Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







mardi 7 février 2012

La Terre de Feu et Ushuaia



Du 29 Janvier au 5 Février 2012



Il est donc 9 h 30 le 29 Janvier quand nous partons en direction de la frontière : il faut en effet traverser un "morceau" de Chili avant de retrouver la partie argentine de la "Tierra del Fuego" ; nous faisons tous les papiers et reprenons notre chemin jusqu'au bac qui nous fait traverser au ras de l'eau le détroit de Magellan : en 20 mn nous voilà en Terre de Feu !

Départ pour la traversée du détroit


Pégase a l'habitude des mers maintenant !




Et c'est peu après que commence la piste pour plus de 110 kilomètres on peut dire que Pégase n'a pas aimé, ni ses passagers bien secoués : il nous a fallu 4 heures pour enfin parvenir à l'autre poste frontière.

la piste s'étire ...
Nos amis les guanacos sont également présents

où l'on refait les papiers pour re-rentrer en territoire argentin ! Mais on retrouve la ruta 3 qui nous amène tout en douceur jusqu'à Rio Grande où nous échouons vers 20 h 00, crevés.
 


Depuis la veille, le temps se rafraîchit de plus en plus : plus question de short et de sandalettes et les pulls et coupe-vent oubliés depuis notre départ du Havre sont de retour sans oublier la couette pour la nuit car il ne fait pas plus de 10° dans Pégase au réveil.

Au matin, impossible d'ouvrir la porte de la cellule : les soubresauts de la veille ont grippés la serrure : réparation de fortune et départ pour la dernière étape.

Depuis que nous sommes en Terre de Feu, le paysage change : nous abandonnons la steppe aride et plate de Patagonie pour des pâturages herbeux et plus de reliefs ; nous retrouvons des vaches que nous n'avions plus vu depuis notre départ de la pampa aux environs de Bahia Blanca. Lorsque nous quittons Rio Grande, port et ville industrielle, nous rentrons progressivement à l'intérieur de la Terre de Feu : il y a un peu moins de vent et les paysages nous font parfois penser à l'Ecosse !

belle prairie bien grasse

Nous entrons dans une zone montagneuse, couverte de forêts avec des ruisseaux courants dans les vallées ; il y a toujours des guanacos ainsi que des troupeaux de moutons et l'on voit également souvent des chevaux.

Petite halte à Tolhuin

Nous faisons à midi une halte à Tolhuin, petite bourgade au coeœur de la Terre de Feu et proche du grand lago Fagnano et repartons pour les derniers 100 km qui doivent nous mener à Ushuaia ; il fait maintenant bien froid et les nuages s'amoncèlent ! Nous avons droit à la pluie tandis que nous franchissons la chaine de montagne qui longe toute la partie inférieure de la Terre de Feu (certains sommets sont à 1.400 m tout de même et sous ces latitudes, ce n'est pas rien !). La route n'est pas toujours en bon état comme lorsque nous longeons le lago Escondido mais nous sommes habitués maintenant !


Traversée de la montagne

Et enfin, c'est la descente sur Ushuaia … C'est comme un rêve d'être parvenu jusque là avec notre fidèle Pégase !!! Pas question d'oublier la photo à l'entrée de la ville qui immortalise cette première partie de notre équipée !

Nous y voila !

Il pleut, il fait 4° mais nous sommes enfin "al fin del mundo" face au canal de Beagle. Comme il est déjà 16 h 00 nous nous stationnons sur un parking payant de la station YPF mais bien placé sur le port et nous partons faire un tour en ville : tout d'abord acheter les cartes postales que nous nous sommes promis d'envoyer pour cette escale toute particulière.


Promenade dans la ville

Ushuaia a tout d'abord été un pénitencier - de 1884 à 1947 - dont les bâtiments rénovés sont maintenant un Musée, avant d'accueillir des colons, des chercheurs d'or, etc … puis une base navale et un port important. Lovée entre le canal de Beagle et la haute chaîne de montagne qui occupe toute la partie sud de la Terre de Feu, la ville s'étire de façon assez anarchique sur la moindre parcelle disponible le long de la côte.

Le canal de Beagle

Rues escarpées, maisons colorées à l'architecture en tout genre : tôle ondulée, chalets en bois … Ushuaia est très animée et serait plaisante … sans ce vent froid qui la balaie quasiment en permanence, cette pluie ni très violente ni très abondante mais comme un crachin intermittent … et des températures estivales maximales de 14° : dur, dur ! mais nous sommes tout de même à plus de 54° de latitude sud !!!

La montagne est toute proche

Le lendemain 31 Janvier, pas de soleil et de gros nuages s'amoncèlent : nous renonçons à faire une promenade sur la canal de Beagle et partons nous installer au camping à proximité de la ville ; c'est une bonne idée car il fait mauvais toute la journée et nous avons même droit à la neige ; peu à peu, les sommets environnants deviennent blancs et nous sommes bien contents d'être au chaud !


1er Février : le temps est toujours maussade, mais nous partons explorer la ville et réserver pour le lendemain - qui devrait être la plus belle journée de la semaine - la promenade au canal de Beagle.

Nous avons ainsi l'occasion d'apprendre quelques éléments concernant les premiers habitants de la Terre de Feu, en particulier les Indiens Yamanas ; décimés en particulier par les épidémies amenées par les Européens, leurs territoires de chasse rognés par les éleveurs, ils ont aujourd'hui totalement disparus. Ils avaient réussis à survivre à des conditions climatiques très rigoureuses dans des conditions extrêmement primitives : ils vivaient nus, le corps enduit de graisse animale, dans des cahuttes de branchages, se déplaçant dans des canots faits de troncs d'arbres évidés. Vivant en petits groupes familiaux très autonomes, ils allumaient de grands feux pour se chauffer et se nourrir : c'est la raison pour laquelle Magellan aurait donner le nom de Tierra del Fuego à cette île qu'il venait de contourner. Il y a donc très peu de "restes" de leur civilisation, hormis leur langage, recueilli par un missionnaire Thomas Bridges à la fin du XIXème siècle. Leur capacité à résister aux grands froids s'expliquerait par une température corporelle supérieure à la nôtre.

Petit musée détaillant la vie des indiens
 …
Après ce petit tour dans l'histoire et une bonne balade « tonifiante » le long des quais, nous retournons au camping … où nous retrouvons Nicole et Michel qui viennent d'arriver : eux aussi ont repris les vêtements d'hiver !

Enfin, le 2/02, le soleil est présent dès le matin ! Nous nous préparons tranquillement et faisons connaissance avec un jeune français Tanguy - toulousain qui plus est - qui fait un tour d'Amérique du sud, seul, à vélo !!!
Un sacré challenge ! Puis nous descendons à nouveau en ville et faisons notre virée sur le canal de Beagle : une vue magnifique sur les monts Martial de la Terre de Feu et sur ceux qui couronnent l'isla Navarino - possession chilienne - de l'autre côté du canal, de petits îlots appartenant aux oiseaux, aux pingouins et aux lions de mer … magique !

Le phare des Eclaireurs à l'entrée du Canal de Beagle

Pour couronner cette journée et ce bref séjour à Ushuaia, nous faisons un tour d'hélicoptère au milieu des montagnes : inoubliable !!!

L'ancien pénitencier rénové


le lac Esmeralda

Ushuaia, le canal de Beagle et l'Isla Navarino au fond ...

Nous avons eu de la chance car la nuit, c'est pluie et rafales de vent ; au matin, nous disons au revoir - à nouveau - à Nicole et Michel et reprenons la route vers Rio Grande. Dès les montagnes passées, le temps s'améliore, la température grimpe et après Tolhuin (à 100 km environ d'Ushuaia), c'est soleil et ciel bleu même si le vent est toujours là. En chemin, nous croisons Hilde et Wolfgang qui descendent : nous papotons quelques minutes avant de poursuivre chacun notre chemin. Espérons que nous aurons l'occasion de nous revoir plus longuement !

Nous revoilà à Rio Grande : nous préférons y faire étape et garder la piste de 110 km pour le lendemain mais pendant la nuit, le vent augmente et au matin il est vraiment violent : nous partons … à 40 km/h tellement nous sommes secoués et un problème au lanterneau de la salle d'eau nous fait rebrousser chemin ; après un arrimage sommaire, nous retentons un départ qui nous amène jusqu'à la frontière chilienne que nous passons … et nous nous arrêtons là pour la nuit à l'hosteria de la frontera, perdue au milieu de nulle part et toujours secoués par des rafales d'au moins 100 km/h … dur, dur la vie de routards !!!





Le lendemain nous attaquons les 110 km de piste pour rejoindre le bac qui nous fera traverser le détroit de Magellan. Il fait énormément de vent et Pégase souffre sur la piste ; surtout sur les parties en "tôle ondulée" qui secouent méchamment la mécanique. Enfin, nous arrivons au débarcadère vers 12 h 30 ; un petit casse-croûte et nous embarquons : la mer est très formée et déverse des paquets d'eau salée sur les véhicules ; en plus de la poussière et de la boue, voilà Pégase baptisé à l'eau de mer !!!


Nous allons maintenant rester quelques temps au Chili avant de rejoindre l'Argentine ; espérons que le temps sera avec nous …