Cette fois-ci, nous préférons partir à l'aube pour éviter le trafic routier : en réalité, nous rencontrons peu de circulation et la route, refaite récemment, est en bon état. Pégase est en pleine forme et grimpe sans problème jusqu'à 4.500 mètres d'altitude - c'est notre record à tous les trois pour l'instant ! - En ce qui nous concerne, nous ne souffrons pas du «soroche» ou mal des montagnes bien que l'on se sente vite essoufflés !
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les montagnes au-dessus de Cochabamba |
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on se sent impressionné ! |
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et le panneau n'est pas rassurant ! |
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arrivée dans un village |
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notre maximum en compagnie de Pégase ... pour l'instant ! |
Les paysages sont magnifiques, mais âpres et rudes : les montagnes nous environnent, nues où couvertes d'une herbe courte ou de petits buissons : nous dépassons de petits villages aux maisons de terre couvertes de chaume où de tôle avec des enclos de pierre pour les bêtes ; quelques paysans travaillent de petits champs avec l'araire tirée par des bufs ; mais les costumes des femmes sont plein de couleurs dans cet environnement minéral : le chapeau melon ou de paille, la jupe plissée aux tons pastel et surtout l'aguayo qui leur sert pour transporter leurs bébés ou la marchandise à amener au marché. On se sent vraiment transportés dans un autre monde.
Nous atteignons enfin l'altiplano près de Caracollo où nous rejoignons la route La Paz - Oruro - Potosi. Nous y faisons un arrêt pour déguster une chuleta : steak grillé accompagné de riz, de frites et de salade, le tout pour trois fois rien ! Nous renonçons à y rester car c'est un arrêt permanent pour les bus ... avec les inconvénients qui vont avec !!! Nous poursuivons en direction d'Oruro : maintenant nous sommes sur le très plat : l'altiplano s'étire à perte de vue, encadré de part et d'autre par les hauts sommets des cordillères.
Tantôt désertique, recouvert avec une sorte de lichen, tantôt herbu quand un ruisseau y serpente, nous y croisons de nombreux troupeaux de lamas (on les reconnait à leur silhouette massive due à leur épais manteau de laine du blanc au noir) et d'alpagas (plus petits), là aussi quelques villages que l'on aperçoit parfois au dernier moment tant les maisons basses se confondent avec le paysage.
Nous arrivons à Oruro, ville de 300.000 habitants, qui s'étale au milieu de nulle part : nous la contournons par une sorte de rocade poussiéreuse qui nous fait traverser des quartiers plus que déshérités où un vent, qui semble permanent, fait voler les sacs plastiques en tout sens : on n'a guère envie de s'y attarder !
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Oruro, ville minière de l'altiplano |
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Village avec les enclos pour les bêtes |
Nous nous arrêtons pour la nuit à quelques kilomètres de là, sur la place du village de Machacamarca à plus de 3.700 mètres d'altitude. Vers 18 h 00, de nouveaux mariés viennent danser au kiosque à musique avec un petit orchestre (plus mexicain que bolivien !) mais il fait vite froid le soir à cette altitude et il n'y a bientôt plus personne dans les rues.
Le lendemain, nous repartons vers le sud : le temps est beau et il y a très peu de circulation, hormis des minibus qui transportent les gens d'un village ou d'une ville à une autre : très peu de voitures particulières sur les routes.
Jusqu'à Challapata, nous restons sur l'altiplano puis nous retrouvons les montagnes pour rejoindre Potosi : montées et descentes se succèdent dans un décor toujours aussi impressionnant ; il faut faire attention aux lamas qui se promènent nonchalamment sur la route et nous regardent arriver sans broncher : un bon coup de klaxon finit par les faire bouger !
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en arrivant vers Potosi, les gorges du rio Pilcomayo |
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en attendant la fin de la course de motos ... |
Puis, à quelques kilomètres de Potosi, barrage dans un petit village : nous interrogeons d'autres automobilistes : il y a une course de motos qui passe sur la route et il faut attendre la fin de l'épreuve ! Nous restons ainsi plus d'une heure sans que personne ne dise rien, puis enfin, on peut repartir ! Nous nous arrêtons à Tarapaya à une vingtaine de kilomètres de Potosi où la gérante des Balnearios nous fait rentrer pour la nuit. Le site est très beau : de part et d'autre, des montagnes plissées, aux couleurs qui vont d'un ocre rouge éclatant au vert tendre, nous entourent ; nous passons une très bonne nuit au calme ; on se croirait en pleine nature.
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montagne à l'arrivée sur Potosi |
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la puerta |
Le lendemain, nous repartons avec Pégase pour Potosi ; après avoir franchi la Puerta, une sorte de faille dans la montagne, nous arrivons à la ville qui ne fait que grimper, bourrée de minibus et de taxis, nous abandonnons l'ascension, vraiment trop pénible (arrêts continuels en pleine côte) avec cette circulation ; dès la première station service on refuse de nous servir : bref, Potosi pour nous, çà commence bien, malgré la gentillesse d'un jeune homme qui tente de nous venir en aide. Nous regardons passer une manifestation, en majorité de femmes et pas vraiment jeunes pour la plupart, qui semblent militer en faveur de la réélection de Evo Morales «Evo de nuevo»
Finalement, nous repartons pour Tarapaya : nous y laisserons Pégase et irons à la ville en minibus ... comme font tous les Boliviens ! Et effectivement, cette solution est bien la meilleure : le minibus nous amène en bas de la ville puis nous prenons un taxi pour monter jusqu'à la place centrale : je pense que nous aurions mis du temps à pied, avec cette altitude qui coupe le souffle ! Nous voilà à plus de 4.000 mètres, face au Cerro Rico, la fameuse montagne d'argent.
Potosi, la ville de plus de 100.000 habitants la plus haute du monde, où fut extrait de la montagne l'équivalent de 50 milliards de dollars entre les XVIème et XIXème siècle par la puissance coloniale espagnole ... qui dilapida ce pactole qui fut pourtant en grande partie à l'origine de la croissance nord européenne et autant de perdu pour la Bolivie.
Mais ce fut aussi le lieu d'une exploitation impitoyable des indiens aymaras et quechuas envoyés au travail forcé «la mita» dans les mines où ils mourraient d'épuisement où d'empoisonnement par le mercure servant au traitement de l'argent. Seule la coca - que leurs vendaient les Espagnols qui en contrôlaient le commerce - leurs permettaient de tenir dans ces conditions épouvantables.
Aujourd'hui encore, même si la plupart des filons (argent, étain, zinc) sont maintenant épuisés, des mineurs continuent à descendre dans la mine et ce, dans des conditions dignes du siècle dernier pour essayer d'en extraire encore quelques maigres ressources : de 10.000 galeries environ au plus fort de son exploitation, il reste à peu près 200 mines en activité qui emploient environ 6000 mineurs, le plus souvent regroupés en coopérative.
C'est donc une ville riche d'histoire, de sueur et de misère que nous venons visiter : le taxi nous dépose sur la place centrale, perchée sur une colline face au Cerro Rico. Beaucoup de circulation, de marchandes de rues et toujours cette sensation d'avoir le souffle court : pas question de se presser ! Nous allons faire un tour dans la cathédrale qui occupe un des côtés de la place ; en fait, elle ne date que du XIXème siècle et est actuellement en cours de rénovation. C'est avec deux jeunes françaises que nous suivons notre guide (prêtre) qui nous fait réviser le cathéchisme ! Le moment le plus intéressant est la vue sur la ville depuis le clocher ... mais la montée fut épuisante !
Nous allons ensuite visiter la Casa de la Moneda, le plus grand édifice colonial civil édifié par les Espagnols et où ils frappaient monnaie pour leur empire américain. Nous avons droit à une guide parlant parfaitement notre langue et qui dirige notre petit groupe de 6 Français, ce qui rend la visite du monument particulièrement intéressante. Construite sur un étage, autour de plusieurs cours, la Casa regroupe maintenant le plus grand Musée de la ville ; outre les différentes salles où l'on fondait l'argent, puis où l'on coulait les lingots avant de créer les pièces, une belle collection numismatique permet de voir l'évolution des monnaies créées à Potosi aux cours des siècles.
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la place centrale |
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la façade de la Casa de la Moneda |
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dans la première cour |
Nous descendons ensuite pour retrouver notre bus et traversons le Marché Municipal où sont regroupées une quantité de petites échoppes : on y trouve aussi bien la viande, pendant à l'étal, que les téléphones portables en passant par des sapins de Noël, de la coca et toutes sortes de graines. Les boliviennes en costume traditionnel y sont légion avec leurs ballots bariolés, leur fameux chapeau vissé sur la tête et leurs magnifiques cheveux tressés en deux nattes qui leurs descendent jusqu'aux reins.
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au hasard des rues ... |
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dans le marché couvert |
Nous reprenons notre minibus : il ne démarre que s'il est plein, c'est-à-dire si nous sommes environ une vingtaine dedans ! Les bagages sont balancés par le chauffeur sur le toit et nous voilà partis dans un nuage bien noir ! Le bon air de Bolivie ne se respire certes pas dans les villes, on en suffoquerait presque tant les gaz d'échappement sont épais ! Il n'y a pas d'arrêt spécifique, il suffit de demander au chauffeur et finalement, nous arrivons sain et sauf à Tarapaya !
Ayant pu obtenir du diesel par l'entremise d'un bolivien, nous décidons de partir pour Uyuni le lendemain : nous avons du beau temps jusqu'ici et nous voudrions en profiter pour aller au Salar avant que la saison des pluies ne s'installe.
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