Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







samedi 3 septembre 2011

La Flandre de Poperinge à Bruges




Nous avons accosté à Calais vers 18 h 00 après une traversée sans histoire. Comme il était un peu tard, nous avons dormi sur une aire pour camping-car entre le terminal du ferry et la plage. Temps gris et petite pluie et bien sur, vent puisque nous sommes en bord de mer.

Nous n'avons guère dormi car un ferry amarré au port a laissé son moteur tourner toute la nuit ! Au matin, nous partons faire un tour en ville à pied et nous en profitons pour acheter du pain : c'est ce qui nous a le plus manqué ! Nous prenons également une carte et un guide de la Belgique où nous avons décidé de faire un tour avant de redescendre dans le sud car nous ne connaissons pas du tout le pays.

Après manger, nous prenons la route direction Poperinge, pas très loin de la frontière, en Flandre occidentale. C'est une petite ville plutôt agréable où nous faisons connaissance avec l'architecture du pays : maisons et immeubles de brique rouge ou jaune qui sous le ciel gris ne sont pas particulièrement riants, égayés sur la place centrale, le Markt, par les terrasses des cafés, et les devantures des boutiques.

l'Hôtel de Ville

















Un paisible jardin paysagé








































Nous sommes donc en Flandre, zone non francophone et là, nous ne comprenons rien ni à l'écrit, ni à l'oral ! Heureusement, les commerçants connaissent quelques mots de français et l'office de tourisme à des brochures en différentes langues. Nous sommes dans une région qui a été fortement marquée par la guerre 14-18 : si Poperinge a été relativement épargnée, elle est à quelques kilomètres d'Ypres et de Dixmude qui furent le théâtre de combats particulièrement durs et coûteux en vies humaines.


Notre premier béguinage
Le lendemain, nous prenons la route pour Ypres, ville qui a du être totalement reconstruite après la guerre car elle était sur la ligne de front, formant un saillant que les Allemands ont tentés d'enlever aux troupes belges, britanniques et françaises, quasiment tout au long des quatre années de guerre. Déjà, le long des routes, des cimetières parsèment la campagne. C'est dans la Halle aux Draps dominé par le beffroi - tous deux refaits à l'identique pendant l'entre deux guerres - qu'à été installé le Musée « In Flanders Fields » qui retrace le conflit dans cette partie du front.

la Halle aux Draps



















Promenade dans la ville






























C'est en Octobre 1914, après l'inondation des polders que le front se « stabilise » entre la mer, Dixmude et le saillant d'Ypres. Plus d'un demi-million d'hommes va mourir là, dans la boue et le froid, subissant des attaques incessantes, sans parler de l'utilisation du gaz moutarde ou ypérite. Beaucoup d'images d'archives et de films ponctuent ce voyage dans l'enfer de la guerre.

Nous passons par d'autres lieux mémoire dans la proche banlieue d'Ypres : Zillebeke où deux « collines » hill 60 et hill 62 tenues par les troupes britanniques furent le théâtre d'intenses combats : le champ qui couronne la colline a été laissé en l'état depuis la guerre : aujourd'hui il y a des arbres, de l'herbe, des fleurs sur un terrain bouleversé par les obus ;


Un ancien bunker, fleuri de coquelicots
puis nous continuons sur Zonnebeke où un petit musée relate la terrible bataille de Passchendaele qui eut lieu tout près de là en 1917 : tentative de percée du front qui dura près de 100 jours avec pour résultat moins de 10 km gagnés sur l'ennemi !

le Musée

et ses paisibles jardins

Images d'archives et matériels
Enfin Poelkappelle où tomba Guynemer avec un monument à sa mémoire (que nous n'avons pas trouvé particulièrement beau et surtout mal placé au milieu d'un carrefour).
le style des épithaphes ...

Guynemer faisait partie de l'escadrille des Cigognes























En fait, nous faisons très peu de kilomètres car tous ces villes et villages se touchent presque : entre Ypres et Dixmude, 20 kilomètres environ et tous ces lieux sont entre les deux.


Nous continuons vers la côte et passons une nuit tranquille au bord d'un canal à Veurnes, petite ville paisible, avec un très beau jardin peuplé de statues

promenade qui change des champs de bataille ...
puis revenons le lendemain sur Dixmude où nous allons parcourir le Dodengang que les soldats belges appelaient "le boyau de la mort" : c'est une partie de tranchée le long de l'Yser, conservée en souvenir par l'armée belge et "rénovée" ( les sacs de sable ont disparus et ont été remplacés par de faux sacs en béton). Les deux armées sont restées face-à-face ici pendant toute la guerre, enterrées dans la boue ...


les images donnent une idée de l'état des lieux à l'époque ...

vue depuis le Musée
Des photos d'archives donnent une idée de ce que c'était à l'époque : caillebotis sur pilotis, quand l'eau envahissait tout, boyaux étroits, redoutes, etc... Cà donne une petite idée de ce que tous ces jeunes ont subi pendant tant de jours, de mois, d'années ...
Puis nous mettons le cap sur Ostende où nous trouvons un parking près du Fort Napoléon où l'on peut rester dormir. Nous prenons ensuite le tram pour aller faire un tour en ville. Nous commençons par la promenade Albert 1er qui longe la longue plage : à la Belle Epoque, le Roi Léopold II a entrepris de faire de la ville une station balnéaire chic et on peut dire qu'elle a de beaux restes !

Une des "portes" pour accéder à la majestueuse promenade
et elle fait plusieurs kilomètres tout le long de la plage !


dommage que ce soit la Mer du Nord !

les cabines pour les bains de mer

















































































Le vent est frais mais c'est agréable car très large, avec bien sur beaucoup de commerces et de terrasses de cafés. Puis nous faisons un petit tour dans la ville et le long du port. Le centre n'est pas très grand et plutôt animé en ces jours d'été et l'architecture variée !


mélange d'architecture
Le lendemain, nous partons sur Zeebrugge, près de la frontière avec les Pays-Bas : nous longeons la mer bordée de dunes : la côte n'a rien d'extraordinaire, mais c'est le royaume du vélo : pistes aménagées tout le long et des centaines de cyclistes : il faut dire que c'est vraiment très plat !


Nous bifurquons ensuite en direction de Bruges. Nous laissons Pégase sur un parking à l'entrée de la ville et partons à pied nous promener : le temps est couvert et l'air assez frais mais il y a du monde. Il est vrai que la ville le mérite. Née aux alentours de l'an mille en tant que port où transite une grande partie du commerce de la mer du Nord, elle est victime au fil des siècles de l'ensablement des canaux qui la relie à la mer. C'est là qu'est créé le premier marché des changes où affluent des marchands de tous les coins du monde. Puis, supplantée par Anvers à partir du XVIème siècle, la ville s'endort, désertée par une bonne partie de ses habitants. C'est ainsi qu'elle est redécouverte peu à peu et à nouveau investie ... par les touristes ! Nous commençons notre promenade par le centre avec l'hôtel de ville,

L' Hôtel de Ville

et sa salle des Echevins décorée ...au XIXème siècle !



























le beffroi et la halle, la grand place,


la Halle et son beffroi ... trop haut pour la photo !

la grand place et ses façades caractéristiques

mais ce sont surtout les canaux qui donne à Bruges tout son cachet, avec les nombreux ponts à dos d'âne, les placettes, les maisons fleuries ... dommage qu'il y ait tant de touristes !


une très belle balade
Nous continuons jusqu'au béguinage : petites maisons blanches autour d'un petit parc - c'était le lieu où vivait en une sorte de communauté des femmes, souvent veuves et s'occupant le plus souvent de soins aux malades : une sorte d'ordre laïque puisqu'elles ne prononçaient pas de voeux   


nous sommes en pleine ville et on n'entend pas un bruit : il s'en dégage une grande sérénité. Nous visitons une maison de béguine transformée en musée

Un cadre de vie simple,

mais pour l'époque loin d'être misérable








































puis reprenons notre balade dans la ville jusqu'au lac d'amour : un large bassin bordé par des jardins : vraiment très beau mais dommage qu'il fasse si frais ce jour-là !

Sous le soleil, ce doit être magnifique !
Enfin, il semble que le temps s'améliore ! C'est aujourd'hui dimanche et nous faisons la grasse matinée sur notre parking d'Ostende et l'après-midi, direction la plage : nous parcourons la promenade aménagée tout du long sur une bonne dizaine de kilomètres : beaucoup de cyclistes et de promeneurs.

Et sur des kilomètres ...

En revanche, s'il y a du monde sur la plage, peu de baigneurs car l'eau doit être froide : nous ne sommes pas assez courageux ou réchauffés pour essayer ! De chaque côté de la ville, les dunes sont encore hérissées de bunkers datant de la dernière guerre : Ostende était bien gardée car il y en a beaucoup !

Nous revenons le lendemain mais avec le maillot de bain en empruntant le pont basculant

Avec  les canaux, toutes sortes de ponts, basculants, tournants ...

sur un des canaux menant au port : le ciel est bleu et le soleil brille : il est grand temps de refaire notre bronzage espagnol mis à mal en Ecosse !

C'est donc le 3 Août que nous quittons Ostende pour de bon : le temps est redevenu gris et il a plu pendant la nuit : plus question de plage. Nous faisons un petit peu de route dans la campagne flamande : en fait, il y a peu de campagne car il y a partout des habitations : il ne faut pas oublier que c'est une des plus fortes densités de population au monde avec le Japon. Il y a bien des champs et des pâturages avec des troupeaux de vaches, mais ce sont eux qui semblent installés entre les agglomérations et non l'inverse ! Mais çà n'empêche pas le pays d'être vert avec les nombreux jardins tant privés que publics.