Bonjour à toutes et à tous






" le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain"
Roland Dorgelès







vendredi 9 mars 2012

De Comodoro Rivadavia à la frontière chilienne


du 16 au 22 Février 2012



Nous retraversons à nouveau l'Argentine (ah … les pistes ! que de détours pour les éviter!) et par Sarmiento et Gobernador Costa, nous allons retrouver la "ruta 40" dans sa partie goudronnée pour nous rapprocher des Andes avec une première escale à Esquel.

Nous quittons Comodoro vers 9 h 00, sans avoir pu faire le plein de diesel : les pompes sont vides dans la ville ! Nous partons donc sur Sarmiento un peu inquiets de cette situation ; on nous a parlé de problèmes d'approvisionnement.… Nous abandonnons cette fois définitivement la "ruta 3" et traversons tout un plateau … couvert de "shadocks" qui pompent le pétrole !



Champ de pétrole entre Comodoro et Sarmiento

Finalement, nous trouvons, au milieu de nulle part, une station-service qui a encore du diesel : nous faisons le plein et reprenons notre route un peu ragaillardis.

Paysage près de Sarmiento


La "ruta 40"

Une estancia au milieu de la steppe

Mais le temps se couvre ; arrivés de bonne heure à Sarmiento, nous décidons de continuer notre route et nous arrivons à Gobernador Costa en fin d'après-midi après avoir roulé dans une région toujours aussi désertique. Mais vers le soir la pluie nous rattrape et dure toute la nuit ; au matin il fait bien gris et c'est sous des averses intermittentes que nous roulons jusqu'à Trevelin :  encore une petite ville fondée au siècle dernier par des colons gallois … et c'est sous une pluie galloise que nous y arrivons !

Après quelques tergiversations, nous préférons revenir sur Esquel, ville plus importante, pour trouver du diesel et faire le plein. Le lendemain, il y a quelques éclaircies et nous en profitons pour y faire un tour : nous avons maintenant abordé les Andes, ce ne sont pas encore de hauts massifs mais le paysage a bien changé : finie la steppe sèche et plate.… Esquel n'est qu'à 570 mètres d'altitude mais elle est environnée de massifs boisés qui lui donne un cadre plutôt sympathique.

Esquel

Le ciel est un peu plus dégagé, mais il ne fait pas bien chaud ! Nous continuons notre remontée jusqu'à El Bolson. Située au fond d'une vallée aux massifs alentours assez élevés, nous trouvons à la ville beaucoup de charme.

Encore des paysages assez désertiques


En approchant d'El Bolson

Comme nous arrivons avec la pluie, ce n'est que le lendemain que nous partons nous y promener ; un petit marché artisanal vaguement hippie - il s'en serait installé beaucoup ici dans les années 1970 - où l'on trouve des bières locales et toutes sortes de confitures avec les fruits de la vallée nous retient un bon moment,






Une rue d'El Bolson


Une ville vraiment sympa

avant d'aller faire un petit tour dans la nature.



Vue d'El Bolson depuis Cerro Amigo





Vue de la vallée

Nous pensions rester un peu plus, mais tout compte fait, nous décidons de continuer notre chemin vers San Carlos de Bariloche. Il fait plutôt doux et les paysages de montagne sont beaux et variés ;

En roulant vers Bariloche

Le lac Nahuel Huapi avant Bariloche 

par contre, l'arrivée sur Bariloche est assez … décevante si l'on peut dire car les quartiers périphériques sont très pauvres et font penser à des favelas.… Arrivé le long du lac, effectivement, c'est beaucoup plus …"esthétique" : beau cadre, belles maisons et beaux hôtels. Mais il est très difficile de se garer d'autant que c'est jour férié ; nous partons vers le camping situé en dehors de la ville vers la bourgade de Llao Llao : le coin est très beau puisqu'on longe le lac encadré de montagne ; nous retrouvons …Nicole et Michel déjà là depuis quelques jours ! Par contre, la nuit est très froide et nous aimerions remonter un peu plus pour trouver des températures plus clémentes et s'arrêter un peu.… Le lendemain nous leur disons une nouvelle fois au revoir et repartons sur Bariloche.


Bord du lac près du camping


Des oiseaux ... dont nous ne connaissons pas le nom

C'est une ville assez importante (plus de 100.000 habitants tout de même) construite en bordure du grand lac Nahuel Huapi et environnée de hauts sommets (plus de 2000 mètres pour certains) et où beaucoup d'argentins viennent aux sports d'hiver mais elle nous a un peu déçu, peut-être parce qu'on en avait trop entendu parler ...

Bariloche dans son écrin de montagne

Comme la journée ne s'annonce pas très belle, nous poursuivons notre chemin sur Villa la Angostura près de la frontière chilienne. Nous renonçons à faire la ruta de los siete lagos : d'une part la météo n'est pas très bonne et d'autre part Nicole et Michel l'ont fait en 4 x 4 et l'on trouvé en très mauvais état pour la partie piste : inutile donc de s'y risquer !
Comme nous voulons envoyer des cartes d'argentine et que c'est jour férié, nous décidons de rester jusqu'au lendemain d'autant plus que le temps se gâte. Nous avons malgré tout le temps de faire un petit tour dans la ville. Il s'agit d'une petite bourgade très touristique mais qui malheureusement souffre actuellement de sa proximité avec le volcan Puyehue situé au Chili et qui est entré en éruption en Juin dernier.


A Villa La Angostura

Même si l'éruption s'est ralentie, il continue a envoyer des nuages de cendre en particulier du côté argentin ! C'est un spectacle vraiment difficile à imaginer et économiquement catastrophique pour toute la ville. La pluie qui se met à tomber laisse de grandes coulées blanchâtres, le mélange eau/cendres est très glissant sur la route bien abîmée, il faut faire extrêmement attention. Après donc la poussière de Patagonie, l'eau de mer du détroit de Magellan, la boue récoltée ces derniers jours dans la montagne, ce sont maintenant les cendres qui maculent Pégase !!!

Pluie de cendres sur les voitures


sur les toits et les sommets environnants

Enfin, au matin du 22 le soleil se décide à percer. Dès le courrier posté nous prenons la route menant à la frontière ; c'est assez impressionnant de parcourir ces forêts mortes, sûrement asphyxiées par les cendres ;


En route vers le col


Cendres et nuages de cendre

on ne ressent pas de gêne respiratoire en traversant ces zones sinistrées mais cela fait peine à voir, bien que là, seule la nature soit en cause.



la forêt est asphyxiée

et morte dans de larges secteurs

Enfin, nous arrivons au poste frontière argentin, puis c'est le sommet du col


Le col est lui aussi sous la cendre


mais quelques arbres résistent

et 40 km plus loin, c'est le poste frontière chilien à 7 km à vol d'oiseau du volcan que malheureusement nous ne verrons pas car des nuages cachent en permanence les hauteurs. Et nous voilà au Chili pour la seconde fois et pour quelques temps maintenant.

Par la même occasion, nous clôturons là notre séjour en Patagonie ; nous y serons restés un bon mois et y aurons parcouru beaucoup de kilomètres. Nous y aurons vu également beaucoup de belles choses et surtout très différentes de nos paysages familiers, en particulier les steppes à perte de vue où le vent omniprésent vous enveloppe de poussière,… cette sensation d'être loin de tout et au milieu de nulle part tant les étapes entre deux villes peuvent être longues parfois, avec seulement des guanacos et des nandous qui viennent animer le paysage … et la route qui se déroule toute droite jusqu'à l'horizon.
 …
Et nous y étions au cœoeur de l'été : la vie doit y être bien rude en hiver. On a une pensée pour tous ces immigrants, partis sans le sou pour chercher une vie meilleure et qui se sont installés dans ces contrées arides : on ne peut guère parler d'un El Dorado même aujourd'hui !

Nous n'avons jamais jusqu'à présent évoqué la situation économique dont nous sommes loin de posséder tous les éléments mais déjà l'inflation qui semble s'aggraver d'année en année n'est certainement pas faite pour améliorer la situation des gens et beaucoup de villes où nous sommes passés sont entourées de quartiers plus que défavorisés. Nous verrons lorsque nous irons plus au nord du pays si nous aurons toujours cette impression.

Mais nous garderons un très bon souvenir de cette première grande étape en Amérique du Sud avec ses sites que nous rêvions de voir : la Péninsule Valdès et ses animaux, Ushuaia et La Terre de Feu, le Périto Moreno, sans oublier la patagonie chilienne même si le temps n'était pas avec nous … et enfin l'accueil des Argentins, agréables, souriants et d'un abord facile malgré notre espagnol qui laisse encore beaucoup à désirer ... mais nous faisons de réels progrès !