure, avant d'être une des résidences des rois catholiques. Mais c'est avec la découverte des Amériques en 1492 qu'elle devient l'une des villes les plus riches d'Europe. C'est actuellement la 4ème ville d'Espagne qui a accueilli en 1992 l'Exposition Universelle pour laquelle elle a été radicalement modernisée.

Nous partons donc à sa découverte, en commençant par son plus prestigieux emblème : la cathédrale et la Giralda.



la cathédrale et à gauche la Giralda
La cathédrale qui occupe l'emplacement de l'ancienne mosquée est la troisième église d'Europe après St Pierre de Rome et St Paul de Londres et elle s'élève à 56 mètres de hauteur ! Presque aussi large que longue, elle est de style gothique avec des voutes ornées de véritables dentelles de pierre.

un peu chargé à notre goût ...

Le Chœur avec ses stalles richement décorées, la Capilla Mayor au retable sculpté et recouvert de feuilles d'or,

le retable et le maître-autel

l'impressionnant tombeau de Christophe Colomb (mais est-ce le bon ? Il en aurait un autre en République Dominicaine !) ce serait presque trop, mais l'ampleur et la majesté de l'édifice atténue cette extravagance.

Le tombeau de Christophe Colomb
Nous grimpons bien sur à la Giralda. Lorsqu'à la Reconquête fut détruite la grande mosquée, on sauvegarda le minaret pour le transformer en clocher : au total 98 m de haut ! On grimpe par une rampe, assez large pour deux cavaliers de front, jusqu'au niveau des cloches d'où l'on a une vue superbe sur la ville.

Séville vue de la Giralda
Après cela, une petite halte au Patio de los Naranjos, petite place à l'intérieur des murs de la cathédrale et qui faisait partie de la Grande Mosquée, puis nous allons nous promener dans les ruelles du Barrio de Santa Cruz.

Ruelle dans le barrio de la Cruz

Nous arrivons ainsi au Real Alcazar. Là aussi, c'est vraiment une visite à ne pas manquer, non spécialement pour le palais, mais surtout pour ses jardins …Typique de l'art mudejar - style créé par les musulmans restés en Espagne après la Reconquête - c'est un dédale de cours et de pièces décorées de céramiques, aux plafonds magnifiquement ouvragés. Mais ce sont surtout les jardins qui se succèdent, avec leurs fontaines, leurs balcons, leurs terrasses, tous différents mais tous harmonieux à leur manière qui font indéniablement tout le charme de ce palais. Nous flânons tranquillement de patios en jardins, partout des bancs accueillent les visiteurs qui peuvent ainsi profiter à loisir des orangers, magnolias, palmiers, glycines, contempler les bassins, se reposer à l'ombre des pergolas : un moment de pur plaisir !

Une vue des Jardins de l'Alcazar

C'est presque à regret que nous quittons le palais royal pour nous diriger vers la Place d'Espagne. C'est un large hémicycle datant de l'Exposition de 1929, orné de bassins, de fontaines, d'un très large escalier, le tout décoré de belles céramiques ; devant s'étend le Parque de Maria Luisa, vaste parc ombragé, parsemé d'édifices datant également de l'Exposition de 1929 et qui abritaient les productions des pays d'Amérique Latine.

La Place d'Espagne et son canal

Nous allons ensuite saluer le Guadalquivir en longeant le Paseo de las Delicias jusqu'à la Torre del Oro - construite dans les années 1220 par les Almohades pour défendre l'entrée de la ville par le fleuve, elle servit ensuite à entreposer l'or venant des Amériques - pour arriver aux arènes sur la Plaza de Toros, parmi les plus anciennes d'Espagne. Malheureusement, pas de visite possible actuellement …

La Torre del Oro au bord du Guadalquivir

Nous avons aimé Séville pour la beauté des monuments - et surtout des jardins - mais également pour ses magnifiques avenues, avec de larges trottoirs, qui donnent vraiment envie de flâner ; beaucoup de rues piétonnes également dans le centre et les vieux quartiers, ce qui nous a permis de profiter à fond de notre promenade.

Après deux jours passés dans ce sympathique camping - nous y avons rencontré des Toulousains qui faisaient un tour d'Espagne : nous avons peu rencontrés de Toulousains au cours de notre périple ! - nous prenons la route pour Cordoue, plus au nord. La route est belle - elles le sont généralement en Espagne - il fait beau, toujours des champs entiers d'oliviers, et nous arrivons ainsi tranquillement à Cordoue en début d'après-midi.

Le camping étant tout proche de la ville, c'est à pied que nous partons à sa découverte. C'est elle aussi une ville très ancienne - métropole d'une province romaine puis wisigothique avant de devenir une capitale de l'Espagne musulmane et une ville-phare de l'Islam. L'essentiel de ses monuments se concentre autour de la Mezquita et dans le quartier de la Judéria.

Nous commençons donc notre visite par la Mosquée-Cathédrale où l'on entre par le Patio de los Naranjos, planté d'orangers avec la fontaine pour les ablutions rituelles. Cet édifice construit au VIIIème siècle a été agrandi à plusieurs reprises et était un lieu de pèlerinage très important, juste après La Mecque et Jérusalem. Lorsque on pénètre à l'intérieur, on est comme environné de tous côtés par une véritable forêt : l'ensemble comprend 19 nefs soutenues par 850 colonnes !

un curieux mélange ...

Les arcs faits d'une alternance de brique et de pierre, les colonnes de jaspe, marbre ou granit de différentes couleurs, donnent à cet ensemble imposant élégance et harmonie.

la finesse de la conception d'origine

Le mihrab, richement décoré de marbre et de mosaïques (offerte aux Califes de Cordoue par l'empereur byzantin Constantin VII) occupe le mur opposé à l'entrée.

la délicatesse de la décoration ...
Et au centre, s'élève le chœur d'une cathédrale de style Renaissance !!! Le résultat est assez incongru, pour ne pas dire plus …

un étonnant mélange, en tout cas sur le plan esthétique !
Après cette visite, nous allons nous perdre dans le quartier de la Juderia, ruelles blanches, aux balcons ornés de fleurs ; par les portes ouvertes, on peut admirer des patios fleuris où parfois coule une fontaine. Nous arrivons ainsi à la Synagogue : après la Mezquita, nous la trouvons vraiment toute petite : une courette précédant deux pièces : une pour les femmes et les enfants et la plus grande au plafond sculpté pour les hommes : construite e1315, elle serait l'une des seules à subsister en Espagne.

dans une ruelle de la Juderia

Nous nous offrons un déjeuner fait d'un assortiment de tapas arrosé de sangria dans un restaurant-patio décoré comme beaucoup d'azuleros, en compagnie de Pepe et Lolo, deux mignons petits oiseaux en cage. Nous allons ensuite saluer le fantôme de Cervantès à la Posada del Potro (il parait qu'il la fréquentait !) face au Guadalquivir avant de poursuivre notre chemin jusqu'à la plaza de la Corredera : place rectangulaire du XVIIè entourée de portiques. Quelques boutiques de brocante, mais surtout beaucoup de terrasses de cafés !

très agréable pour une pose ...
Nous terminons notre périple par le Palais des Ducs de Viana où nous visitons les 12 patios et jardins, remplis de différentes essences, avec toujours de l'eau qui coule, qui jaillit, qui murmure ...


Un délice ces jardins andalous, qu'ils soient royaux ou non !!!


Dans sa partie plus récente, Cordoue est, comme toutes les villes espagnoles que nous avons visitées, aérée, pourvue de larges avenues et le moindre boulevard fait au moins 10 m de large ! Les berges du Guadalquivir en cours d'aménagement seront elles aussi un régal pour le flâneur.

une simple avenue dans la ville

Nous décidons le lendemain d'aller faire un petit détour par la côte avant de filer sur Grenade. Nous nous dirigeons donc vers Malaga, toujours dans un paysage d'oliveraies - nous n'imaginions pas en voir une telle quantité ! - et faisons halte un peu avant Motril. Le long de la côte, ce ne sont qu'ensembles immobiliers neufs - les vieux villages, souvent un peu en retrait, sont comme noyés dans ce béton. On ne peut pas dire que les constructions soient laides, mais il y en a, à notre avis, bien trop … Nous allons faire un tour à la plage : là aussi, ce ne sont plus les belles plages de l'océan, mais les galets et du vent qui nous accueillent, sans compter que l'eau est encore bien froide en cette saison ! Pas question d'y mettre plus que le pied ! Enfin, on ne va pas se plaindre d'avoir la chance d'être là !!!